En orra peult-eftre le bruit; C'est pour dancer ung tourdion, Et faire une aubade de nuyt. Ha! qui tiendroit le Droit efcript, Et le droit naturel toujours, Chafcun craindroit grant & petit, Jamais on ne feroit telz tours. Il fauldra que l'ung de fes jours, Pour corriger telz inventeurs, Venus la Déelle d'amours, Y envoye fes reformateurs;
Combien que tous ces grans Do&teurs, Ces grans Clercs à fes rouges hucques, Sont fort embefongnez ailleurs, Touchant le fait de fes perruques. Car aujourd'huy de deux freluques. De cheveulx d'ung petit monceau, Il femble qu'il y en ayt jufques Au collet & plain un boiffeau; J'ay veu defpefcher au Seau, L'aultre jour des lettres patentes, Pour couper au rez de la peau, Telles qui ne font fuffifantes. Venons aux matieres prefentes, Du droit naturel commencées : Femmes qui font belles & gentes. Doivent-elles eftre laiffées ? Neuny, non; mais eftre priées. Avoir leur plaifir & esbat, Souvent à fouhait maniées, Sans eftre delaiffée tout à plat. Et penfez que main lourt debat Se feroit pour fournir l'hoftel, Se toutes bourgoises d'eftat Scavoyent bien ce Droit naturel. Or je mez ung cas qui est tel,
Ung mary en vacation Voyant que le temps étoit bel S'en alla en commiffion, Veoir fa belle ante, fe dit-on: Il demourra bien es villaiges, Cinq ou fix moys: afsavoir mon, S'il eft tenu des arreraiges
Quant il revient ? dient aucuns faiges, Que le mary, comme j'entens, En eft tenu par tous ufaiges; Veu qu'ilz font efcheuz de fon temps. Et fe d'aventure je fens,
Que la femme d'aultre cofté, En prengne, cela n'y fait riens: Arreraiges font perfonnelz, Et les doivent tous mariez De rigeur, comme droit de vente. Pofé qu'ilz foyent tousjours payez, Les Seigneurs recourent leur rente, Autrement donc quant bife vente, Chafcun delairroit sa maison, Et s'en yroit veoir fa belle ante: Il n'y auroit point de raison. Je forme une aultre question De droit naturel qui ne fault, Que permife eft deffenfion A ung chafcun, quant on l'affault. Ce prefuppofé, ung lourdault A belle femme jeune & tendre, Il frappe, il bat, & ne luy chault Comme fa femme luy veult rendre, La queftion eft pour entendre, S'il loift à cette femme cy, De le frapper, & fe deffendre A l'encontre de fon mary. De prime face femble, que oùy,
Car deffenfion cft permife
Selon Droit naturel; ainfi Elle ne fait que felon la guife: Mais au contraire je m'avife, Se quelque voifin c'ett approché De ce debat là fans faintife, Chafcun en fera enbouché. Et fe cette femme a touché il chevauchera
Son mary, L'afne tout au long du marché: Ainfi chafcun s'en mocquera. Et au regard d'elle on dira, S'on la voit ainsi esmoucher, Frapper & ruer ces coups-là, Que ce n'est qu'ung droit Franc-Archier. Le vieil Droit a voulu toucher Et decider aucunement, Que femme devoit endurer De fon mary tout doulcement.
Le Droit nouveau dit autremen, Pour ung mot que le mary dit, Femme peut tout incontinent Luy en refpondre fept ou huit. Et s'il advient qu'il y ait bruit, Pour ung feul coup le droit enhorte, Que femme en rende par de pit Cinq ou fix d'une mefme forte; Et s'elle n'eft pas la plus forte, Aucuns dient pour tout effoine, Qu'elle doit affaillir la porte De l'hoftel de quelque Chanoine, De quelque Abbé, Prieur, ou Moyne, Celuy fera feure retraite,
Pour faire lcans fa neufvaine, Tant que la paix fera refaicte.
Le povre Jennin Tulurette.
En prendra fi tres grand foucy, Pour la ravoir toute fi faicte, Que enfin luy requerra mercy. Ce cas fe praticque aujourd'huy, Je ne dis pas qu'on face bien; Mais vela jay folu ainsi Ma queftion par ce moyen. A une aultre doubte je vien Une Bourgeoife, une commerc, Avec ung amoureux tout fien, Mignon, & de doulce maniere, Avoit aussi une chambriere Belle, qui favoit le fecret: Ung jour ce mignon par derriere, Venoit voir la Dame en effect. Et n'y fut pas, dont luy defplaist; La chambriere qui fut belle, Fine, franche, ferme & dehait. Pour faire faillir eftincelle D'ung caillou, par bonne cautelle, Mis au fain& par devotion
Elle print ce bien pour elle Et eut cefte provifion, Aflavoir fe pugnition, Doit fouffrir comme larroneffe Et quelle reftitution,
Elle doit faire à fa maitreffe. J'ay ouy à mainte clergeffe Tenir, que eftre fourvoyé, Ce n'eft pas fort grande fageffe. Pourquoy, on n'en eft pas noyé, Pendu, puny, ne corrigé : Ainçoys felon le commun fon, Se recréer n'eft pas peché Chafcun en prife la façon. Mais vecy une aultre raison
Ce cas icy eft domestique, Remply de grande trahison: Et femble chofe bien inicque, Veu que la Dame fa praticque Luy difoit auffi privement. Pour ce avons nous ung Autenticque Qui en diffinit fainement;
Et dit que pour le hardement, Qu'elle cut, pour fa defloyaulté, Y chet bien ung baniffement, Sur la chamberiere en verité. Cela me femble d'équité, Qu'elle foit banye de l'hoftel: S'elle l'euft ailleurs emprunté, Ce n'eft que ouvrage naturel. Mais de la prendre fur ung tel, Au prejudice de la dame Le fait eft énorme & cruel, Dont chafcun le repute infame. Et luy doit coufter plus la dragme Ainfi defloyaument tolluë,
Que livre & demye fans tel blasme Prinfe ailleurs choifye & efleuë.
A une aultre doubte je tends J'ay felon droit mainte loy luë, Où l'en treuve, comme j'entens, Que le nourriffement d'enfans Fut de Droit naturel trouvé ; Le cas eft, femme de quinze ans, Accouche d'ung filz nouveau né, Son mary eft fi fort donné A chicheté & avarice,
Qu'il eft du tout deliberé,
Ne luy querir point de nourriffe, Mais veult qu'elle l'enfant nourriffe, Affin d'efpargner le falaire :
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