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Font un bouchon à vin du laurier du Par. Motin, naffe;

qu'il étoit Poëte fans pourtant être fou,
ce qu'on pouvoit mettre alors au nombre
des raretés les plus finguliéres ; & qu'il
n'étoit pas de ces Poëtes fauvages qui of-
fufquoient la nature & l'art de la véritable
Poëfie par leurs figures & leurs expreffions
ampoullées.

ALFONSE JEROME DE SA-
LAS BARBADILLO,

Natif de Madrid, Poëte Efpagnol, mort
vers l'an 1630. (4).

1416. Sia Cour d'Espagne fur la fin du Jerome de

Alas étoit un des ornemens de Alfonfe la

regne

3. T. Balzac dans une de fes Lettres à Chapelain qui eft la 5. du 6. livre dit qu'Henri IV. fur le récit qu'on lui avoit fait des Vers Latins du P. Théron Jéfuite fur la naiflance du Dauphin, commanda à Motin de les traduire. Ce qui fait voir que ce Poëte étoit en quelque confidération à la Cour. 11 étoit même un des Auteurs que l'Académie Françoife avoit deffein de citer dans le corps de fon Dictionnaire fuivant le premier projet. On pourroit croire qu'il auroit vécu au delà de 1640. fur ce que Paul Boyer pag. 592. de fa Bibliothéque Univerfelle imprimée en 1649. le qualifie très-excellent Poëte Franfois. Ce qu'on peut dire de plus vrai de Motin, c'est que du tems que la Poëfie Cynique étoit tolerée en France, on a vu de lui des Epigrammes aflés divertiffantes.

4.4. Obitus Auctoris, dit Dom Nicolas Antoine, ante annum contigit 1635. quo anno fcilicet CO RON ARUM illud opus jam laudatum (c'eft celui qui a pour titre Coronas del Parnafo, y Plato de las Mufas) pofthuma ejus proles lucem typorum afpexit,

Alfonfe

Salas.

regne de Philippe III. & le commenceJerome de ment de Philippe IV. C'étoit le tems le plus floriffant pour la Langue Espagnole qui étoit alors dans fon plus grand éclat, & au point le plus proche de fa perfection. Salas contribuoit à l'y maintenir par la beauté naturelle de fon génie, par fon éloquence & par fon favoir. C'eft ce qui paroît affés par le grand nombre de fes Poëfies dont on peut voir la liste dans la Bibliothéque Espagnole de D. Nicolas Antonio (1). Je me contenterai de remarquer qu'outre le Recueil de fes Rimes Caftillanes, il a donné quelques Poëfies héroïques fur des fujets de piété, & beaucoup de Comédies imprimées féparément en diverfes années.

C'eft principalement dans ces derniéres Piéces qu'il a fait paroître fon génie & le grand talent qu'il avoit pour expofer au jour la difformité des vices des Efpagnols, & pour réformer les mœurs en divertiffant agréablement. Car il avoit pour cet effet une adrefle fort grande, le goût bon, & quelque chofe de cette qualité fi rare qu'on appelle Urbanité Dom Nicolas Antonio ajoute que fon ftyle eft net, clair, fans affectation, plein de fel, de douceur & d'agrémens.

LE

1. Nicol. Ant. Biblioth. Scriptor. Hifpan, tom, pag. 22.

2. q. 11 mourut le 7. Juillet 1643,

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LELIO GUIDICCIONI
NOBLE LUCQUOIS,

Poëte Latin & Italien, vers l'an 1630.(2)

Et Auteur a donné au Public Lelio Gui

1417. diverses Poëfies dont on trouve diccioni.

le catalogue dans les Abeilles Urbaines de
Leon Allacci. Les principales d'entre fes
Latines font diverfes Elégies, dont plu-
fieurs ont été raffemblées en un volume
particulier, un volume d'Epigrammes, u-
ne Poëtique en vers à l'imitation d'Hora-
ce & de Vida, & quelques Piéces volan-
tes. Les Italiennes font des Octaves ou
Stances de huit vers, un Recueil de Poë-
fies diverfes en trois parties, & une tra-
duction de l'Enéïde de Virgile en Vers li-
bres ou déliés fans rime, comme avoit fait
le Commandeur Caro.

