2 O toi, qui dans mon fein mis toutes ses fureurs, Au fein des voluptés femble s'anéantir, Cette douce langueur qui fuit toujours l'ivreffe, Abandonnée, en proie aux plus vives alarmes, 2 2 Et lui, lui-même un jour, partageant mon destin, Souhaiterait cent fois d'être mort dans mon fein. « Quel don, me dirait-il, pleurant fon infamie, » Quel don m'avez-vous fait en me donnant la vie? » Mon cœur eft innocent; j'ai des Rois pour aïeux, » Et le plus vil mortel me fait baiffer les yeux. כל Reprenez, reprenez ce préfent déteftable; Il eft dur de rougir quand on n'eft point coupable». Quel reproche! ô mon fils !.... Eh bien! meurs dans mon flanc ..... Barbare! vois mon bras armé d'un fer fanglant, peut s'arrêter au feul nom de mon fils. La nature... Qu'entens-je ? ah, Dieux !... ce font fes cris! Que vas-tu faire? arrête !.... O mère impitoyable, » Entends gémir ton fils.... Il meurt... est-il coupable »? Et moi, le fuis-je, ingrat? Oui, d'avoir pu t'aimer, Mais non de fuir un monde où tout doit m'alarmer ; Où le fceptre à la main, fur le trône élevée, A la honte, au mépris je me vois réservée. Je n'ai déjà que trop fouffert ma destinée. Cher Enée, ah! plutôt permets moi de te fuivre. Viens me voir, viens, cruel!.... mon teint n'a plus de charmes : En proie au défespoir, les yeux noyés de larmes, Je tiens, en t'écrivant, ma plume d'une main, Vous av LETTRE A M. IM BERT. ous avez raison, Monfieur : pour être aujourd'hui distingué de la foule des Ecrivains, Poëte & Profateur infatigable, il faut s'exercer dans tous les genres de Littérature, entaffer volumes fur volumes, & ne pas laiffer au Public, fi j'ofe m'exprimer ainfi, le temps de refpirer : la célébrité eft la récompenfe de l'Auteur le plus fécond, & non de l'Auteur le plus excellent. Auffi feroit-il impoffible de citer un fiecle qui ait produit autant d'Ouvrages favans & littéraires, que le nôtre en a vu paroître. Le dernier des Rimeurs modernes peut fe vanter d'avoir plus écrit que le premier Génie du fiecle paffé, & faire graver en lettres d'or au bas de fon portrait: Je fuis un Auteur univerfel. Mais cette célébrité que l'homme de Lettres acquiert par la multitude & la variété de fes productions, la conferve-t-il dans la poftérité? Non, fans doute ; & l'on connoît les difgraces tragiques de nos Beaux-Efprits fi vantés. Leur réputation furvit à peine à leur favante perfonne ; & pour ne parler que de Fontenelle & de la Motte, malgré tout leur mérite, combien font-ils déchus de leur |