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Effectivement, j'ai dirigé le jet de l'éolipyle, médiocrement chauffé, fur un papier qui a été mouillé en trois minutes. Il faut avouer cependant que, lorfque l'éolipyle eft chauffé fortement, la vapeur étant presque à l'état d'incandefcence ne dépofe pas fi promptement fon humidité, & pour lors j'ai obfervé que le papier expofé très-près de l'ouverture de l'éolipyle n'eft pas mouillé, ni la bougie éteinte, à moins que ce ne foit par la force du courant. Mais il n'en eft pas moins vrai que ce n'eft pas l'eau comme eau qui contribue à la vivacité de la flamme.

Cependant l'eau qui fe trouve toujours unie & peut-être comme partie conflituante dans l'air inflammable & l'air pur, doit néceffairement fous ce rapport modifier la flamme. Mais elle ne fauroit la produire, comme nous le

verrons bientôt.

Les huiles, les acides, l'air acide, l'air impur & les autres fubftances, qui font dans les corps combuflibles, influeront auffi fur la combuftion de l'air inflammable & de l'air pur. Lorfque l'air inflammable et mêlé avec l'air acide ou l'air impur, & qu'il y a peu d'air pur, il ne donne qu'une flamme bleue & brûle fans détoner. Mais s'il eft dépouillé d'air acide & d'air impur, & qu'il contienne un tiers d'air

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pur, il détonne avec grand éclat, & fa flamme eft blanche.

la

Dans la combuftion des différens corps, flamme prend toutes fortes de couleurs. Elle eft blanche & éclatante dans la combustion du phofphore, éclatante & d'un blanc tirant fur le bleu dans la combuftion du zinc, dans celle du fer elle tire plus fur le rouge, elle eft verte dans celle du cuivre, bleue dans la combuftion du foufre, de l'efprit-de-vin, &c. Lorfqu'on obferve la mèche d'une bougie allumée, on voit que la flamme eft bleue à la partie inférieure, puis rouge en montant, & enfin devient blanche dans le grand foyer de l'incendie. La même chofe a lieu dans les grands feux. La flamme eft rouge en lechant le bois, & finit par être blanche, comme celle de l'air inflammable qui brûle avec beaucoup d'air pur.

Toutes ces différentes couleurs de la flamme ne font donc que des modifications que ces substances étrangères, favoir, l'eau, les huiles, les acides réduits en vapeurs, les chaux métalliques, &c. &c. font éprouver à l'air inflammable. Il ne feroit pas facile d'en donner une théorie fatisfaifante. On peut feulement dire en général que tous les corps de la nature présentent le même phénomène. Ils éprouvent

dans leur mêlange des modifications particulières qui les font paroître avec des caractères nouveaux. La flamme fera donc également modifiée par ces mêlanges, & elle ne paroît acquérir la couleur blanche que dans fa plus grande activité. La couleur blanche paroît être le maximum de la flamme & de la chaleur. Un corps qu'on échauffe commence à rougir & devient blanc dans le moment de fa plus grande incandefcence.

La combuftion n'a lieu ordinairement que dans l'air pur. Si quelques fubftances comme le nitre, brûlent fans communiquer avec l'air extérieur, c'est qu'elles contiennent une grande quantité d'air pur.

Cependant il est des circonstances où la combustion paroît s'opérer fans air pur. M. d'Arcet eft parvenu à brûler entièrement le diamant dans des vaiffeaux de porcelaine fermés hermétiquement, & toute la fubftance du diamant a totalement difparu. Elle s'eft donc fait jour à travers cette pâte de porcelaine, quelque denfe qu'elle foit. Il n'eft pas douteux que la plupart des fubftances combuftibles traitées à ce feu extrême dans des vaiffeaux fermés ne fuffent plus ou moins confumées. Le charbon lui-même tenu long-tems à un grand feu dans des vaiffeaux fermés, éprouve toujours une

diminution, ce qui annonce qu'il y a eu combuftion. Dans ces grands corps de feu, tous les pores des vaiffeaux font ouverts, & l'air pur y eft porté avec le principe de la chaleur.

Enfin nous verrons que les fubftances métalliques font brûlées & calcinées jusqu'à un certain point dans l'air acide, l'air impur, &c.

La combustion nous préfente donc encore une altération de l'air pur. Il entre dans les nouveaux produits. Mais fouvent une partie est changée en air acide, une autre en air impur. Ce dernier eft produit par le mêlange de l'air inflammable & de l'air & l'air acide paroît ici formé comme ailleurs par la combinaifon de l'air pur & du principe de la chaleur.

pur;

Nous venons d'expofer plufieurs phénomènes de la combuftion. Mais il nous refte à rechercher quelle en eft la caufe. On avoit toujours cru jufqu'à ces derniers tems que les corps combuftibles ne brûloient que parce qu'ils contenoient une grande quantité de feu qui fe dégageoit dans l'acte de la combustion. Mais on ne favoit point la manière dont le feu fe dégageoit, & on ignoroit que l'air pur y étoit abfolument néceffaire, de forte que nul corps ne fauroit brûler fans le concours de l'air pur, excepté les cas dont nous venons de parler.

M. Crawford ayant prouvé par des expériences très-ingénieufes, que l'air pur eft le corps de la nature qui contient le plus de chaleur, au moins de tous ceux qu'il a effayés, en a conclu que le feu qui fe dégage dans la combustion des corps, vient de cet air pur & non du corps combuftible. En forte qu'on peut dire dans ce fentiment que ce n'est point le corps combustible qui brûle. C'est l'air pur. Le corps combustible n'y influe qu'autant qu'il fe combine avec l'air pur, lequel perdant fon état aériforme, abandonne la grande quantité de chaleur qu'il contient, & cette chaleur en fe dégageant, produit la chaleur & la flamme. J'ai déjà fait voir ailleurs que ce fentiment me paroît ne pouvoir pas fe foutenir. Nous avons vu & nous verrons l'air pur fe combiner dans un grand nombre de circonftances fans qu'il y ait de la flamme. Par exemple dans le mêlange de l'air pur & de l'air nitreux, l'abforption eft auffi fubite que dans la combuftion de l'air pur & de l'air inflammable. Il y a un affez grand degré de chaleur, mais il n'y a point de flamme. Le charbon éteint dans le mercure abforbe auffi l'air pur avec beaucoup de rapidité, ainfi que la manganèfe, les combinaifons du foufre avec les chaux, les alkalis, &c. & dans tous ces cas il n'y a point de

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