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ESSAI ANALYTIQUE

SUR L'AIR PUR,

ET

LES DIFFÉRENTES ESPÈCES D'AIR.

DE LA RESPIRATION.

NUL animal ne peut vivre fans air. Il est

encore peut-être plus utile aux animaux qu'aux plantes. La refpiration eft abfolument néceffaire aux oiseaux, aux poissons, à l'amphibie, aux reptiles, aux infectes comme aux quadrupèdes, & dès qu'on leur ôte les moyens de respirer, ils périffent bientôt. Les poiffons ne peuvent vivre dans l'eau purgée d'air par l'ébullition on par la machine pneumatique.

Mais toute forte d'air ne fauroit fervir à cette fonction effentielle. Les animaux ne peuTome II.

A

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vent refpirer que l'air pur, qu'ils gâtent promptement, & ils ne vivent dans l'air atmosphérique qu'à raifon de la portion d'air pur qui y eft contenue.

L'infecte préfente cependant des phénomènes particuliers à cet égard. Un air qui feroit périr des quadrupèdes ne l'incommode pas. La plus grande partie des coleoptères vit dans les matières putrides, ainfi qu'un nombre d'autres infectes, tels que les vers des inteftins, &c. Des ellains d'abeilles renfermées dans une ruche, les fourmis amoncelées dans leurs fourni!lières, &c. ne fouffrent point; tandis que desquadrupèdes réunis dans un lieu dont l'air ne fe renouvelle pas, y périffent promptement.

C'est une qualité que l'infecte partage avec le végétal. Ils refpirent l'un & l'autre d'une manière bien différente des autres efpèces. Les grands animaux n'ont qu'un poumon, qui est le vifcère destiné par la nature pour cette fonction. Chez le végétal & l'infecte, la refpiration s'opère par des trachées, espèces de refforts à boudins, qui fe répandent dans tout le corps de l'infecte & du végétal, accompagnent tous leurs vaiffeaux, & finiffent par fe perdre en pores infenfibles à la furface de la inspirent par conféquent par leurs trachées qui font en un nombre plus ou moins confidé

peau.

Ils

rable, & ils expirent par la plus grande partie de la furface de leurs corps.

Cette ftructure des infectes annonce que l'air leur eft encore bien plus utile qu'aux grandes efpèces. Cependant ils ne paroiffent point le vicier comme celles-ci; peut-être même l'infecte rétablit-il auffi dans fa pureté l'air corrompu ainfi que le fait le végétal. Au moins M. l'abbé Fontana a-t-il déjà trouvé dans les eaux flagnantes quelques infectes qui expirent un air pur, & cette matière verte qui est trèsabondante dans les eaux & qui donne une fi grande quantité d'air pur, ainfi que l'a obfervé M. Priestley, eft une ruche d'infectes, fuivant quelques Phyficiens.

Les grands animaux different donc beaucoup de ceux-ci à cet égard. Ils paroiffent bien abforber & laiffer échapper quelques portions d'air par la peau. Mais c'eft fur-tout pour la respi→ ration que l'air leur eft d'une néceffité indifpenfable; & cette fonction fe fait chez eux entiè rement dans le poumon. D'ailleurs, ils gâtent promptement l'air. Les quadrupèdes, les poiffons, les oiseaux, périssent fi on ne renouvelle celui qu'ils font obligés de refpirer.

Un de ces animaux mis fous une cloche expofée fur l'eau, commence bientôt à être inquiet; il s'agite, refpire difficilement & enfin

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périt ; mais en même tems l'eau monte peu à dans la cloche; ce qui indique qu'il y a eu peu de l'air abforbé. Si au lieu d'eau, on a employé le mercure, celui-ci remonte également, mais à une moindre hauteur. L'eau de chaux introduite dans la cloche, est précipitée & absorbe encore une plus grande quantité de l'air qui y eft contenu. C'est qu'une partie de cet air est de l'air acide; l'autre eft de l'air impur; enfin une partie n'a pas été dénaturée.

Un autre animal placé dans cet air qui a fait périr celui-ci, peut encore y vivre quelques inftans, néanmoins il y meurt promptement.

M. le comte de Morozzo a fait voir que l'air pur préfente des phénomènes particuliers au fujet de la refpiration. Un animal étant péri dans une masse d'air pur, un autre animal peut encore y vivre une heure ou deux. J'ai déjà ̧ dit que je penfois que cet effet étoit dû à une portion d'acide volatilifé qui tue l'animal longtems avant que l'air foit gâté. Une bougie pourra donc y brûler également avec vivacité, parce qu'il exifte encore dans cette maffe d'air une grande quantité d'air pur, & que l'acide nitreux en petite quantité, ne nuit point à l'inflammation. C'est au moins ce que j'ai cru pouvoir conclure des expériences de M. de Morozzo. Car ordinairement un animal peut en

core vivre quelques inftans dans un air où une bougie s'éteint.

On a dit que l'air pur étoit tout changé en air acide par la refpiration, & que la portion qui refloit, étoit auffi pure qu'auparavant. Il me femble, au contraire, que non-feulement il y a de l'air acide de produit, mais encore de l'air impur.

J'ai refpiré plufieurs fois, le , par moyen d'un tube recourbé, de l'air pur renfermé dans une cloche qui en contenoit 60 pouces cubiques; je l'ai enfuite fait paffer au travers l'eau de chaux, qui a été précipitée, la portion qui n'a pas été abforbée par l'eau de chaux, étoit plus pure que l'air commun, mais moins que l'air pur car une mesure & trois d'air nitreux m'ont donné un réfidu de 1,02, 0,98; tandis que les mêmes quantités avoient donné auparavant 0,18. Cet air contenoit donc de l'air impur.

Je fens bien qu'on peut m'objecter que quoique j'eus vuidé ma poitrine de tout air atmofphérique, autant que j'eus pu, par une grande inspiration, il y en étoit toujours demeuré une partie. J'en conviens. Mais la même chose a dû avoir lieu dans les expériences qu'on apporte pour dire qu'il n'y a que de l'air acide produit. dans l'acte de la refpiration. D'ailleurs, la quantité d'air impur qui fe trouvoit dans l'air

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