HISTORIQUE DES FABLES. Bar feu M. l'Abbé BANIER, de Belles-Lettres. NOUVELLE EDITION, TOME PREMIER, A PARIS, 4 M. DCC. XLII. Avec Approbation & Privilege du Roi. I' LEST AISÉ de s'appercevoir en lifant les Fables, qu'elles renferment plusieurs fens : Ce font autant d'enveloppes, fous lefquelles les Anciens nous ont caché plufieurs vérités. Ainfi ceux qui fe font appliqués à nous en donner des explications, fe font jettés dans différens partis; chacun y a découvert ce que fon génie particulier & le plan de fes études l'ont porté à y chercher : & comme les voiles dont les Poëtes ont couvert les vérités: qu'ils nous y enfeignent, ont répandu fur leurs Fables une obfcurité myftérieuse, on y a trouvé tout ce qu'on a voulu. Le Phyficien y a apperçu les myfteres de la Nature; le Politique, les rafinemens de la Sageffe; le Philofophe, la Morale la plus pure; le Chimiste, les fecrets les plus importans de Tome I. * A fon Art: enfin chacun a regardé la Fable comme un pays te, de conquê où il a cru avoir droit de faire des irruptions conformes à fes intérêts. Ce n'eft pas là le jugement qu'ont porté des Fables les anciens Peres de l'Eglife, Origene, Lactance, Arnobe, Saint Auguftin: Ils ont prouvé aux Philofophes Payens, qui avoient intérêt de donner à leurs Fables des fens allégoriques pour en diminuer les abfurdités qu'elles n'étoient dans leur origine que d'anciennes Hiftoires défigurées la licence des Poëtes; que par ceux-ci n'en avoient pas inventé le fond; qu'ils n'avoient fait que l'embellir. Les Sçavans du premier ordre, Bochart, Voffius, Heinfius, le Clerc, le Pere Tournemine, & tant d'autres, ont porté le même jugement des Fables, que les Peres de l'Eglife: Ils les ont regar |