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Chez ANDRE' PRALARD, rue S. Jacques,
à l'Occafion.

M. DCC. I V.

AVEC PRIVILEGE DU ROr.

1

PREFACE.

E Livre que nous donnons au public fera fans doute d'un tres-grand ufage; l'on peut même dire qu'il regarde generalement tous les hommes: car il n'y en a point qui ne doivent tres certai nement mourir : il n'y en a point qui ne foient fouvent malades , ou qui ne puiffent le devenir: Il n'y en a point qui n'éprouvent de tems en tems quelque adverfité & quelque tribulation; & par confequent ils ont tous interêt de s'inftruire des faintes maximes qui font contenues dans les Traitez que nous leur prefentons. Ils y verront comment il faut juger des adverfitez temporelles ; en quelles difpofitions on les doit fouffrir; quel ufage il eft neceffaire d'en faire; & quels avantages on en peut ti rer, lors qu'on s'y foumet volontiers, & avec un efprit humble, pénitent, pénetré de l'énormité du peché, & convaincu de la neceffité de fatisfaire à la Justice Divine. Ils y verront comment.

il faut fe conduire pendant les maladies, & de quel oil on doit les regarder dans l'ordre de la providence, & lors qu'on a deffein d'operer fon falut. Ils y verront enfin que la mort eft un bonheur, un gain, une mifericorde pour les fideles › & que bien loin de la craindre & de la fuir, il faut s'en occuper tres-fouvent y penfer avec plaifir, l'aimer & la defirer. Il n'y a aucune difficulté dans le titre des deux premiers Traitez ; car on conçoit facilement ce qu'on doit entendre

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par

adverfitez, par les tribulations & par les maladies qui en font le fujet. Mais pour ce qui eft du troifiéme qui regat de la mort, faint Auguftin fait naître un fcrupule qu'il eft bon au moins de propofer aux Lecteurs éclairez & judicieux, afin qu'ils y faffent les reflexions qu'ils jugeront neceffaires. I témoigne douter que l'on puiffe dire qu'un homme eft mourant, ou au moins il foûtient qu'il eft tres-difficile de déterminer en quel tems il eft mourant : car tant que fon ame eft encore unie à fon corps, il vit, & il n'eft point mourant ; & lors qu'elle en eft feparée, il n'eft plus mourant, mais il eft mort.

Cette difficulté qui eft certainement tres-fubtile, & qui nous fait connoître la pénétration du genie de ce grand Saint, ne regarde à proprement parler que la

Phyfique, & ne fert de rien pour la conduite des ames; ainfi nous ne nous y arrêtrons point, & nous n'entreprendrons pas de la refoudre : car nôtre intention ptincipale eft de porter les fideles à fanctifier leur mort en quelque tems qu'elle puiffe arriver, & à la rendre chrétienne, heureufe & meritoire. Or chacun.comprend affez que la difcuffion de ce raifonnement ne les aidroit point à s'acquit ter de cette obligation. Nous dirons feulement que la mort naturelle, toute indivifible qu'elle paroît, a neanmoins plufieurs degrez, qu'elle dure quelquefois affez long-tems, & qu'elle s'étend même ordinairement pendant tout le cours de nôtre vie : car nous y tendons dès le premier moment que nous fommes fur la terre, chaque jour nous en approche, & nous voïons inceffament diminuer nos forces, nos fens s'éteindre, & nos corps déperir, ce qui est un commencement de mort, & par confequent nous fommes des mourans pendant un grand nombre d'années.

Mais nous ajouterons que cet embarras ne fe rencontre point dans la morale chrétienne, & qu'elle nous permet de dire en tout tems qu'un Chrétien eft mourant, parce que la mort qu'elle lui fait fouffrir, ne s'opere pas en un moment, qu'elle fe réitere tres-fouvent, & qu'elle

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