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atmosphérique ou fous des cloches d'air pur. Je les ai enfuite foumifes au feu dans des cornues avec l'appareil propre à recevoir l'air. Il s'eft dégagé beaucoup d'air fixe ou acide. L'air pur avoit donc été ici changé en air acide.

Nous avons vu en parlant des diffolutions métalliques que la plupart attiroit l'air pur qui les précipite, telles font celles de fer & de bifmuth. Mais lorfqu'elles ont été précipitées par les alkalis cauftiques, elles attirent avec encore bien plus de force l'air pur, & le changent en air acide.

Une des qualités des chaux métalliques qui peut le plus nous éclairer fur leur nature est la caufticité qui les rapproche fi fort des chaux calcaires, de la chaux vive, qu'on leur a donné & avec raifon, le même nom, celui de chaux métalliques. Nous venons de voir qu'un grand nombre de ces chaux eft foluble dans l'eau, ainfi que l'est la chaux vive, & qu'elles altèrent l'air pur & le changent en air fixe ou air acide, ce qui efl une autre qualité de la chaux vive.

Les chaux métalliques ont une cauflicité encore bien plus confidérable que celle de la chaux vive. Celle d'arfenic eft un des poisons les plus vifs; celles de plomb, quoique pas

auffi corrofives que celle-ci, n'en font pas moins dangereufes à l'économie animale; celles d'antimoine font un vomitif puiffant; celles de zinc font un réfolutif très-actif pour les maux d'yeux, &c. La chaux vive appliquée fur la peau la brûle, la corrode, & fait tomber les poils. Celle d'arfenic eft un dépilatoire encore bien plus corrofif, &c. &c.

Les alkalis, foit fixe, foit ammoniacal, trai tés avec les chaux métalliques, deviennent cauftiques, comme lorfqu'on les traite avec la chaux vive. Meyer l'avoit déjà vu. Il décompofa le fel ammoniac avec différentes chaux métalliques, & en dégagea un alkali ammoniacal fluor ou cauftique. Il donna également de la cauflicité aux alkalis fixes par le moyen des chaux métalliques.

J'ai pris de la litharge, que j'ai calcinée de nouveau pour en dégager tout l'air qu'elle avoit attiré de l'atmosphère depuis fa calcination, je l'ai pour lors triturée avec le fel ammoniac dans un mortier de verre. L'odeur d'alkali volatil a été prefque auffi pénétrante que lorsqu'on emploie la chaux calcaire. Le minium produit le même effet ; j'en ai calciné, il a repaffé à l'état de mafficot. J'en ai pour lors mêlé deux parties avec une d'alkali am moniacal dans une cornue, & j'ai diftillé à la

manière ordinaire. Il a paffé un alkali aminoniacal très-cauftique.

La chaux de bifmuth, la chaux blanche d'antimoine, la chaux rouge de mercure, &c. triturées avec le fel ammoniac, en dégagent également l'alkali, & il n'eft point de chaux métalliques qui vraisemblablement ne produifit le même effet.

Il est vrai que le plomb, l'étain, le fer, &c. décomposent auffi le fel ammoniac lorsqu'on les mêlange, & qu'on les expofe à la chaleur. Mais ils n'opèrent cette décompofition que parce qu'ils pallent à l'état de chaux.

Les chaux métalliques fe combinent avec le foufre & le phosphore, comme le fait la chaux calcaire, & en dégagent également de l'air inflammable fulfureux, & de l'air inflammable phosphorique.

J'ai mêlangé 2 onces de minium que j'avois calciné de nouveau, & une once de foufre. Je les ai mis dans une petite cornue avec 4 onces d'eau diftillée, & je les ai fait bouillir. Ayant enfuite verfé de l'acide nitreux fur le mêlange refroidi, il s'en eft dégagé la même odeur que donne le foufre qui a bouilli dans l'eau de chaux. Les chaux de bifmuth, de zinc, &c. préfentent les même résultats.

J'ai coupé un gros de phofphore en petits

morceaux que j'ai mis dans une cornue avec une demi-ouce de minium employé dans l'expérience précédente, & j'ai verfé deffus deux onces d'eau. La cornue mife fur le feu il s'eft dégagé la même odeur que celle que donne le mêlange de phofphore & de chaux. Cette odeur eft encore plus vive en y versant de l'acide nitreux.

Les huiles combinées avec la chaux vive forment des favons. Ces mêmes huiles combinées avec les chaux métalliques, forment également des espèces de favons qu'on a appelés onguens. Tous les onguens dont fe fert la médecine font faits avec les huiles & les chaux métalliques, fur-tout celle de plomb. Les chaux de cuivre. entrent dans le baume verd, &c. &c.

Les chaux métalliques peuvent toutes se vitrifier, comme nous l'avons dit. La chaux vive peut auffi fe vitrifier, comme l'a fait voir M. d'Arcet.

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Enfin la terre pesante qu'on foupçonne avec beaucoup de fondement être une terre métallique, lorfqu'elle a été calcinée, a un fi grand nombre des propriétés de la chaux vive, que Bergmart n'a pas craint de la ranger au nombre des terres calcaires. Elle altère même la cou leur bleue des fucs végétaux & la change en verd, ce qui eft peut-être la feule qualité de

la chaux vive, que n'ayent pas les chaux métalliques.

est

Une quatrième qualité des chaux métalliques qui doit fixer l'attention du Chiniste, eft la grande augmentation de poids qu'elles acquièrent, comme nous l'avons vu.

§. IV.

De la révivification des Chaux, des Acides & des Verres Métalliques.

On peut enfuite faire repaffer ces chaux ces acides & ces verres métalliques, à leur état de métaux & leur rendre toutes leurs premières qualités. Cette opération préfente auffi différens phénomènes qui ne font pas moins intéreffans que ceux que nous venons de voir.

La méthode qu'on emploie ordinairement pour les révivifications, eft de mêlanger ces chaux avec des corps qui contiennent le principe inflammable, tels que des huiles, du charbon, &c. On y ajoute le plus fouvent des fondans, par exemple, des alkalis fixes dans les petites opérations de Chimie, tels font les flux, & dans les travaux en grand, comme dans le traitement des mines; on fe fert le plus fouvent de pierre calcaire qu'on nomme caftine. On donne un coup de feu plus ou moins vif.

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