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impur, 4°. l'air acide, 5°. le principe de la chaleur, 6°. l'eau.

L'art dans l'établissement des nitrières n'a fait qu'imiter la nature. Elle nous, offre du nitre tout formé dans certaines terres calcaires. M. le duc de la Rochefoucaud a obfervé que des carrières de craie à la Roche-Guyon en fourniffent beaucoup. Mais ce ne font que les couches extérieures expofées au contact de l'air & fur-tout celles qui font proche des habitations où fe rencontre l'air putride. Il y a des terreins dans les Indes & en mille autres lieux où le nitre effleurit en quantité. Il est trèsabondant au Pérou, fuivant l'obfervation de M. Dombey; & M. Desfontaines m'a dit qu'il eft on ne peut plus commun au royaume d'Alger. Sans doute ce font des lieux qui ont été imprégnés autrefois des fubflances animales ou végétales putréfiées, foit par l'habitation, foit par quelque bataille, foit par quelqu'autre cause. Peut être que les animaux y ont parqué. Ce qui confirmeroit ce foupçon, c'est que l'Espagne, où les animaux parquent, abonde en fels, fuivant M. Boules. Il fuffit pour les extraire, de leffiver les terres labourables.

Les fels qu'on retire par ces différens procédés font l'acide nitreux, l'acide marin, l'alkali fixe végétal ou potaffe, le natron, & vrai

femblablement la magnéfie; car celle-ci paroît auffi être formée comme les alkalis. Mais ce qui eft bien fingulier, c'eft qu'on n'obtient ni fels vitrioliques, ni fels ammoniacaux, il se pourroit cependant qu'on eût de la félénite, & qu'étant à peu près infoluble, elle demeure dans les platras. Mais comment n'a-t-on pas des vitriols de potaffe, de natron, de magnéfie ?

Quant à l'alkali ammoniacal, il faut qu'il fe décompofe, ou qu'il fe volatilife. Car on ne fauroit douter qu'il ne s'en forme dans cette circonftance. La fermentation putride animale en donne toujours.

Si l'acide vitriolique ne fe forme pas par ces moyens, ou au moins qu'en très-petite quantité, la nature en a d'autres pour le produire. Car dans les cloaques & les foffes d'aifance, où on entaffe les matières animales & végétales en putréfaction, on y retrouve toujours du foufre, &c. &c.

Le fecond procédé que la nature emploie pour la formation des fubftances falines, eft la voie des êtres organifés. Ceux-ci contiennent toutes les, efpèces de fels qu'on retire des minéraux, & ils en ont beaucoup qui leur font particuliers, tels que les acides végétaux, l'acide du fuif, celui des fourmis, du ver à

foie, &c. &c. enfin l'alkali ammoniacal, &c.

Nous retrouvons dans les animaux & les végétaux, les mêmes principes que dans les nitrières. Ils contiennent beaucoup d'air inflammable, d'air acide & d'air impur. Ils abforbent auffi de l'air pur. Le principe de la chaleur y est également plus ou moins abondant. Tous ces principes réunis concourront donc à la formation des différentes fubftances falines qui exiftent chez les êtres organifés, ainfi qu'elles les produifent dans les nitrières.

Ces faits nous prouvent que les fubstances falines ne font point d'ancienne formation, & que la nature les produit journellement. Il reste à rechercher quels font les principes qu'elle y emploie. On a encore peu de données fur la composition des alkalis. Mais l'analyfe des acides paroît plus avancée. Quoique les opinions foient bien partagées à cet égard, on peut les réduire à trois principales, comme nous allons le voir.

DE L'ACIDE VITRIOLIQUE
ET DU SOUFRE.

STAHL avoit avancé que le foufre n'étoit que l'acide vitriolique uni au principe inflammable, ou phlogifton; & il le prouvoit par une multitude d'expériences. Diftillant un jour de l'acide vitriolique dans une cornue à feu nud, il obtint une grande quantité d'acide fulfureux. Son appareil déluté, il vit que la cornue étoit fendue. L'expérience répétée lui donna conftamment le même fuccès ; d'où il conclut que c'étoit le principe inflammable des charbons qui s'étant introduit par la fente. de la cornue, s'étoit combiné avec l'acide vitriolique, & l'avoit fait paffer à l'état d'acide fulfureux. Il traita pour lors avec le charbon l'acide vitriolique & tous les fels vitrioliques, tels que les vitriols de natron, de potasse, l'alun, &c. & il obtint de l'acide fulfureux & du foufre. Ce grand Chimifte en tira la conféquence que l'acide fulfureux étoit l'acide vitriolique combiné avec une certaine quantité de principe inflammable, & qu'il paffoit à l'état de foufre lorfqu'il en étoit entièrement faturé. Il chercha enfuite à déterminer le rap

port de l'acide vitriolique au principe inflammable dans le foufre, & il crut que le phlogifton y entroit pour un feizième.

Hales, dont en général Stahl n'a point affez connu les travaux, faisoit à peu près dans le même tems d'autres expériences de fon côté. Il trempa dans du foufre fondu des mèches de vieux linge, & en alluma une fous une cloche qui contenoit 2024 pouces cubiques d'air. Elle brûla pendant un certain tems; il y eut 198 pouces d'air abforbés. Il répéta l'expérience dans un vaiffeau qui contenoit 594 pouces cubiques d'air, & il y en eut 150 d'absorbés.

Le foufre, dans cette combuftion, est changé en acide fulfureux. C'est le procédé dont on fe fervoit, il y avoit déjà long tems, pour avoir l'acide vitriolique. On faifoit brûler le foufre fous une grande cloche, & on en ramaffoit la vapeur. Comme il y avoit beaucoup de perte, on fubftitua enfuite de grands ballons. Mais ces ballons étant chers & fragiles, on a préféré de faire cette combustion dans de grands appartemens, révêtus intérieurement de lames de plomb ou d'un bon mastic. Il reftoit encore une autre difficulté à vaincre. La combuftion du foufre altérant l'air, ne pouvoit plus être continuée au bout d'un certain tems. On y a remédié en mêlant le foufre

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