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animales & végétales, qui fe putréfient comme dans les fumiers. L'air y a peu de part, puifque la chaleur eft fur-tout dans le centre de la maffe, où il ne peut avoir qu'un accès trèsdifficile. Cette chaleur eft donc due principalement à la réaction des différentes fubftances falines & huileufes qui agiffent les unes fur les autres; ainfi que je l'ai dit plus haut.

Tous les phénomènes de la fermentation putride végétale font donc les mêmes que ceux de la fermentation putride animale. La plus grande différence qu'il y ait eft que cette dernière donne de l'alkali ammoniacal, & l'autre n'en donne point. La même chose a lieu dans leur diftillation. Nous tâcherons d'en affigner la caufe ailleurs.

DE LA COMBUSTION.

ANS l'état où font nos connoiffances, rien ne peut jeter plus de jour fur les plus grandes queftions de la Chimie, que ce qui fe paffe dans la combuflion des différens corps; & je ne crains point d'avancer que lorfque Pexpérience nous en aura bien fait voir tous les phénomènes, les queflions qui partagent aujourd'hui les Chimiftes, fe trouveront réfolues d'elles-mêmes.

La combuftion eft une double opération de la nature dans laquelle elle détruit le corps qui brûle pour le changer en de nouveaux principes. Mais en même tems il y a une grande abforption d'air. Boyle eft un des premiers qui aient vu que les corps en brûlant, tels que le foufre, faifoient éprouver une grande diminution à l'air. Hales obferva le même phénomène, & le conflata par des expériences décifives. Il fit brûler du foufre, du phosphore fous des cloches, & il vit qu'il y avoit beaucoup d'air absorbé, & augmentation de poids dans les réfidus. Mais quoique cet habile Phyficien eût apperçu beaucoup d'espèces differentes d'air, il ne les avoit point affez

distinguées. Ainfi, il ne pouvoit voir tout ce qui fe paffoit dans ces opérations.

La combuflion produit des effets fi furprenans fur l'air, qu'on ne fauroit traiter de celuici fans parler de celle-là. Nous avons déjà vu que les corps ne peuvent brûler qu'un certain tems dans l'air commun. Ils s'y éteignent, & il y a abforption d'air. Ils brûlent plus longtems dans l'air pur, & néanmoins finiffent par s'y éteindre. L'abforption eft beaucoup plus confidérable, & la plus grande partie de l'air pur a difparu. D'où on a conclu avec raison qu'il n'y a que la portion d'air pur contenu dans l'atmosphère qui entretienne la combuftion. Mais comme il y a quelques différences dans la combuftion des diverfes fubftances, nous allons en parler féparément.

Une bougie qu'on tient allumée fous une cloche pleine d'air atmosphérique ou d'air pur, s'éteint après un certain tems. Il y a diminution d'air; prefque tout l'air pur a difparu, & on ne trouve plus dans la cloche que de l'air acide qui précipite l'eau de chaux, & de l'air impur, mêlés encore d'une petite portion d'air pur qui a échappé à la combuftion. L'huile, le bois, le charbon, &c. préfentent toujours à peu près les mêmes réfultats dans leur combullion.

Lorfqu'on fait détoner le nitre avec les matières qui contiennent de l'air inflammable, telles que le charbon le charbon, les huiles, les métaux, &c. il y a également abforption de l'air pur. On trouve pour réfidu un alkali & une eau aérés, avec une petite quantité d'air impur. Ici l'air pur du nitre a donc été également changé en air acide & en air impur. Les huiles, le charbon, ont pu fournir de ces airs. Mais la plus grande partie a été produite.

La combuftion de l'air inflammable avec l'air pur, préfente encore les mêmes phénomènes. On les a brûlés dans des vaiffeaux fermés, & on a eu pour réfidu beaucoup d'eau, de l'air acide, de l'air impur, & il y a eu une perte plus ou moins confidérable. Cette expérience n'a pas toujours donné les mêmes réfultats. Nous en parlerons ailleurs.

Cette combuftion de l'air inflammable avec l'air pur nous éclaire fur ce qui fe passe dans celle des autres corps; car je pense qu'il n'y a que l'air inflammable qui puiffe brûler & donner de la flamme. Ce fera donc l'air inflammable des fubflances métalliques qui les fera brûler, & leurs chaux demeureront chargées des différens produits de cette combulion. Les matières végétales & animales ne brûlent également que par l'air inflammable

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de leurs huiles & de leurs acides. La plus grande partie de ces huiles & de ces acides, eft décomposée en différentes efpèces d'air, en charbon, en terre. La fumée contient beaucoup de ces airs, de l'eau & une partie d'huile, d'acide, &c. qui ont échappé à la combustion, & vont former la fuie.

L'eau paroît auffi contribuer à la combuftion. Ce n'est pas par elle-même. Mais étant réduite en vapeurs, elle établit des courans qui apportent l'air pur, de l'atmosphère dans le foyer de l'incendie. La portion d'air pur qu'elle contient y contribue également. C'est de cette manière que les trombes ou les chûtes d'eau bien ménagées, opèrent les effets des foufflets dans les forges & ailleurs. Ce n'eft point l'eau elle-même qui attife le feu, & il est facile de le prouver par l'expérience.

J'ai dirigé le jet de l'éolipyle fur une bougie allumée; la flamme a paru pendant quelques inftans plus vive, mais a bientôt fini par s'éteindre comme lorfqu'on y fouffle un air trèshumide. Ce n'est donc point le jet de l'eau qui augmente la flamme, ce ne font que les courans qu'il fait naître. La portion d'air pur qu'elle contient & qui fe dégage dans les premiers momens de l'effet de l'éolipyle, a auffi contribué à la vivacité de la flamme.

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