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bleue. C'est de l'air commun contenu dans la liqueur, & chargé d'une portion d'éther. Les vapeurs qui fuccèdent à cet air fe condensent presque toutes en paffant à travers le mercure, parce qu'elles ne font que de l'éther volatilifé, & que le froid du mercure condense. Auffi on les retrouve fous forme d'éther audeffus du mercure. Lorfque l'opération est un peu longue, que le tube entre bien avant dans la cloche, & que la cloche n'eft pas confidérable, le mercuré s'échauffe affez pour que l'air éthéré fe foutienne fous forme de vapeurs. Car il ne lui faut qu'une chaleur de 40° environ. Mais il fuffit pour lors d'introduire de l'eau froide, pour que cette vapeur fe condenfe promptement, ou même de refroidir le mercure d'une manière quelconque.

Il faut donc diftinguer toutes ces fubstances aériformes en deux grandes claffes. Les unes, telles que les métaux, l'eau, les huiles, les acides purs, l'éther, &c. font réduites en vapeurs par différens degrés de chaleur, & fe condensent auffi-tôt que cette chaleur les abandonne. Ainfi on peut dire qu'ils ne font tenus à cet état aériforme que par cette violente chaleur.

Mais plufieurs autres corps quoique ne pou yant être réduits à l'état aériforme que par une

chaleur quelconque, fe foutiennent enfuite à cet état, à un degré de chaleur beaucoup inférieur; tels font l'acide marin pur, ou celui qui contient excès d'air pur, l'acide fulfureux, l'acide nitreux avec excès d'air inflammable, l'acide fluorique, l'alkali ammoniacal, &c. ils ne fe condensent que lorfqu'ils fe combinent, foit avec l'eau, foit avec toute autre substance. Cependant M. Monge dit être parvenu à condenfer l'acide fulfureux par un froid confidérable.

DE LA CHAUX CALCAIRE.

CETTE queftion fe trouve aujourd'hui au nombre des plus intéreffantes de la Chimie. La calcination des pierres calcaires & celle des fubftances métalliques, eft liée fi intimement avec la théorie des airs, qu'on ne peut traiter des uns fans parler des autres. Auffi depuis qu'on s'occupe des airs, a-t-on beaucoup travaillé fur les chaux, & néanmoins la question n'eft pas encore affez éclaircie pour qu'on ait pu former une théorie généralement admife. Dans ce Chapitre, nous allons rapprocher un grand nombre de faits qui pourront jetter quelque jour fur cette matière.

Les trois espèces de terres calcaires connues font toujours unies à des acides dans la nature. La terre pefante forme le fpaht pefant avec l'acide vitriolique. La magnéfie, combinée avec le même acide, forme le fel d'Epfom ou vitriol de magnésie, & fe trouve encore unie avec d'autres acides dans les ftéatites, les ferpentines, les afbeftes, &c. Enfin la terre calcaire, proprement dite, compofe les fpaths calcaires, les marbres, les pierres calcaires, &c. lorsqu'elle

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lorfqu'elle eft combinée avec l'air fixe ou acide. Elle donne les gypses fi elle est unie avec l'acide vitriolique. Enfin cette même terre unie à l'acide fpathique, donne les fluors ou fpaths phosphoriques.

Tous ces fels pierreux peuvent être décompofés, comme le font les autre fels, foit en fournissant d'autres bafes à leurs acides, foit en dégageant ces acides par le moyen du feu. Ces terres, dans cet état, acquièrent des propriétés bien différentes de celles qu'elles avoient auparavant. Lorfqu'on expofe à un coup de feu affez violent les combinaisons de ces terres avec l'air acide, elles font réduites en chaux. Cependant cette dénomination a été réfervée plus fpécialement à la calcination de toutes les pierres calcaires aérées, c'est-à-dire, des fpaths calcaires, des marbres & des pierres calcaires. Ainfi ce fera de celles-ci dont nous traitérons plus particulièrement.

La chaux vive eft plus ou moins cauftique. Elle verdit les firops bleus des végétaux comme les alkalis, est en partie foluble dans l'eau, fe diffout également dans les acides, mais fans effervefcence, &c. elle est très-avide d'humi- » dité. Si on verfe un peu d'eau fur une affez grande quantité de chaux, elle s'échauffe confidérablement, & au point qu'elle met fouTome II.

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vent le feu à des matières combustibles (1).

Meyer, dans fon beau Traité sur la Chaux, rapporte (2) que l'Auteur d'une Differtation fur le Feu, imprimée à Leyde, avoit observé qu'en jettant de la chaux vive dans de l'eau, il s'étoit élevé une flamme que l'on auroit pu voir clairement, principalement dans l'obscurité de la nuit. Meyer ajoute qu'ayant répété l'expérience, il n'avoit pas pu réuffir.

M. Pelletier a eu le même fuccès que l'Auteur de la differtation. Il verfa une affez petite quantité d'eau fur un gros morceau de chaux vive, & l'ayant porté à l'obscurité, il apperçut dans fes gerçures une lumière affez vive. J'ai obfervé fouvent la même chose.

C'eft cette lumière qui, quoique imperceptible au grand jour, parce qu'elle n'est pas affez vive, met le feu aux corps combustibles qui fe trouvent dans le voifinage de la chaux, lorfqu'elle s'échauffe & qu'elle n'est pas affez humectée. La chaleur eft même portée à un

(1) On vient de propofer ce moyen pour produire à volonté une chaleur confidérable. On met dans une boîte d'étain un morceau de chaux plus ou moins gros, on l'hume&te légèrement. On referme la boîte qui acquiert une chaleur affez confidérable.

(2) Traduction françoile, tome 2, page 323.

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