ture Sainte, les Peres & l'Antiqui- P. Moé Ecclefiaftique.

L'Italie étoit alors le Théatre des

gens de Lettres. Il y alla, & passa quelque temps à Venife auprès de Paul Manuce. Il fut enfuite appellé en 1555. à Vicence, pour y enfeigner la langueGréque & laCofmographie.

Après quelque féjour en cette ville, il fut attiré par un de fes amis à Ferrare, & y vêcut quelque temps auprès du Cardinal de Ferrare, frere du Duc Hercule, jufqu'à ce que fon pere le rappella à Paris l'an 1559.

Il avoit fort envie de voir Rome; avant que de quitter l'Italie, mais. les inftances de fon pere ne lui permirent pas de fatisfaire fes defirs. On avoit deffein de le marier, & de le rengager dans le Palais, mais Pierre Morin refufa l'un & l'autre de ces engagemens.

La mort de fon pere arrivée quelque temps après, l'ayant laiffé libre de difpofer de lui-même, il retourna en Italie, à la follicitation des amis qu'il y avoit, & fe rendit à Rome la derniere année du Pontificat de Pie IV, c'eft-à-dire en 1565

RIN.

P. Mo- Il en fortit pour faire un voyage

RIN.

de

devotion à Lorete, d'où il alla à Venife, à Vicence, & ensuite à Verone, où il demeura quelque temps auprès du Cardinal Navagerio, Evêque de

cette ville.

Il fut appellé enfuite à Reggio, & il y profeffa les Belles-Lettres, pendant les années 1571. & 1572. comme il paroît par les difcours qu'il prononça dans le College de cette ville.

Un livre de l'Elocution, & des figures de Rhetorique, qu'il compofa alors à la follicitation du Cardinal Charles Borromée, qui avoit de la confideration pour lui, lui pluttellement, qu'il l'engagea à venir à Rome, pour y tenir fa place dans l'Academie du Vatican.

Il y alla en 1575. & y demeura jufqu'à la fin de fa vie, occupé à remplir les fonctions de l'emploi de Scribe de l'Imprimerie du Vatican, & à compofer quelques Ouvrages. Il y mourut l'an 1608. âgé de 77

ans.

C'étoit un homme d'une humeur égale, franc, fimple, fincere, doux,

civil, agréable, & de bonnes mœurs, P. Mo qui aimoit le bien, & haiffoit la four-RIN. be & la fupercherie. Il ne portoit envie à perfonne, meprifoit les honneurs & les richeffes, & n'avoit d'autre paffion que l'étude. Il avoit beaucoup de Critique, un jugement fort fain, & une memoire merveilleufe. Il favoit en perfection les langues Latine, Gréque & Hebraïque, & n'ignoroit pas l'Arabe, le Syriaque & le Chaldaïque. Colomiés ne le connoiffoit pas apparemment, puisqu'il ne lui a point donné de place dans fa Gallia Orientalis. Il parloit Italien, comme un Italien même. Il étoit très-habile dans les Belles-Lettres, favoit parfaitement les Poëtes & les Orateurs Grecs & Latins, & employoit fort à propos leurs fentences; du refte très-zelé pour le bien de l'Eglife & de la République des Lettres, & plein de Religion & de Pieté. C'eft le caractere qu'en donne M. du Pin. Mais il en a trop dit, quand il a avancé qu'il n'y avoit point eû en ce temps-là d'homme de Lettres, qui eût plus d'érudition & de beauté d'efprit. Parler ainfi‚'

P. Mo- c'eft ne guéres connoître les perfon nes d'efprit & d'érudition qui vivoient alors à Rome.

RIN.

Il avoit envoyé fes Ecrits à M. Prouft, fils de fa fœur pour les faire imprimer; celui-ci ayant negligé de le faire, ils tomberent après fa mort entre les mains du P. Quetif, Jacobin, qui les donna au public fous ce titre.

Petri Morini, Parifienfis, Presbyteri & Theologi, Vaticanique olim Scholaftici & Secretarii, Vaticana Typographia Prapofiti, Opufcula & Epiftola, nunc primum e tenebris ex fide MSS. Authoris in lucem prodeunt, opera & ftudio F. Jacobi Quetif. Parif. 1675. in-12. Je crains que l'Editeur n'ait un peu enflé dans ce titre les qualités de l'Auteur, qu'il donnoit au Public. Quoi qu'il en foit, voici les Ouvrages qu'on trouve dans ce Recueil.

1. Epiftola ad Nicolaum Prouft Def carneaux Nepotem fuum, de vita & Scriptis fuis.

2. De recto fcientiarum usu libri tres. Cet écrit eft daté de l'an 1578. Morin témoigne dans la lettre préce

dente, qu'il aimoit alors beaucoup P. Moà composer, mais qu'il en fut de- RIN. tourné dans la fuite par d'autres occupations.

3. Paranefis, five Exhortatio ad Gracos. Cette exhortation, qui eft divifée en deux parties, avoit été faite pour fervir de Préface au Concile de Florence.

4. Orationes Aufpicales à P. Moripublico Profeffore, Regii Lepidi habita. Ces trois difcours font des années 1571. & 1572.

5. Orationes Publica in Conventu Ordinum Gallia generali Blefis habite; à P. Morino juffu Gregorii Papa XIII. Latine reddita. Ces trois difcours font 1°. Regis Chrift. Henrici III. die 6 Decembris 1576. habita. 11. Renati de Biragues Francia Cancellarii eadem die habita. 111. Petri d'Efpinac Archiepifcopi Lugdunenfis nomine Cleri Gallicani die 17 Januarii 1577. habita.

6. S. Bafilii Magni & S. Joannis Chryfoftomi Orationes & Conciones ex Graco Latine reddita. P. Morino Interprete. C'eft une traduction du Difcours de S. Bafile fur les 40 Martyrs,