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MR. MADELENET,

(Gabriel), natif de Saint-Martin du Puy, fur les confins de la Bourgogne, vers le Nivernois, né vers l'an 1587. mort le 20 de Novembre de l'an 1661. à Auxerre, âgé d'environ 74. ans Poëte Latin & François.

Madele 1495.

net.

Es Poëfies de cet Auteur furent

recueillies par les ordres & les foins de Louis Henri de Lomenie, Comte de Brienne & Sécrétaire d'Etat. Elles parurent à Paris l'an 1662. en un fort petit volume, qui ne contient prefque que des vers Lyriques, où il fait les Eloges de nos Rois Louis XIII. & XIV. de leurs Miniftres, & des principales personnes de la Cour.

Mr. Naudé l'appelloit l'unique Horace de fon fiécle (1). L'Eloge eft exceffif s'it a voulu donner l'exclufion à Cafimir, à Cerifantes & à Jonin.

Mais il eft conftant que Madelenet n'est point éloigné d'Horace, & qu'on ne peut lire l'éloge que Mr. Petit en a fait fans en convenir (2). Mr. de Brienne dit qu'il n'y a rien dans tous fes Vers (3) qui ne foit bien travaillé, limé & poli; qu'il est éxact &

1. Mafcurat, ou jugement des Ecrits qui fe font faits fur le Cardinal Mazarin pag. 236.

2. Petr. Petitus in Elog. Gabr. Madelen. præfix. carminibus ejufdem.

Madele

& correct, & qu'il ne laiffe pas d'être fort
châtié, quoiqu'il n'ait pas revû fes Oeu- net,
vres, qui n'ont paru qu'après fa mort. Il
ajoûte qu'il avoit plus d'art & d'étude que
de génie, qu'il étoit ennemi capital des
In promptu (4), qu'il étoit lent à produire
fes penfées, parce qu'il étoit difficile, fort
judicieux & très-éxact: mais que ce qu'il
y a de plus rare & de plus eftimable dans
fes Vers, c'est qu'il a eu autant de foin
de la pureté des mœurs que de celle du
ftyle, & qu'on ne trouve dans tout ce qu'il
a fait rien d'impur, de malhonnête, ni
de trop libre, & qu'il n'y a même rien de
mordant ni de fatirique.

Mr. Petit n'a point manqué de remar quer tant d'excellentes qualités dans l'Ecrit que j'ai cité plus haut, & il y en a en core ajouté beaucoup d'autres qui nous rendent la Memoire & les Poëfies de Mr. Madelenet d'autant plus aimables & précieuses, qu'une alliance de tant de vertus Morales & Poëtiques fe trouvent rarement en une feule perfonne. J'ajoûterai feulement deux chofes qu'il nous apprend, dont la premiére nous fera connoître que Madelenet avoit grand peur de paffer pour un Poëte croté, & la feconde, qu'il n'étoit nullement de l'humeur de ces Poëtes de bale qui faifoient des Vers à quatre francs le cent quand ils étoient grands, ou

3. Ludovic. Henric. Lomenius in admon, ad Lector. edition. hujus. Item Joh. Madelenetus in Præfation. ad Patrui Carmin. editionem.

4. Il y en a pourtant un à la fin de ses Poëlies.

net.

Madele- à quarante fols quand ils étoient petits (1). Car pour le premier point il étoit dans toutes les régles & dans la forme prescrite aux Poètes de qualité par Apollon, conformément à l'Article VIII. de la Réforme du Parnaffe rapporté par Mr. Gueret (2): & il étoit toujours fort propre en linge, en habits & dans tout ce qui regarde le foin du corps, dans fa chambre, dans les compagnies, & dans les ruës, mais par tout fans affectation. Et pour le second il fuffit de favoir qu'il n'étoit nullement curieux de cette gloire que tant d'autres Poëtes croyent trouver dans la multitude des Vers, qu'il travailloit long-tems fur les plus petites Piéces, qu'il limoit toujours & retranchoit fans ceffe ce qu'il faifoit, & qu'il ne favoit prefque jamais finir.

