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Syft. intell.

rémon, Plutarque, & Eusebe lui-même, ont penfé plus favorablement des Egyptiens que Diodore (1). Ce peuple n'é- (1) Voyez toit pas tellement abruti par l'idolâtrie, Cudwort dont il fut des premiers à faire profef- p. 17. de fion, qu'il n'eût confervé en même, l'éd. J'angl. tems l'idée d'une intelligence fupérieure à ce monde matériel: n'ayant jamais crû, comme l'Auteur Grec que nous avons cité le leur impute, qu'une natu re inanimée eût été l'origine de tous les Etres; puifque, felon eux, il en étoit de l'univers comme de nous-mêmes : l'ame étoit fupérieure au corps ; de même dans le monde l'intelligence l'étoit à la nature. Ils donnoient à cet Etre, qu'ils croyoient antérieur à la formation du monde, le nom de Cnef (2), & le re-(1) Euf. 1. préfentoient, fuivant Porphyre, fous la figure d'un homme qui tenoit un fceptre à la main, ayant la tête couverte d'un plumage magnifique, & à la bouche un oeuf, fymbole du monde qu'il avoit formé. Les mêmes peuples repréfentoient auffi la Divinité fous la figure d'un ferpent replié en rond, tenant fa queuë dans fa bouche, pour nous apprendre qu'elle n'avoit ni commencement ni fin ; & de plufieurs autres manieres toutes fymboliques & mystérieuses. Ce n'est

cit.

des.

pas qu'ils n'ayent adoré encore d'autres Divinités, fur tout le Soleil, fous le nom d'Ofiris ou d'Orus, la Lune fous celui d'Ifis, & plufieurs autres dont nous parlerons dans une autre occafion : leur idolâtrie ayant été en grande partie la fource de celle des Grecs, des Romains & des autres peuples d'Occident, où elle fut communiquée par les Colonies qu'ils y envoyerent en

différens tems.

Théogonie Les peuples des extrémités Occidendes Atlanti tales de l'Afrique, appellés Atlantides, du mont Atlas, avoient auffi une Théogonie particuliere, dont Diodore (1) 1. 1. c. 4. de Sicile (1) nous a confervé le fouvenir, fans nous dire fi ces peuples l'avoient reçûë des Grecs avec la Théologie defquels elle avoit beaucoup de rapport, ou fi ces Atlantides la leur avoient communiquée. Cette Théogonie au refte ne remonte qu'aux hommes déifiés, & ne fait aucune mention d'un premier Etre. Uranus, difoient ces peuples, leur premier Roi, leur apprit plufieurs chofes utiles, regla l'année sur le cours du Soleil, & les mois fur celui de la Lune, & fit plufieurs prédictions que l'effet juftifia: fes fujets, par reconnoiffance, lui rendirent après fa mort les

honneurs

honneurs divins, ainsi qu'à sa femme Titée, dont il avoit eu plufieurs enfans, qu'on nomma Titans, du nom de leur mere. Ces Titans, jaloux de la réputation d'Helion & de Selené fa foeur, les firent périr, ainfi qu'Hiperion leur pere: Helion & Selené reçurent les honneurs divins, l'un fous le nom du Soleil l'autre fous celui de la Lune. C'est-àdire, que les premiers Dieux des Atlantides furent le Ciel, la Terre, le Soleil & la Lune, ainfi que le fignifient leurs noms (1).

Cependant les Princes Titans, principalement Saturne & Atlas, après la mort de leur pere Uranus, partagerent fon Empire. L'Afrique échut au dernier, qui donna fon nom au mont Atlas:, & comme ce Prince s'étoit beaucoup appliqué à l'Aftronomie & à la connoiffance de la fphére, & qu'il faifoit fes découvertes fur cette montagne, on publia qu'il foutenoit le Ciel. Hefperus, un de fes fils, fuivit les traces du pere; & étant mort fur l'Atlas, on le plaça parmi les Aftres. Atlas avoit eu fept filles, qu'on nomma ou les Atlantides, ou les Pléiades ; fçavoir Maia, Electra, Taygete, Afterope, Mérope, Halcione & Celeno, qui furent toutes mariées Tom. I.

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à des Dieux, fi on en excepte Electra, c'est-à-dire, à des Princes de leur fang; & après leur mort, on publia qu'elles formoient dans le firmament la conftellation des Pléiades. Saturne, qui eut en partage l'Espagne, la Celtique & plufieurs autres provinces, étoit un Prince cruel & avare. Il eut de Rhea fa

foeur & fa femme, Jupiter Olympien, différent d'un autre Prince du même nom, qui regna dans l'ifle de Créte, frere d'Uranus, & par conféquent oncle de celui-ci, mais moins célebre que lui. De ces Princes & des Pléiades fortirent les autres Dieux, comme Mercure, Apollon, &c.

On eft étonné que Diodore, en rapportant cette Théogonie, ne faffe aucune mention de Neptune, dont le culte, felon Herodote, étoit très-ancien dans l'Afrique, & avoit paffé de là dans la Grèce; ni de Minerve, qu'on difoit avoir paru pour la premiere fois fur les bords du lac Triton, qui étoit dans la Lybie. Venons maintenant à la Théogonie des Grecs, que nous tirerons d'Orphée, d'Hefiode & d'Ovide. Vous nous avez extrêmement abrégé, dit Alcidon, ce qui regarde les autres Théogonies; mais nous vous prions de

vous étendre un peu davantage fur celle-ci. Elle eft la feule dont on faffe ufage; les Poëtes Grecs & Latins y faifoient de continuelles allufions; on ne fçauroit guéres les entendre qu'on ne la pofféde. Je fuis bien difpofée à vous entendre, reprit Eliante; & ne croyez pas m'ennuyer.

ment de San

Pour commencer, dit l'Abbé, par Théogonie Orphée que les Grecs regardoient des Grecs. comme le premier Auteur de leur Religion & des cérémonies qui l'accompagnoient, quoique je ne croye pas que le tems nous ait conservé aucun de fes ouvrages, nous pouvons cependant fça (1) Dans voir l'hiftoire de fon opinion fur l'ori- fon Livre au gine des Dieux, par un manufcrit de fujet du fragDamafcius, cité par Cumberland (1) coniathon. & par Cudwort (2), par l'abrégé de la (2) Syft. inCofmogonie Orphique, ouvrage de Ti- tell, mothée le Cronographe, & par les écrits des Pythagoriciens, qui renouvel- ' lerent dans la fuite fa doctrine. Et comme ces Philofophes, ainfi que les Platoniciens qui la fuivirent, étoient ceux qui fe piquoient le plus de Religion, & qu'ils avoient conçu une eftime particuliere pour Orphée, il y a bien de l'apparence que, quoiqu'on doive le regarder comme l'Apôtre du Polythéif

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