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cristallisation confufe. Il n'est pas douteux que ces dernières portions étoient la portion de chaux diffoute dans l'eau & qui s'étoit précipitée. Aufli ayant rempli d'eau diflillée la cornue & l'ayant fait bouillir, une partie de ce réfidu fut rediffous & forma de l'eau de chaux. Une autre fois ayant mêlé de ce réfidu avec le fec ammoniac, il en dégagea l'alkali ammoniacal.

Mais de quelle nature font ces cristaux, & la partie du réfidu qui n'a pas été diffoute dans l'eau ? L'acide nitreux les diffout avec effervefcence. Il paroît donc que c'eft du fpath calcaire régénéré, c'eft-à-dire, de la chaux unie à de l'air acide. Mais d'où vient cet air acide? Il ne pouvoit pas être contenu dans l'eau de chaux. Il faut donc ou qu'il fe foit formé dans l'opération, ou qu'il foit venu de l'extérieur en traverfant les vaiffeaux de verre. Ce dernier fentiment paroîtroit plus vraisemblable. Car nous favons que l'air acide traverse les vaiffeaux de grès, de porcelaine; ainfi il peut également traverfer ceux de vérré. Effectivement, quoiqu'il fût peut-être poffible qu'une portion d'air s'uniffant à la chaux formât de Pair acide, dans l'inftant où paroiffent les crif taux, il n'y a pas une quantité fenfible d'air dans l'eau de chaux, puisqu'ils ne paroiffent

qu'après une longue ébullition de l'eau de chaux qui en a pour lors dégagé tout l'air. Au refte, le fait eft conftant, quelle qu'en foiz la cause.

Ces expériences nous conduisent à la queftion de la décompofition de l'eau. L'eau eftelle une fubftance élémentaire indécompofable? ou peut-elle fe changer en air, en terre?

La première opinion a été la plus généra lement fuivie ; & prefque tous les Philofophes anciens ont regardé l'eau non comme un être fimple, mais comme un élément que rien ne -prouvoit avoir été décompofé.

Cependant, les Egyptiens qui regardoient l'eau comme le premier principe de tous les corps, devoient croire qu'elle pouvoit fe changer en terre, en air, &c. Thales fut le feul Philofophe de la Grèce qui embraffa leur doctrine.

Vanhelmont, Boile, Newton lui-même ont penfé en dernier lieu que l'eau pouvoit fe changer en terre. Les preuves que Vanhelmont en apportoit étoient tirées de la végétation. Il avoit planté un faule pefant so livres dans un pot qui contenoit 100 livres de terre. Il arrofoit fon arbre avec de l'eau très-pure. Au bout de cinq ans, l'arbre pefoit 169 livres, 3 onces, & la terre n'avoit perdu que 2 onces, d'où il

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conclut que cet arbre n'ayant été nourri que d'eau, cette eau s'étoit changée en terre pour fournir toute celle qu'il trouvoit dans cet arbre.

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Boile répéta fur des courges les mêmes expériences avec fuccès. Il ajouta encore de nouvelles preuves à celles-ci. Il diftilla dans des vaiffeaux de verre, & avec le plus grand foin plufieurs fois la même eau, & à chaque diftillation il y avoit toujours un résidu terreux lequel il croyoit venir de la décompofition de l'eau.

On a encore varié cette expérience. On renferme de l'eau diftillée dans un matras bien propre. On allonge le col du matras à la lampe de l'émailleur, & on le fcelle hermétiquement, pour lors on expofe le matras à un feu de lampe pendant plufieurs jours. L'eau, au bout de 48 heures, commence à changer de couleur & à fe troubler; elle blanchit & finit par devenir épaiffe s'il y en a peu. On la croyoit convertie en terre.

1. Mais ayant examiné de plus près la chose, on a trouvé que c'étoit du verre diffous par l'eau, & effectivement le matras eft dépoli, ce qui ne laiffe aucun doute que le verre n'ait été décomposé.

On a donc entièrement abandonné la pré

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tendue converfion de l'eau en terre. Mais d'autres Phyficiens ont cru pouvoir la convertir en air.

M. Eller a dit, dans les Mémoires de Berlin 1745 & 1750, que l'eau pouvoit s'invertir en air, d'après plufieurs expériences.

M. Macquer rapporte dans fon Dictionnaire (article Gaz inflammable) que M. Sigaud de la Fond & lui ayant brûlé de l'air inflammable contre une foucoupe de porcelaine, ils apperçurent des gouteletes d'eau.

Dans les expériences que je publiai ( Journal de Phyfique 1781,) fur l'air inflammable retiré de la limaille de fer par le feu feul, je brûlai cet air contre une glace, & j'obtins beaucoup d'eau. J'en conclus que cette eau étoit dans l'air inflammable, & qu'elle étoit dégagée par la combustion.

M. Valthire, en brûlant l'air inflammable dans des vaiffeaux, a observé la même humidité.

M. Cavendish, en enflammant deux parties d'air inflammable & une d'air pur, obtint auffi beaucoup d'eau, & il n'eut pour réfidu que des deux airs, comme l'avoit déjà observé M. de Volta, en faifaut détoner ces airs dans fon eudiomètre ou piftolet. M. Cavendish tira de cette expérience, une conclufion toute

opposée à la mienne, & crut que les deux airs étoient changés en eau.

La conclufion de M. Cavendish a été adop tée par plufieurs Phyficiens, qui croient égale ment l'eau compofée des deux airs, Pair inflammable & l'air pur, favoir de 0,8686 d'air pur, & de 0,1314 d'air inflammable : ils ont même étendu cette doctrine plus loin ; & croyant l'eau décompofée dans la plus grande partie des opérations où on obtient de l'air inflammable, ils rejettent abfolument le phlogiflon ou principe inflammable que Stahl avoit admis dans un grand nombre de compofés.

Toutes ces expériences ne m'ont point paru affez concluantes pour me faire abandonner ma première opinion. Je perfifte à croire que comme l'eau n'eft point changée en terre dans les expériences de Vanhelmont, de Boile, &c.' l'air n'eft pas également changé en eau dans celle de Macquer, la mienne & celle de' M. Cavendish.

que

M. de Volta n'admet point également la compofition & la décompofition de l'eau. Mais il croit Pair pur eft l'eau unie à la matière de la chaleur ou du feu, & l'air inflammable, l'eau unie au phlogifton; dans leur combuftion la matière du feu & le phlogifton s'échappent, & leur eau demeure,

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