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A L'ÉTAT AERIFORME,

(ou De l'Air Acide Marin). M. CAVENDISH ayant fait paffer fous une cloche l'air qui fe dégageoit d'une diffolution de cuivre dans l'acide marin, fut fort furpris de voir que cet air fût prefque tout abforbé par l'eau. M. Priestley répéta cette expérience à l'appareil au mercure. I mit dans une fiole, mince de la limaille de laiton avec l'acide marin, & ajusta un tube avec l'appareil pneumato-chimique au mercure. La diffolution, fut aidée par la flamme d'une bougie. Il fe dégagea des vapeurs aériformes qui pafsèrent dans la cloche & fe foutinrent fous forme de fluide élastique. Il introduifit enfuite de l'eau dans la cloche. Les trois quarts de cette vapeur furent condenfés & diffous dans l'eau qui devint un acide marin très-concentré. La portion qui ne fut pas abforbée étoit inflammable. Celle-ci étoit l'air inflammable du métal.

Mais il eft d'autres moyens d'obtenir cet air dans toute la pureté. C'eft de dégager l'acide marin de ses combinaisons par un acide plus

puiffant, comme on le fait pour extraire cet acide du fel marin. C'eft le procédé qu'a fuivi M. Priefley. J'ai mis de ce fel dans une petite fiole, & y ai verfé de l'acide vitriolique. Ce dernier a plus d'affinité avec la base du fel marin, le natron, que n'en a l'acide marin luimême. Celui-ci fe trouve donc libre, & comme il est très-volatil, on le voit fe dégager fous forme de fumées blanches, & pour lors il paffe fous la cloche à l'état de vapeur aériforme. Si on verfe de l'eau fur le mercure, & qu'on foulève la cloche, auffi-tôt que cette vapeur touche l'eau, elle fe condenfe. La première vapeur n'eft pas ordinairement toute abforbée, parce qu'il s'y trouve toujours mêlée une petite portion d'air atmosphérique contenu dans les vaiffeaux. Mais les fuivantes le font entièrement. Cette eau eft un acide marin qui peut devenir très-concentré fi on y fait paffer une certaine quantité de ces vapeurs.

L'air acide marin n'eft donc que cet acide lui-même à l'état aériforme. On connoifsoit depuis long-tems la volatilité de cet acide. Lorfqu'on ouvre un flacon qui contient un acide marin très-concentré, on le voit s'échapper fous forme de vapeurs blaches, qui ne font que l'acide marin volatilifé, comme se volatilisent l'éther, l'efprit-de-vin, &c. avec la

feule différence que leurs vapeurs ne font pas vifibles, au lieu que celles de l'acide marin le font. Mais on n'avoit pas penfé à recueillir ces vapeurs aériformes fur le mercure.

Cet air ne peut entretenir la combuftion. Une bougie allumée qu'on y plonge s'y éteint. Mais avant que de s'éteindre, elle fe colore en un verd tendre qui tire fur le bleu. Cette couleur que donne cet air à la flamme, fait voir qu'il eft inflammable jufqu'à un certain point; d'un autre côté, du phofphore mis dans cet Y brûle. Ce qui indique qu'il contient auffi une portion d'air pur.

áir

L'air acide marin eft entièrement fuffocant. Lorsqu'on en refpire il caufe des quintes de toux très-vives. On peut donc bien affurer que nul animal ne fauroit y vivre.

Cet air foumis à différentes expériences a préfenté tous les phénomènes de l'acide marin. Il dégage l'air acide de la craie. Expofé fur de la limaille de fer ou de zinc à l'appareil au mercure, il les diffout. Leur air inflammable fe dégage, & prend la place de l'air acide marin, ce qui feroit croire que celui-ci a été inverti en air inflammable.

Ce même air acide marin, expofé fur le charbon, eft abforbé en grande quantité & avec beaucoup de promptitude. Un charbon

que j'ai plongé ainfi dans cet air, en a absorbé plus de vingt fois fon volume. Le fucre l'a absorbé à peu près autant: il a d'abord pris une teinte rougeâtre, comme s'il eût été trempé dans le vin ; la couleur s'eft foncée, & enfin il est devenu prefque noirâtre. Les huiles, la cire l'abforbent également & deviennent noires. J'y ai auffi fait paffer du foufre, il l'a absorbé fans avoir éprouvé une altération fenfible. Le phosphore l'abforbe, mais il y a combustion.

Lorfque toutes ces fubftances ont demeuré quelque tems dans cet air, on trouve dans le réfidu de l'air inflammable. M. Priestley a cru que cet air inflammable venoit de ces différens corps. Mais la chaux vive exposée dans le même air, il y a également de l'air inflammable dans le réfidu. Je foupçonnerois donc que cet air inflammable vient de l'acide luimême; car la chaux n'en donne jamais. D'ailleurs nous venons de voir que cet air colore la flamme, ce qui indique qu'il contient un principe combustible.

Cet air inflammable contient toujours une portion d'acide marin. Car en le brûlant fur l'eau diftillée, elle précipite en lune cornée la diffolution d'argent.

Nous ne fuivrons pas plus loin ces combinaifons. Il nous fuffit d'avoir vu que cet air

n'eft que l'acide lui-même réduit à l'état aériforme, & par conféquent ne peut être regardé comme un air permanent. Mais ces expériences nous confirment que cet acide contient 1°. de l'air pur, puifque le phofphore brûle dans cet air; 2°. de l'air inflammable qui colore la flamme, & qu'on retrouve dans le réfidu de l'air acide, où ont été expofés la chaux, le foufre, &c.

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