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fubftance glutineufe végétale. Les plantes crucifères font ici une exception, & tiennent un certain milieu entre le végétal & l'animal. Mais fuivons le travail de la nature dans l'économie animale.

Les matières végétales introduites dans l'eftomac de l'animal, fe changent d'abord en chime, puis en chyle qui eft une espèce de lait, ou émulfion végétale, contenant beaucoup d'huile. Ce chyle parvient dans le torrent de la circulation par la foufclavière. Il est auffi-tôt porté au cœur, delà au poumon, où il est divisé, atténué dans toutes les ramifications de l'artère-pulmonaire. Il y éprouve l'ac tion de l'air. Revenu au cœur, il est envoyé dans toutes les parties du corps; fa nature n'est point encore changée. Une partie va se dépofer dans les mamelles, fur-tout chez les femelles enceintes ou allaitant, & une autre dans le tiffu de la matrice. Il fe dépofe du lait plus de douze heures après que l'animal a pris de la nourriture. Ce qui prouve que le chyle eft long-tems à fe dénaturer.

Dans le même tems la graiffe & le fuc médullaire des os s'en féparent fans être non plus animalifés. Car ce font encore des huiles végétales contenant beaucoup d'acide. C'eft cet acide qui leur donne de la confistance

comme au beurre, ou huile du lait. L'autre portion de cette même huile demeure dans la maffe où elle paffera à l'état d'huile animale.

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La graiffe elle-même s'animalife auffi par un travail plus long de la nature. Car chez les animaux très-gras, & qui enfuite par une cause quelconque maigriffent beaucoup toute la graiffe difparoît, rentre dans la maffe générale, & paffe par conféquent à l'état de fubftance animale. On doit donc regarder la graiffe comme une fécrétion d'une matière furabondante, que la nature n'a pas eu le tems d'é laborer, & qui par conféquent a confervé fon caractère végétal; mais qui prendra celui d'a-. nimal, par une élaboration foutenue plus longtems. Revenons au chyle.

Il eft capable de fermentation: car les tartares font dans un ufage immémorial de faire fermenter le lait, d'où ils retirent une liqueur fpiritueufe. Le chyle fe trouvant donc dans un lieu chaud, avec une matière actuellement en fermentation, le fang contractera le même inouvement, & va changer de nature. C'est ainfi que font formées toutes les liqueurs ani males dont nous allons parler. Elles font d'abord toutes contenues dans le fang, qu'on ne doit pas regarder comme une liqueur homo

gène,

gène, mais comme la liqueur principale formée du mêlange de toutes les autres, ainfi que la sève l'est chez le végétal. Les différens fucs fe féparent enfuite de la maffe générale dans différens organes particuliers, qu'on appelle fecrétoires. Ils y acquièrent de nouvelles qualités par une fermentation foutenue plus long-tems.

La nature dans ce travail emploie la lumière comme dans celui de la végétation. Car la lumière n'eft pas moins utile aux animaux qu'aux végétaux. Un animal qui en est privé, comme les malheureux qu'on renferme dans des cachots, comme les habitans des villes qui évitent toujours le foleil, &c. devient foible, grêle, délicat, en un mot, s'étiole fi on peut fe fervir de ce terme dans cette circonftance. C'est la principale cause de la grande différence qu'il y a entre l'enfant élevé à la campagne, & celui élevé à la ville.

Cependant ici comme chèz le végétal, il y a des exceptions. La lumière paroît moins utile à quelques espèces d'animaux comme à la taupe, qui est le plus fouvent en terre, & fur-tout à un grand nombre d'infectes qui vivent ou en terre, ou dans des troncs d'arbres, &c.

Indépendamment de cette portion de lu-
Tome II.

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mière que l'animal abforbe, il s'y trouve encore une grande quantité de matière de la chaleur, comme nous l'avons vu. Ces deux principes, la chaleur & la lumière, fe combinant avec les fucs des végétaux dans le mouvement de fermentation animale les modifieront, & leur donneront un nouveau caractère. Ce fera furtout leur portion d'air pur qui fera altéré & changé en d'autres airs: car c'eft l'effet conftant que la lumière & la chaleur produisent fur l'air pur, de lui faire changer de nature.

DU LAI T.

LE lait eft composé de trois parties, qu'on parvient facilement à féparer, par le fimple repos; la féreufe, la cafeufe, & la buti reufe.

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La féreufe fe préfente comme une eau limpide d'un léger jaune verdâtre, agréable au. goût, &c. Elle contient, 1o. une petite portion d'alkali végétal ou de potaffe, 2°. du fel marin de potaffe, 3°. un corps muqueux out partie extractive, 4°. le fucre de lait qui eft la partie la plus épurée du corps muqueux, & qui cristallife.

Si on met dans un lieu chaud cette partie féreufe, qu'on appelle ordinairement petit lait, elle fermente & aigrit. C'eft la portion extracnive, & le corps muqueux qui subiffent un mouvement de fermentation, & paffent à l'acide, comme tous les corps muqueux. Nous avons vu que le lait entier fubit la fermentation fpiritueufe.

Ce petit lait contient en diffolution une terre animale que l'on peut précipiter par l'alkali ammoniacal cauftique, ou l'eau de chaux. Le fucre de lait eft très-doux au goût; ce

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