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DES ACIDES ANIMAUX.

ON N appelle fels effentiels chez les végétaux les fels neutres qu'on retire en faisant infuser les plantes, ou même les faifant bouillir dans clarifiant ces infufions, & les mettant à

l'eau,

criftallifer.

Je donnerai auffi le nom de fels effentiels 'des animaux, à ceux qu'on obtient par le même procédé; en faifant évaporer les différentes liqueurs animales & les faifant cristallifer, il fe dépofe plufieurs efpèces de fels.

Le lait contient, comme nous l'avons vu, de l'alkali végétal, ou potaffe, du fel marin de potaffe, & une partie fucrée.

Le fang donne, par ce même procédé, 1o. l'alkali de potaffe, 2°. le, natron, 3°. le fel marin de potaffe, 4°. le fel marin de natron, 5°. du fel marin ammoniacal, 6°. du vitriol de natron, 7°. du fel phofphorique de natron, 8°. du fel phofphorique ammoniacal. On retrouve une partie des mêmes fels dans la bile, dans l'urine, &c. 9°. Enfin, Rouelle a trouvé

le fel benzonique dans l'urine, & Schéele dans le lait. 10. M. Poulletier de la Salle a retiré le même fel benzonique des pierres biliaires.

11°. Schéele a cru appercevoir un fel femblable à celui du fuccin dans les calculs ou pierres de la veffie. 12°. Enfin toutes les matières animales contiennent le principe que j'ai appelé principe falin animal.

L'acide phosphorique paroît être souvent libre ou non combiné dans les matières animales. M. Berthollet a obfervé que fouvent l'urine rougiffoit les fucs bleus végétaux. Il y ajouta pour lors de l'eau de chaux. Il eut un fel phofphorique calcaire qui fe précipita.

La fueur paroît auffi contenir quelquefois un acide libre & non combiné. Car elle rougit les fucs bleus & fent l'aigre chez un grand nombre de perfonnes. Seroit-ce l'acide de la graiffe, ou du fucre de lait? Je le croirois affez, parce que les acides végétaux donnent plus particulièrement cette odeur. Il fe pourroit cependant que ce fût l'acide phofphorique. Car on fait que la fueur a beaucoup d'analogie avec l'urine. Il faut attendre des expériences ultérieures.

Il est cependant furprenant que l'acide phofphorique fe trouve ainfi libre, puifque nous avons vu toutes les liqueurs animales contenir une quantité affez confidérable de natron non combiné. Il fembleroit que cet acide & cet alkali devroient pour lors fe combiner pour former un fel phosphorique de natron.

Nous avons encore ici un autre phénomène digne d'être obfervé. L'acide nitreux ne fe retrouve point chez l'animal. Cependant il est certain qu'il y a fouvent des fels nitreux portés dans l'économie animale. Les animaux mangent la bourrache, la mercuriale, la pariétaire, &c. où ces fels font abondans. Plufieurs recherchent le nitre dans les lieux où il effleurit. Enfin, les hommes prennent souvent du nitre. Il faut donc que cet acide foit décomposé par l'action des forces vitales.

On n'y retrouve également presque aucun des acides végétaux contenus dans les plantes. Car l'acide benzonique du lait, de l'urine, &c. quoiqu'exiftant dans certains végétaux, n'est point dans ceux dont fe nourriffent plus particulièrement les animaux.

Mais l'acide faccharin ou oxalin, le malummien, le citronien, & ceux de toutes les huiles & réfines répandues fi abondamment dans toutes les plantes dont fe nourriffent les animaux, ont difparu. Il n'y a que le feul acide du sucre qu'on retire des animaux. Il n'y est pas fous forme d'acide. Il fe trouve feulement dans le corps muqueux ou la partie fucrée du lait.

L'acide fébacé paroît bien être le même que celui des huiles ineffentielles des plantes. C'eft encore le même que celui du beurre. Cepen

dant il fe pourroit qu'il eût déjà fubi quelques legères modifications.

On retrouve dans la gelée animale un acide qui se dévelope un inftant avant qu'elle paffe à la putréfaction. Je crois que c'eft l'acide du corps muqueux végétal. Nous favons que cet acide dans les gommes, paffe à l'état d'alkali ammoniacal. Ce fera donc le même qui dans la gelée animale fe développe quelque tems avant qu'elle arrive à la putridité.

J'ai effayé de combiner cet acide avec quelque fubftance pour le dégager avant qu'il fe décompose. J'ai verfé en conféquence de Palkali fixe & de l'eau de chaux dans cette gelée aigrie. Mais je n'ai pu en féparer aucuns fels.

Enfin le fuc gaftrique paroît contenir un acide tout développé dans beaucoup de circonftances. On fait qu'il y a un acide dans l'eftomac des veaux, dont on fe fert pour faire cailler le lait. Les hommes ont fouvent des aigreurs, & vomiffent des matières acides. D'autres fois, il eft vrai, ils ont des rapports oppofés, en forte qu'on ne fait point encore fi cet acide ne viendroit point des alimens. C'est le fentiment de M. Spallanzani, qui croiɛ que dans fon état naturel le fuc gaftrique n'eft ni acide ni alkalin.

Mais nous avons une claffe nombreuse d'ani

'maux qui contiennent une grande quantité d'acide libre & non combiné. Ce font les infectes. Leurs acides font particuliers & rentrent pour ainfi dire dans les acides végétaux. Car il faut regarder les infectes comme des êtres intermédiaires entre le végétal & les grandes efpèces d'animaux. Ils refpirent, comme les végétaux, par des trachées, & quelques-uns vivent prefque comme eux. Car le polype, par exemple, dont on a coupé l'eftomac & toutes les autres parties, ne peut prendre de la nourriture qu'en fuçant, pour ainfi dire comme les chevelus des plantes.

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On connoiffoit depuis long-tems que les fourmis contenoient un acide affez vif & piquant. Lorfqu'on les irrite dans leurs fourmillières avec un bâton, elles lancent une liqueur dont le bâton eft couvert, & qui eft acide au goût. Je n'ai pu m'en procurer pour le diftiller. Mais M. l'abbé Fontana, qui en a distillé, dit en avoir retiré les mêmes airs que des acides végétaux. Cet air a été diminué d'un quart ou d'un fixième par l'eau de chaux qu'il a précipité. Le reftant, mêlé avec l'air nitreux, a éprouvé une diminution. Enfin, il s'eft enflammé à l'approche d'une bougie allumée.

Plufieurs autres infectes contiennent également des acides tout développés. M. Bonnet

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