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avoit obfervé qu'une chenille du faule donnoit un acide très-vif. Mais M. Chauffier a fait un travail plus fuivi fur ces acides; il en a retiré un du ver à foie. Lorfque fon papillon se dégage de fon cocon, il répand une liqueur qui rougit le papier bleu. M. Chauffier a fait infufer plufieurs de ces vers dans l'efprit-de-vin, & il a obtenu un acide affez fort. Il a retiré par le même procédé des acides des fauterelles, des punaifes rouges, du millepied, de la lampyre & de plusieurs autres infcâes. Il n'eft pas douteux que tous ces acides fe décomposeroient également par la diftillation & donneroient les mêmes produits que celui des fourmis.

Tout annonce donc que ces acides des infectes fe rapprochent beaucoup de ceux des végétaux, & qu'ils font compofés des mêmes principes.

De tous ces faits,nous pouvons donc conclure que l'acide qui paroît le plus approprié à l'économie animale, eft l'acide phosphorique. Il fe trouve abondamment dans l'urine, dans le fang, dans les os, &c. Une partie y eft fans doute portée par les végétaux, dont la partie glutineufe contient beaucoup de cet acide. Mais, n'y en auroit-il pas aufli de formé par le travail de l'animalifation? C'eft ce qui est vraifemblable, mais que nous ignorons.

DU CHARBON VÉGÉTAL ET ANIMAL.

TOUTES les différentes fubstances végétales & animales dont nous venons de parler, favoir les mucilages, les gommes, la partie amilacée, les huiles, les extraits, les extracto-réfineux & réfino-extractifs, enfin la fubftance glutineufe & les gelées animales, nous ont donné, à la distillation, en dernière analyse, une subslance noirâtre qu'on appelle charbon. Cette fubftance quoique effentiellement la même, présente ce pendant quelques différences.

Lorsqu'on a dépouillé un végétal de fes différens principes par les menftrues aqueux & fpiritueux, il reste encore une substance qui en conferve la configuration. Les plantes herbacées, par exemple, qui ont été long-tems macérées dans l'eau, font dépouillées de la plus grande partie de leurs principes. Le fquelette de la plante fubfifte néanmoins dans tout fon entier. Le chanvre trop roui, fur-tout dans de l'eau aiguifée d'alkali, eft dans ce cas. Lorfqu'on en a enlevé l'écorce, on apperçoit une matière d'une grande blancheur, fans faveur, trèslégère, &c. & qui a la configuration première

du végétal. Elle brûle néanmoins, donne de la flamme, mais peu de chaleur, & laiffe une cendre blanchâtre.

J'ai distillé une once de ce chanvre qui avoit été trop roui, il a paffé une petite portion d'huile & d'acide empireumatiques, avec 29 pouces d'air qui étoit un mêlange d'air inflammable, d'air acide, d'air impur & d'une petite portion d'air pur.

En épuifant davantage cette fubftance par des menftrues fpiritueux, des diffolutions d'alkali, &c. on la dépouilleroit encore plus d'huile & d'acide, & pour lors on obtiendroit un charbon fait par la voix humide, qui néanmoins donneroit toujours de l'air inflammable, de Pair acide, de l'air impur & de l'air pur.

Le charbon ordinaire fe fait par la combuf tion, On coupe le bois en petits morceaux, on le range en grandes meules, en ménageant des courans d'air; on couvre ces meules d'un peu de terre; on y met le feu qui confume lentement ce bois. L'eau qui en fort emporte la plus grande partie des fels effentiels de la plante.

On peut faire le charbon également dans des vaiffeaux fermés fans accès de l'air. J'ai mis quatre onces de bois de chêne dans une corpue de verre, que j'ai remplie d'eau qui avoit

bien bouilli. Un tube de verre empêchoit le bois, de fortir. J'ai chauffé la cornue, l'eau réduite en vapeurs s'eft dégagée. Il a enfuite paffé de l'huile, de l'acide & les airs ordinaires, &c. Il est resté au fond de la cornue un charbon, Ainfi le concours de l'air extérieur n'eft nullement néceffaire pour faire le charbon, on ne lui donne accès, dans les meules en grand, que parce qu'il feroit trop difpendieux de faire le charbon dans des vaiffeaux fermés. Ce charbon fait par combuftion, conferve en partie la configuration première du végétal. Enfin, dans toutes les diftillations de matières végétales & animales qu'on, fait en vaiffeaux fermés, on a toujours un réfidu charbonneux.

Ce charbon mis dans une cornue & pousse à un grand feu, donne de l'eau, de l'air acide, de l'air inflammable, de l'air pur & de l'air impur. Quelquefois on en obtient encore une portion d'huile, lorfqu'il y a quelques portions. qui ne font pas parfaitement charbonnées. Mais les airs qu'on en retire font en beaucoup. plus grande quantité que ceux qui se dégagent du charbon fait par la voie humide dont nous venons de parler. Auffi celui-ci donne-t-il moins de chaleur que le premier. On retrouve dans celui-là des fels effentiels, des alkalis qui ne font point dans le fecond, parce que l'eau.

les lui a tous enlevés. Je regarde donc ce fecond charbon fait par la voie humide, comme encore plus dépouillé de tout principe que celui fait par le feu,

Cette espèce de charbon, foit qu'on l'obtienne par la voie humide, foit par la combustion, ne me paroît donc être que la fibre végétale dépouillée de prefque tout autre prin cipe. Il eft infoluble dans tous les menftrues, excepté dans les alkalis, qui en diffolvent une partie, & dans le foie de foufre. Or les alkalis diffolvent également la partie glutineufe. Mais d'ailleurs tous les autres produits des végétaux font folubles dans l'eau, ou les huiles, ou les liqueurs fpiritueuses.

Or nous avons vu que la fibre végétale n'est que la partie glutineuse. Néanmoins cette partie glutineuse retient avec elle une grande partie de la fubflance amilacée, qui, par l'affinité qu'elle a avec celle-ci, réfifte à l'action des différens menftrues. C'eft cette grande quantité de substance amilacée qui fait que le charbon ordinaire du bois ne reffemble point à celui de la substance glutineufe. Mais pour acquérir plus de connoiffances fur la nature du charbon, examinons ceux qui donnent les différentes fubftances du règne végétał.

J'ai pris demi-once de bois de peuplier

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