Ce n'est point là le feul défaut qu'on ait remarqué en lui. Le Pere Rapin reconnoît (3) qu'il n'a point d'élévation, quoiqu'il avoue qu'il eft fort pur dans fon ftyle, & qu'il s'elt diftingué du commun des Poëtes Lyriques. D'autres Critiques trouvent (4) qu'il n'a point affés de feu ni de vigueur. Et

1. Nouv. Allegor. des troubles furvenus au R. d'Eloq, pag. 161.

2. Parnaffe reformé, pag. 153. 154. & 81.

3. Ren. Rapin, Reflex. fur la Poëtiq. 2. partie Ref. xxx.

4. L'Abbé de S. Leu dans fes remarques für quelques Ouvr. d'Aut. Mod.

s. J. L. Guez de Balzac, Lettre xxr. du iv. Livr. à Chapelain, &c.

6. ¶. Jean Edouard du Monin natif de Gy en Franche-Comté, Poëte Latin & François, affecté

dans

Madele

Et pour faire voir le talent qu'il avoit pour la Poëfie Françoise il fuffit de lire net. ce que Mr. de Balzac en écrivoit à Mr. Chapelain (5), auquel il dit que Madelenet faifoit des Odes Latines comme Horace, & des Vers François comme du Monin (6), c'est-à-dire, fort mal, c'eft pourquoi il eut la prudence de défifter d'en faire, comme l'a remarqué Mr. Petit.

Nicolas Bourbon grand Poëte & grand Critique, quoique d'un goût très-difficile, s'écria la premiére fois qu'il vit de fes Vers ubi tamdiu latuisti?

MR. DE BREBEUF,

Natif de Rouen (7), Gentil-homme Normand, mort l'an 1661. âgé de 43 ans feulement. Poëte François.

1496.

MR. de Brebeuf a composé les Brebeuf. plus beaux Ouvrages, non pas dans les intervalles d'une phrénéfie Poëtique pareille à celle du Taffe, de Lucrece & des autres Enthousiastes furieux, mais

dans

dans fes expreffions jufqu'à s'en être rendu ridicule. Cette affectation paroit dans fa Berefithias, c'eft ainfi que du mot Ebreu Berefchit il a intitulé fa traduction en vers Latins de la premiére Semaine de du Bartas. Mais la liberté qu'il y a prise de forger de nouveaux mots, n'approche pas de celle qu'il s'eft donnée dans les Poëfies Françoifes. Il en avoit déja fait imprimer cinq ou fix volumes, lorfqu'il fut tué à Paris le s. Novembre 1686. dans fa 27 année.

7. ¶ 11 eft dit dans le Segraifiana que Brebeuf étoit de baffe Normandie, fans que le lieu de fa naiffance foit plus précisément marqué,

Brebeuf, dans ceux d'une fiévre maligne & opiniatre qui le travailla durant vingt ans entiers.

Ces Ouvrages font la Pharfale de Lucain [in-12. Paris 1682.], & les Entretiens Solitaires [in-12. Paris 1661.] outre lefquels il a fait encore des Eloges Poëtiques, & des Oeuvres diverfes qui comprennent des Stances, des Sonnets, des Epigrammes, &c. [in-12. Rouen 1662.] Mais il ne faut pas oublier qu'il a fait auffi deux Piéces de Poëfie Burlefque; favoir, le feptième Livre de l'Enéide, & le Lucain travesti (1) [in-8. Rouen 1656.]

1. De tous ces Ouvrages, il n'y en a point qui ait eu tant d'éclat dans le monde que la Pharfale. C'eft elle qui l'a fait déclarer Poëte & de tous les Critiques intelligens, les uns l'ont fait égal à son Origi nal (2), les autres l'ont mis au-dessus (3), & perfonne ne l'a mis au-deffous. Tout ce que les uns & les autres ont publié à l'avantage de ce fameux Ouvrage se trouve affés bien raffemblé dans la Differtation que Mr. du Hamel a faite fur les Ecrits de ce Poëte (4).

Il dit d'abord que jamais Ouvrage n'a tant mérité de louanges, & que jamais Ouvrage n'en a tant reçu que la Pharfale de Brebeuf. Que c'eft le premier préfent qu'il ait fait au Public, & qui le furprit

d'au

1.¶. Pour ne pas donner lieu de croire que Brébeuf a travefti la Pharfale entiére, il faloit dire qu'il fait auffi deux Piéces de Poëfie burlesque : savoir le feptiéme livre de l'Enéïde, & le premier de Lucain.

2. Charl, Sorel, Biblioth. Françoise Traité des

Tra

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