Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vérité. En fuppofant par conféquent que les terres métalliques font des acides, la terre pefante en feroit donc encore un, qui n'auroit pas toutes fes propriétés; mais comme toutes les chaux métalliques avant que de devenir acides, ont les qualités de la chaux, la terre pefante, telle que nous l'avons, étant calcinée, a également tous les caractères de la chaux.

III. La magnéfie paroît fe reproduire journellement; car 1°. on retire du natron le plus pur une quantité plus ou moins confidérable de magnésie. Or ce natron eft produit fans ceffe dans les nitrières. La magnéfie le fera donc également. Effectivement de la craie trèspure exposée à la nitrification, leffivée enfuite, donne beaucoup de fels à bafe de magnéfie. Cette magnésie a donc été produite. 2°. On trouve de la magnéfie dans les cendres des végétaux. Il paroît donc qu'elle y eft formée comme les autres principes de la plante.

IV. La terre quartzcufe ou filiceufe fe convertit tous les jours en argile; car dans les pays volcaniques, on voit les laves, les bafaltes s'altérer & paffer à l'état d'argile. Ce passage eft encore plus prompt fi ces fubstances se trouvent exposées à l'action de l'acide fulfureux. Les granits s'altèrent de même & paffent à

[ocr errors]

l'état d'argile. J'en ai trouvé souvent dans les pays volcaniques qui étoient devenus abfolument argileux. Les quartz carriés ou pierres meulières ont leurs cavités remplies d'argile; ce qui feroit foupçonner que cette argile vient de leur décomposition. Enfin, le verre expofé à l'air fe décompose & paffe à l'état d'argile; cependant ce verre eft formé du quartz le plus

pur.

pas

V. Quoiqu'il ne foit auffi prouvé que la terre quartzeufe ou l'argile puiffent paffer à l'état de terre calcaire, c'est cependant trèsvraisemblable.

VI. La terre calcaire réduite à l'état de chaux vive se rapproche beaucoup des alkalis fixes, comme nous l'avons vu.

Toutes les terres paroiffent donc rentrer dans l'ordre des fubftances falines. Les unes font dans la claffe des acides, telles font les terres métalliques; les autres dans la claffe des fubf tances alkalines, telles que la chaux, la magnéfie, la terre pefante, l'argile & la terre vitrifiable ou filicée. Ainfi dans cette hypothèse l'idée de Schéele ne feroit vraie qu'en partie; c'est-à-dire qu'on ne pourroit mettre au nombre des acides que les terres métalliques, & les autres rapprocheroient davantage des fubftances alkalines; & on doit même observer

que ces terres métalliques avant que de paffer à l'état d'acides, tiennent beaucoup de la nature des chaux calcaires & des alkalis, ainfi que nous l'avons vu. La terre pefante en particulier a toutes les qualités de la chaux.

Une feconde conféquence, pas moins intéreffante, que nous devons déduire, eft que les fubflances alkalines ne font pas bien éloignées des acides. Car les terres métalliques à l'état de chaux ont toutes les qualités des alkalis; & un peu plus calcinées deviennent acides. Peutêtre feroit-il poffible de faire paffer les alkalis & la chaux calcaire à l'état acide. Au moins ne pouvons-nous douter que chez les animaux & les végétaux, les acides ne paffent à l'état d'alkalis.

Mais fi les acides ne font compofés, comme il paroît, que des différens airs, favoir, d'air pur, d'air inflammable, d'air impur, &c. de la matière du feu, de l'eau, &c. fi les alkalis ne font également compofés que des mêmes principes différemment modifiés ; il s'enfuivra que ce qu'on a appelé terre ne feroit plus un élément, mais un compofé. C'est à des expériences ultérieures à nous donner des lumières fur cette matière intéreffante, & à confirmer ces idées, qui dans ce moment me patoiffent très-vraisemblables.

On

On feroit d'abord tenté d'objecer que les différentes espèces d'air, l'eau & le feu, font des. principes trop volatils pour avoir la folidité de la terre. Mais nous voyons les acides, tels que le phosphorique, le boracin, l'arfenical, &c. fupporter le plus grand feu & fe vitrifier fans fe volatilifer. Nous ne pouvons cependant douter qu'ils ne foient compofés que d'air, d'eau & de feu.

[blocks in formation]

DE LA VITRIFICATION. Tous les corps paroiffent folides naturellement. Ils ne tiennent leur liquidité que du feu, ou principe de la chaleur, & dès que celui-ci les abandonne, ils reprennent leur folidité.

Dans ce paffage de l'état de liquidité à celui de folidité, il fe préfente différens phénomènes, qui méritent d'être observés; 1o. une partie du principe de la chaleur qui tenoit le corps liquide, fe dégage, & il eft des circonftances où cette chaleur est très-fenfible, comme dans la cristallisation de plusieurs fels; 2o. lorfque l'eau paffe à l'état de glace, il y a auffi dégagement de la matière de la chaleur & le thermomètre remonte un inftant.

Mais le phénomène qui nous intéresse le plus dans ce moment, eft ce qui se passe relativement à l'arrangement des parties. Si le refroidiffement est prompt & fubit, que la masse ne foit point homogène, tout demeure mêlé & confondu. Si au contraire le refroidiffement eft lent, chaque partie obéiffant à la force d'affinité s'arrange avec ordre, & cristallife d'une manière plus ou moins régulière. Enfin,

1

« AnteriorContinuar »