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Cependant leur action fur l'air n'eft pas auffi fenfible. Car j'ai humecté 200 grains de limaille de zinc, que j'ai mis fous une cloche d'air pur. Il n'y a pas eu d'abforption fenfible en huit jours, quoique la limaille foit devenue un peu terne,

Il fe trouve donc dans la plupart des métaux un principe capable de changer l'air pur en air acide fans le fecours de la chaleur, mais par l'intermède de l'eau, & c'est cet air acide qui les calcine.

On pourroit dire que c'est le charbon que quelques Chimiftes admettent dans plufieurs métaux. Mais nous avons vu que le charbon absorbe l'air, fans le changer en air acide. D'ailleurs le zinc dans lequel on admet auffi ce charbon, n'absorbe pas d'une quantité fenfible l'air pur en comparaifon de l'acier.

On avoit encore eu recours à la plombagine qui exifte dans l'acier, & qu'on suppose dans un grand nombre de métaux. J'ai donc pris 100 grains de plombagine d'Angleterre très-pure, que j'ai hume&će légèrement, & ai expofée fous une cloche pleine d'air pur. II. n'y a pas eu abforption fenfible d'air.

D'un autre côté nous avons vu que l'air inflammable & l'air pur mêlés enfemble fur le mercure, n'éprouvent pas de diminution sen

fible, quoiqu'ils en éprouvent une fur l'eau. Mais il n'y a point d'air acide de produit.

Ces expériences démontrent donc qu'il y a dans les métaux d'autres principes, 1o. que le charbon, 2°. que la plombagine, 3°. que l'air inflammable. Ils doivent donc contenir le principe qui change l'air pur en air acide, celui qui eft dans la chaux vive, les alkalis cauftiques, enfin le caufticon ou principe de la caufticité, la matière de la chaleur combinée.

Cela paroîtra d'autant moins furprenant que nous avons déjà vu tous les métaux dans leur calcination, changer l'air pur en air acide. D'ailleurs, les métaux font des acides. Or les acides contiennent beaucoup de matière de la chaleur.

L'acier néanmoins préfente une différence très-remarquable vu la quantité d'air pur qu'il abforbe. On voit ainfi journellement le fer même en groffes barres, qui eft expofé à l'air, fe calciner & acquérir un volume confidérable. C'eft fans doute il contient une plus grande quantité du principe dont nous parlons. Auffi le fer & l'acier ont-ils une faveur très décidée, Plufieurs maîtres de forge reconnoiffent à la faveur les différentes qualités de fer & d'acier.

que

S. I I.

Des Acides Métalliques.

Nous venons d'expofer un grand nombre de procédés par lefquels on prive les fubftances métalliques de la plupart de leurs propriétés & on les réduit en chaux. On peut pouffer l'opération plus loin & les faire paffer à l'état d'acides. Car ceux-ci ne diffèrent des chaux que parce que la calcination a été foutenue plus long-tems. Voici les procédés dont on fe fert pour les obtenir.

Acide arfenical. Le célèbre Chimiste à qui nous devons la connoiffance de cet acide, a employé deux moyens pour l'obtenir. Sur 2 onces de chaux blanche d'arfenic pulvérisée & mise dans une cornue, Schéele verfa 7 onces d'acide marin. Il adapta un récipient & fit bouillir doucement la liqueur jufqu'à ce que l'arfenic fût diffous. Il ajouta pour lors 3 onces d'acide nitreux pur, & remit l'appareil. Il fe dégagea pour lors beaucoup de vapeurs rutilantes. Il ajouta encore de l'arsenic une once, & il fit bouillir jusqu'à ce qu'elle fût diffoute; pour lors il verfa une once d'acide nitreux. Il y eut encore une vive effervefcence & un dégagement abondant de vapeurs ruti

Jantes. La diftillation pouffée jufqu'à ficcité, il resta à la fin une maffe blanche, qui eft l'acide arfenical fec. Si on veut avoir cet acide en liqueur, on pulvérife cette maffe dans un mortier, on y verse deux fois fon poids d'eau diftillée, on fait bouillir légèrement, la maffe fe diffout toute. Cette liqueur eft un véritable acide qui rougit les fucs bleus, fe combine avec les différens corps, &c.

Le fecond procédé de Schéele pour obtenir l'acide arfenical, confifte à mettre dans une cornue de verre tubulée, une partie de chaux de manganèfe pulvérifée & trois parties d'acide marin. I adapte à cette cornue un récipient dans lequel il met un quart de chaux bleue d'arfenic & un huitième d'eau. La cornue mife fur le feu, l'acide marin déphlogistiqué passe dans le récipient, attaque la chaux d'arfenic & la convertit en acide, tandis qu'il redevient acide marin ordinaire. On diflille enfuite les deux liqueurs, l'acide marin paffe, & l'acide arfenical demeure dans la cornue.

Dans ces deux procédés, la chaux d'arfenic perd de fon air inflammable & fe furcharge d'air pur. Car fi on reçoit l'air qui fe dégage dans la première opération où on emploie, l'acide nitreux, on voit que c'eft de l'air nitreux uni à beaucoup d'acide. Il a donc été

décomposé une certaine portion d'acide nitreux qui s'eft combinée avec l'arfenic. La même chofe a lieu avec l'acide marin déphlogistiqué ou avec excès d'air pur.

Mais en même tems que la chaux d'arfenic acquiert une portion furabondante d'air pur, elle perd auffi une portion de principe inflammable, ou air inflammable; car nous avons vu 1°. que l'acide nitreux ne donne de l'air nitreux qu'avec les corps qui contiennent de l'air inflammable; 2°. que l'acide marin déphlogistiqué ne paffe à l'état d'acide marin pur qu'en fe combinant avec l'air inflammable. Ainfi dans cette opération, il y a double décomposition, l'arfenic perd du principe inflammable & acquiert de l'air pur.

Acide molybdique. La molybdène, traitée comme la chaux d'arfenic avec l'acide nitreux ou l'acide marin déphlogistiqué, eft également convertie en une terre acide. C'est encore à Schéele, que nous devons ces expériences. Sur une once & demie de molybdène il verfa 6 onces d'acide nitreux foible, le récipient ajufté à la cornue, il fit bouillir la matière, il fe dégagea beaucoup d'air nitreux. La distillation fut pouffée jufqu'à ficcité. Cette opération fut répétée quatre à cinq fois, à la fin il obtint une terre blanche foluble dans l'eau,

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