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les acides vitriolique & phosphorique, faturés d'air inflammable.

La même chofe ne peut avoir lieu avec l'acide du fucre, parce qu'il fe décompofe. D'un autre côté, dans la combuftion de l'air pur & de l'air inflammable, il y a de l'eau & les airs difparoiffent. La combuftion du fucre, du foufre, du phosphore, donne des acides étendus d'eau ; donc cette eau vient de la combuftion d'une portion de l'air pur avec l'air inflammable du fucre, du foufre, du phosphore.

Enfin, le fucre, le foufre, le phosphore,

traités avec l'acide nitreux, donnent les acides. faccharin ou oxalin, vitriolique & phosphorique, & on a beaucoup d'air nitreux. Cet air nitreux eft ici formé de la combinaison de l'air inflammable de ces fubftances avec une portion de l'acide nitreux décompofé, tandis qu'il fournit d'un autre côté une portion d'air pur à ces acides, qui font à l'état d'acide fulfureux pour les faire paffer à l'état d'acide vitriolique comme dans l'expérience IV. Nos adversaires difent que cet air nitreux vient uniquement de la décompofition de l'acide nitreux. Mais nous avons vu que l'acide nitreux en fe décompofant, ne donne point d'air nitreux.

Ces explications me paroiffent fimples & naturelles. L'air pur absorbé fe retrouve dans

les acides, mais en différens états. Enfin, tout eft ici commun entre le fucre, le foufre & le phofphore. Or, puifqu'on admet de l'air inflammable dans le fucre, comment pouvoir le nier dans le foufre & le phofphore?

Ainfi il me paroît donc bien démontré que le foufre, le phosphore, les métaux, font des acides faturés par l'air inflammable, ainfi que le fucre, le benzoin, le fuccin. La feule difficulté qu'on oppofoit étoit de faire voir ce que devenoit l'air pur absorbé. Or je viens de le démontrer.

Nos adverfaires pourront dire que lorsqu'on fait bouillir l'acide vitriolique avec l'air inflammable, il fe dégage une portion d'air pur de l'acide, lequel air pur fe combinant avec l'air inflammable, forme de l'eau, & cet acide ayant perdu de l'air pur devient acide fulfureux.

par

Mais il eft certain & reconnu que l'acide vitriolique en bouillant ne donne point d'air pur. On pourroit dire que l'air inflammable fon affinité avec l'air pur opère cette décompofition. Quand même nous l'accorderions, il refteroit toujours à prouver que l'air pur & l'air inflammable peuvent former ou laisser dégager de l'eau fans combuftion. Or c'est ce qui eft contraire à tous les faits que nous avons vus. Cependant comme nos adverfaires fuppofent

fans ceffe que l'air inflammable dans fon état naiffant, fuivant l'expreffion de M. Priestley, c'est-à-dire, au moment qu'il fe dégage, forme de l'eau s'il rencontre de l'air pur; que de même l'air pur, au moment où il fe dégage, formera de l'eau s'il rencontre de l'air inflammable, ils devroient nous apporter des expériences décifives. Mais ils partent toujours des mêmes fuppofitions.

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Nous avons fait voir au contraire que par tout où on fuppofe l'air pur & l'air inflammable former de l'eau fans combustion, ces deux airs font combinés, ou entr'eux ou avec d'au tres fubftances. Prenons l'acide marin avec excès d'air pur, qui nous eft le moins favorable. Si on mêle cet acide avec l'alkali ammoniacal, avec l'efprit-de-vin, avec le fer, &c. il fe combine avec ces fubftances, & il n'y a point de dégagement d'air inflammable. Mais voici ce qui fe paffe. Cet air inflammable ne forme pas de l'eau. Mais il fe combine avec l'acide, qu'il ramène à l'état d'acide marin ordinaire; tandis qu'une portion de fon air pur s'unit ou à la chaux métallique ou avec l'espritde-vin, &c.

Au refte, quand il feroit vrai que l'acide vitriolique, le phosphorique, comme les chaux & acides métalliques, traités avec l'air inflam

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mable pour passer à l'état de foufre, de phof phore & de métaux, perdroient une partie de leur air pur, en forte que ces acides ne seroient pas en entier dans le foufre, le phofphore, &c. cela ne prouveroit rien en faveur de nos adverfaires. Ils ne fauroient en conclure 1°o. que le foufre, le phosphore, les métaux, les bafes des acides animaux & végétaux, font des étres fimples; 2°. que toutes ces fubftances ne contiennent pas un principe inflammable ; 3°. que l'air inflammable qu'on en retire par différens procédés vienne de la décompofition de l'eau.

Ce font les feuls points contestés, & dont je crois la vérité démontrée de notre côté, par tous les faits que nous venons de rapporter. Il eft de toute certitude que le foufre ou l'acide vitriolique, le phofphore ou l'acide phosphorique, l'acide marin ou le principe muriatique, les acides végétaux ou leurs bases, font produits journellement, foit dans les êtres organifés, foit dans les nitrières, foit dans les cloaques par le concours de différens airs; favoir, de l'air atmosphérique & de l'air putride, lefquels contiennent 1°. l'air pur, 2°. l'air impur, 3°. l'air inflammable, 4°. l'air acide, 5o. de l'eau, 6o. la matière de la chaleur. Par conféquent ces acides ou leurs bases ne peuvent être regardés 1°, comme êtres fimples;

2.

593 2. ils contiennent un principe inflammable. On l'avoue pour les acides animaux & végétaux ; comment le nier pour les autres. 3°. Ce principe inflammable par conféquent pourra en être dégagé ; & il l'eft effectivement par diffé rens procédés.

Cette multitude de faits me paroît établic d'une manière folide mon opinion, qui d'ail, leurs eft bien plus philofophique & plus conforme à la marche fimple & grande de la

nature.

ADDITIONS

De l'Air animal,

L'AIR de la vessie de la carpe me paroît contenir une nouvelle espèce d'air. J'ai répété un grand nombre de fois les mêmes expériences, pour savoir si je pourrois le rappor ter à quelques-uns de ceux qui nous font connus. Mais il m'a paru toujours avoir des qualités particulières.

J'ai pris une veffie de carpe, lavée légèrement, pour la dépouiller du fang qui y étoit adhérent ; & bien effuyée, je l'ai introduite fous une cloche pleine de mercure, & l'ai percée Tome II.

PP

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