Lauro & Vittorelli ont parlé (3) avanta-
geufement de lui comme d'un Poëte plein
d'efprit, le premier dit que fa Poëfie eft
affés ronde & affés coulante, le fecond le
juge poli dans les Vers Latins, & favant
dans les Italiens.

* Lelio Guidiccioni Rima, in-12. Rome

1637. *

THEO.

3. Laurus in Orchestra & Victorellus in Recenfione apud Leon. Allatium lib. de Apib. Urb. pag. 173. 174.

THEOPHILE,

Surnommé VIAUT, Poëte François, mort à Paris après deux ans de prifon dans la Conciergerie du Palais, l'an 1625. (1).

Theophile. 1418. Lent feparément de fon vivant,

Es Pocfies de Theophile paru

mais elles furent raffemblées après fa mort en deux Recueils différens qui ne renferment pas encore tout ce qu'il a fait, & ceux qui font curieux de ces fortes de Monumens en confervent encore affés pour faire un autre volume, en y joignant ce que fes amis lui envoyoient dans fa prifon.

Theophile pouvoit compter au nombre de fes difgraces celle d'avoir vécu en mêine tems que Malherbe qui l'obfcurciffoit, au lieu qu'il auroit brillé un demi fiécle auparavant. Ce n'eft pas qu'il n'éblouît quelques perfonnes de fon tems, & qu'il ne fe trouvât dans Paris (2)

Des fots de qualité

Pour juger de travers avec impunité:

A

1. ¶. Baillet fort fujet aux expreffions équivoques, femble avoir voulu dire que Théophile étoit mort à la Conciergerie du Palais de Paris après deux ans de prifon; cependant il eft für, comme Ménage l'a remarqué p. 359. du tom. 1. de l'Anti-Baillet c. 96. qu'il mourut à l'Hôtel de Montmorency. Le Mercure François dit que ce fut le 25. Septembre 1626. Il n'avoit quc 36. ans. Mairet Ton intime ami fit imprimer en 1642. à Paris un Volume in-8. de fes Lettres Françoifes & Latines, au-devant defquelles eft

fon

A Malherbe, à Racan préferer Theophi- Theophile. le, &c.

En effet, Mr. Pelliffon a remarqué (3) que Théophile avoit plus d'efprit que de jugement. Et le P. Rapin dit en un endroit de fes Réfléxions (4), que ce Poëte ne s'eft piqué que d'efprit, & qu'il a fait fon capital de fon imagination. En un autre, il témoigne que par une trop grande affectation du ftyle aifé, il tomba dans le puérile; que le fonds de fon caractére étoit plutôt une fertilité d'imagination qu'une vraie fécondité d'efprit.

Le même Pere écrit encore ailleurs, que Théophile a des hardieffes heureuses à force de fe permettre tout, & qu'il a le fens auffi petit qu'il a l'imagination grande (5).

Mr. Gueret eftime qu'il avoit plus de ta lent pour les Stances que pour les autres efpéces de vers (6), mais il n'en a pourtant pas trouvé le tour entiérement.

1

Il est inutile de parler du mauvais ufage qu'il a fait des facultés qu'il avoit reçues de la nature pour la Poëfie, fes Adverfaires nous l'ont affés fait connoître, foit dans

leurs

fon portrait avec la qualité de Gentilhomme de la Chambre du Roi.

2. Nicol. Boil. Despr. Satire 9. Vers 173.

3. Paul Pelliff. Fontan. Relat. de l'Hift. de l'Acad. Franç. pag. 288.

4. René Rapin, Réfléx. génér. xv111. fur la Poëtique, & dans le même Traité. XXXI.

5. Le même Auteur 2. Partie ou Réfléxion xxx. &c.

6. Gueret de la guerre des Auteurs, pag. 177.&c.

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