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fixé, aquiert une grande fixité. Ainlì l'eau combinée ou unie avec l'alkali fixe, le tartre vitriolé, les criftaux pierreux, &c. peut fupporter les plus grands degrés de feu fans être volatilisée. L'acide vitriolique dans le vitriol de potaffe, le vitriol calcaire, &c. ne fe volatilife point. Il en eft de même des airs. Lorfqu'ils font combinés, ils réfiftent au plus grand degré de feu. Mais leur ajoute-t-on un corps volatil, tel que l'eau, ils fe volatilisent auffi-tôt ; & effectivement cet acide vitriolique que nous venons de voir être fi fixe dans le vitriol de potaffe, contient cependant beaucoup d'air pur & d'autres airs. Mais ces airs font combinés. L'eau produit donc ici relativement à ces airs, le même effet que l'efprit recteur des plantes relativement à l'huile effentielle. Cette dernière ne peut monter qu'à l'aide de l'efprit redeur, au degré de l'eau bouillante. Enfin, ce qui démontre que ces airs ne viennent point de la décompofition de l'eau, eft la portion d'air impur qu'ils contiennent toujours. D'ailleurs l'eau n'eft pas la feule fubftance qui puiffe dégager ces airs du charbon, qui a éprouvé le plus grand degré de feu, puifque les alkalis, le mercure, &c. produifent le même effet.

Ainfi pour réfumer fur cette matière, je

penfe que le charbon ordinaire eft un compofé 1°. de terre calcaire, 2° de magnéfie, 3°. de fer, 4°. d'or, 5°. de manganèfe, 6°. d'alkali fixe, 7. de différens fels neutrès. Toutes ces fubftances paroiffent réfider dans les diffé rentes liqueurs du végétal.

Mais ces fubftances enlevées, il refte encore 'd'autres principes dans le charbon. On en retire par la diftillation de l'air acide, de l'air pur, de l'air impur & de l'air inflammable. Le feu combiné ou le principe de la chaleur s'y trouve auffi; mais il ne peut être recueilli.

Ce font ces derniers principes qui forment vraiment le charbon. Ils paroiffent feuls conftituer les charbons des huiles effentielles, de l'éther, qui font les charbons les plus purs, &c. Or ces principes fe retrouvent également dans les huiles & les acides végétaux. Donc le charbon doit être regardé comme une fimple altération du principe huileux par un acide.

Enfin le charbon des matières animales & celui de la fubftance glutineufe contiennent beaucoup d'acide phofphorique. Peut-être le fer y eft-il à l'état de fidérite ou fel phosphorique martial.

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Ce même acide fe retrouve auffi, mais en petite quantité dans le charbon de bois ; celuici contient toujours la fibre végétale, laquelle Tome II.

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est composée de la fubftance glutineufe unie à une partie amilacée.

par la

Le charbon pur fera donc compofé de différentes espèces d'air, d'une portion d'eau avec une très-petite quantité de terre, dont on ne peut le dépouiller. Celui qui eft fait voie humide eft blanc; mais celui fait feu eft noir. Cette couleur eft produite par même caufe qui colore en noir les chaux d'argent, de bifmuth, &c. expofées à la lumière, à la chaleur, à l'air inflammable, &c.

par

le

la

Il paroît donc que dans les fubstances végétales & animales, il n'y a pas d'autres terres que la calcaire & la magnéfie. On avoit cru que l'argile s'y trouvoit. Mais ayant verfé de l'acide vitriolique fur les réfidus charbonneux & fait cristallifer, je n'ai point eu d'alun, mais feulement du vitriol calcaire & du vitriol de magnéfie. Enfin, il n'y a non plus point de terre filicée.

DE LA FERMENTATION

SANS

SPIRITUEUSE.

ANS ceffe occupée à combiner pour former de nouveaux produits, & ne formant ceux-ci qu'en en détruifant d'autres, la nature fe fert de la voie de la fermentation pour opérer la plupart de cès phénomènes dans les fubftances qui viennent des règnes organifés.

On peut donc diftinguer en général deux espèces de fermentation; l'une qui compofe, telle que celle qui produit le vin & toutes les liqueurs fpiritueufes, le pain, le vinaigre, &c. Enfin, celle qui chez les végétaux & les animaux élabore leurs liqueurs, & y forme cette variété étonnante de fubftances différentes. Car comme je l'ai fait voir dans mes Vues phyfiologiques, tout le travail des forces vitales dans les fubflances organifées fe réduit à une fermentation plus ou moins active.

La feconde espèce de fermentation est une decompofition apparente qui altère tous les produits de la première. Dans cette dernière, beaucoup de fubftances font réduites, pour ainfi dire, à leurs parties primitives; c'est pourquoi je l'appelle fermentation de décompofi

tion. Cependant il y a fouvent quelques produits nouveaux. Nous examinerons ici ces espèces de fermentation, principalement par rapport à l'influence qu'elles ont fur l'air.

Il n'y a que les corps muqueux qui puiffent fubir le mouvement de la fermentation fpiritueufe. Mais ces corps muqueux, ainfi que nous l'avons vu, préfentent de grandes différences à raifon des parties étrangères avec lesquelles ils font le plus fouvent mélangés, telles que la partie extractive, la fubftance glutineufe, l'huile, &c. &c. Leur fermentation variera par conféquent.

Quand je dis que les corps, muqueux font les feuls qui puiffent fermenter, ceci fouffre encore des modifications. Car le fucre qui eft le corps muqueux le plus parfait ne fauroit fermenter lorfqu'il eft bien pur. C'est ce qu'a bien conflaté M. le marquis de Bullion. Il a pris 120 onces du plus beau fucre & une livre & demie de crême de tartre, qu'il a étendus de 120 pintes d'eau, & mis à une température fuffifante. Néanmoins il n'a pu l'amener à fermenter. Sachant cependant que des fucres moins purifiés fermentoient facilement, & que ces fucres contenoient une partie extractive, il fit piler 16 livres de feuilles de vigne, qu'il ajouta à un mêlange femblable au précédent.

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