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même condensé par l'eau. Traitée par les autres acides, elle y eft abfolument infoluble. Ce qui a fait croire qu'elle eft de nature quartzeufe, & que l'air fpathique peut diffoudre la terre quartzeufe.

Une des autres qualités de cet air a confirmé cette opinion. Le verre en eft attaqué & rongé. Les flacons dans lefquels on le renferme font troués & percés en peu de tems,

M. Priefley examina de fon côté l'air acide fluorique, d'après les expériences auxquelles il le foumit, il crut pouvoir affurer que cet acide n'étoit autre chofe que l'acide vitriolique volatilisé. MM. Achard, Monnet, l'ont cru également. Mais Schéele, dans un fecond mémoire, a bien prouvé que les propriétés de l'acide fluorique font trop différentes de celles de l'acide vitriolique pour pouvoir les confondre.

Des Chimistes François, fous le nom de Boulanger, examinèrent auffi cet air fi fingulier. Ils crurent y reconnoître les qualités de l'acide marin, lequel, fuivant eux, avoit fubi quelques modifications dans le fpath phosphorique. Quoique cet air produife quelques effets qui le rapprochent de cet acide, cependant il en a d'autres qui paroiffent l'en éloigner.

M. Meyer a repris le travail fur l'acide

fluorique. Il le diftilla dans des vales d'étain, & il obtint l'acide fluorique fans croûte terreufe. Ce qui lui fit croire que celle qu'on obtenoit lorsqu'on employoit des vaisseaux de verre, venoit des vaiffeaux eux-mêmes. Pour s'en affurer, il répéta l'expérience dans trois vaiffeaux d'étain. Dans les uns il mit des matières quartzeuses, & dans les autres il n'en mit point. Les premiers lui fournirent la croûte terreufe, & les autres ne lui en donnèrent point. Ainfi le foupçon de Schéele fe trouve détruit par cette expérience.

J'ai diftillé avec l'acide vitriolique du fpath fluorique mis en poudre, & en ai reçu l'air dans des cloches à l'appareil au mercure. En levant une des cloches, cet air parut fous forme de vapeurs blanches très-fuffocantes, & qui avoient une odeur très-vive, différente cependant de celle de l'acide marin. Une bougie allumée s'y éteignit.

Ayant verfé de l'eau fur le bain de mercure, je foulevai légèrement une des cloches. L'eau s'y porta avec vîteffe. L'air fut prefque tout abforbé, & il fe précipita une matière terreufe fous forme de floccons affez femblables à des floccons de neige.

Cette eau est très-acide au goût. Elle rougit les fucs bleus, s'unit aux alkalis, aux terres, &c.

J'ai verfé de cette eau acide dans une diffolution de nitre mercuriel. J'ai obfervé, comme M. Boulanger, que la diffolution a été précipitée en blanc de lait, mais elle n'a pas paru dépofer comme lorfqu'elle eft précipitée par l'acide marin.

La diffolution d'argent dans l'acide nitreux est auffi précipitée par l'acide fluorique. La liqueur repofée, on obtient un dépôt qui eft aufli un peu différent de celui qu'elle préfente lorfqu'elle eft précipitée par l'acide marin.

J'ai diftillé le même fpath avec l'acide marin. Le dégagement de l'acide fluorique a été moins confidérable qu'avec l'acide vitriolique. D'ailleurs il a présenté les mêmes phénomènes, a été abforbé par l'eau, a dépofé une croûte terreuse, &c. L'eau qui l'avoit diffous étoit très-acide. J'en ai verfé dans la diffolution de terre pesante par l'acide marin, qui n'a pas été précipitée. Ainfi il ne peut demeurer aucun doute que cet acide n'elt point l'acide vitriolique.

Tout paroît donc prouver que l'air acide fluorique eft un acide particulier, un acide fui generis. Il eft abforbé par l'eau, comme les airs acide vitriolique, acide marin, &c. on ne doit par conféquent le regarder, ainfi que ceux-ci, que comme un acide à l'état aériTome II.

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forme, & non point comme un air permanent.

Cependant M. Monnet, dans de nouveaux Mémoires, foutient qu'on ne doit point regarder cette fubftance comme un acide particulier, mais comme une modification qu'éprouvent les acides employés, & c'eft la terre même du fpath fluor qui, fuivant ce célèbre Chimiste, altère ainfi ces acides.

Connoiffant encore fi peu cet acide, nous ne pouvons favoir quels font fes principes.

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DE L'ACIDE BORACIN,

( ou Sédatif).

JUSQU'ICI on a fort peu de connoiffances fur l'origine du borax qui fournit cet acide. C'est un fel neutre de natron qui eft apporté des Indes. On croit qu'on le retire de certains lacs. L'observation de M. Hoefer confirme cet apperçu. Il a trouvé dans des lacs de la Tofcane un vrai fel fédatif. L'eau d'un de ces lacs a été analyfée de nouveau par M. Maret, qui en a retiré beaucoup d'acide boracin.

On vient auffi de trouver le borax au Pérou comme me le marquoit M. Prouft. Mais nous n'avons point encore de détails fur les lieux d'où on le retire.

On avoit dit que M. Lapierre, à Paris, avoit obtenu de l'acide boracin dans une foffe où il faifoit putréfier des eaux de favon. Mais cette obfervation ne s'eft pas confirmée.

Quoi qu'il en foit de l'origine du borax, on fait aujourd'hui, d'après les travaux de Baron, que c'eft un fel neutre compofé de natron & de l'acide boracin. Puifqu'il fe trouve dans des lacs, on peut préfumer qu'il eft le produit de matières animales ou végétales putréfiées. Il

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