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ment pas uniquement l'air putride végétal. Ils font mêlés avec une partie des principes de la plante qui fe décompofent. L'huile & l'acide font entièrement dénaturés par la putréfaction. Ce font eux qui donnent ces volumes immenfes d'air. Mais leur décompofition n'est néanmoins pas entière. Il s'en volatilise toujours quelques portions, qui ne font point ou peu altérées. Ce font elles qui influent fur ces airs.

Les végétaux donnent les mêmes airs à la diftillation, on en retire de l'air inflammable, de l'air acide, de l'air pur & de l'air impur. Mais l'air inflammable s'y trouve en beaucoup plus grande quantité, parce qu'il n'a pu être décomposé par l'air pur pour paffer à l'état d'air impur. Auffi celui-ci qui eft très-abondant dans la putréfaction, ne s'obtient-il qu'en peite quantité de la diftillation..

Dans la fermentation vineuse, on n'obtient point d'air inflammable. C'est qu'à mesure qu'il fe dégage, la plus grande partie fe combine pour former la fubftance spiritueuse ou l'espritde-vin, & l'autre portion eft dénaturée & paffe à l'état d'air impur.

Les plantes, dites animales, qui fournissent de l'alkali volatil à la distillation, telles que les crucifères, les cepacées, &c. donnent encore

un air particulier en fe pouriffant. C'eft un air très-fétide, & qui a l'odeur hépatique. Il est très-fenfible dans les choux pourris, par exemple. Toutes ces plantes contiennent du foufre, comme l'a démontré M. Deyeux dans le raifort & la patience. Elles donnent auffi de l'alkali volatil, qui, dans cette opération, se change en air alkalin ou ammoniacal. Cet air fe combine avec le foufre, & formme un air fulfureux ammoniacal inflammable très-fétide très-volatil & très-pénétrant, à peu près comme l'eft la liqueur fumante de Boile, ou l'air ammoniacal inflammable fulfureux.

Lorfque tous ces airs fe font dégagés des végétaux putréfiés, il ne reflè plus qu'une matière terreuse presque entièrement infipide. Cette terre est de la nature des terres calcaires contenant une portion de magnésie, & se trouve le plus fouvent colorée en un rouge d'ocre par les parties ferrugineufes qui font dans la plante. Si la putréfaction s'eft opérée dans l'eau, ou en grande maffe, l'air inflammable feul, ou réuni à l'air hépatique lorsqu'il y en a, révivifiera une partie de ce fer & le fera paffer à l'état d'éthiops noirâtre, & attirable à l'aimant. C'eft pourquoi tous les bois, toutes les plantes qui fe pourriffent en grande eau, ou amoncelées, donnent un réfidu noirâtre :

tandis que fi la putréfaction fe fait avec le contact de l'air, le fer paffe à l'état d'ocre, devient rougeâtre, & donne la même couleur aux produits de la décompofition du végétal.

Il paroît que cet éthiops peut en certaines circonftances criftallifer en ocaèdre. Au moins eft-ce à cette caufe que je crois devoir attribuer ces criftaux de fer octaèdres qu'on trouve fi fouvent dans les fchiftes & ailleurs. Ils font attirables, en partie insolubles dans les acides comme l'éthiops, &c. L'eau, qui attaque le fer lorfqu'il eft à l'état métallique, peut peut-être auffi produire de ces mêmes crif

taux.

Tous les fels contenus dans la plante fe décomposent également par le mouvement de la fermentation. Le tartre vitriolé ou vitriol de potasse, le nitre, le fel marin, les alkalis fixes, &c. fi abondans dans certaines plantes, l'acide phofphorique de la partie glutineufe, &c. ne se retrouvent plus dans le réfidu de leur putréfaction. Il pourra paroître furprenant que ces fels qui paroiffent fi fixes dans nos plus grands feux, foient néanmoins décompofés par des moyens en apparence bien plus foibles. Nous favions déjà que l'alkali fixe pouvoit s'invertir en alkali volatil, & fe diffiper fous cette forme. M. Parmentier a confirmé cette décompofition

des fels qui paroiffent les plus fixes par l'expé rience fuivante.

Il a fait diffoudre deux livres de fel marin dans une certaine quantité d'eau, où il avoit mis à putréfier une certaine quantité de poiffons de mer, tels que la raye, la limande, &c. il eut pendant long-tems une odeur infupportable, & fut obligé d'ajouter de l'eau. Toute l'odeur étant diffipée, & la putréfaction finie, il examina fa liqueur, dans laquelle il n'y avoit plus qu'une once de fel narin fans alkali à nud. Par conféquent 31 onces de fel marin avoient été parfaitement décomposées ; foit l'acide, foit l'alkali« La méme chofe a lieu dans la putréfaction des végétaux. La plupart de leurs fels s'y décompofent également.

Il y a une obfervation effentielle à faire dans Ja putréfaction des matières végétales. C'est qu'il ne s'en dégage point d'alkali volatil ou ammomacal, excepté dans celle des plantes crucifères. Nous avons vu le même phénomène dans leur diftillation. Il paroîtroit néanmoins. que la partie glutineuse en devroit fournir. Mais ici comme par le feu, les principes qui donnent l'alkali volatil, font décomposés par les autres fubftances avec lesquelles ils fe trouvent mêlés.

DE LA FERMENTATION
PUTRIDE ANIMALE.

LES

Es animaux, en fe putréfiant, donnent auffi des airs particuliers. Mais l'air putride animal à une odeur bien plus fetide que celui des végétaux. Les matières animales font plus élaborées & ne contiennent prefque point d'acide. Elles ne donnent au contraire que de l'alkali volatil qui eft changé en air alkalin ou ammoniacal par la putréfaction. C'eft lui principalement qui rend fi pénétrant l'air putride animal.

Cet air variera auffi fuivant les animaux, Les frugivores putréfiés ne donnent pas des airs auffi fétides que les carnivores. Quelques efpèces, comme les ferpens, les vipères, répandent en fe putréfiant une odeur affreufe. Les rats en donnent auffi une très-défagréable.

Tous ces airs n'ont pas encore été examinés avec assez de soin. On y retrouve l'air acide, Pair impur, l'air l'air pur, l'air inflammable, l'air alkalin ou ammoniacal, & l'air inflammable fulfureux.

J'ai mis des morceaux de chair de bœuf fous des cloches, & les ai laiffé putréfier. Il y a eu dans le commencement abforption d'air.

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