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pas tout l'ornement du Ciel, il ne faut P. Petitą pas s'imaginer auffi que la France n'ait pas encore d'autres excellens Poëtes Latins qui lui font autant d'honneur que ces fept. C'est ce qui fait que ce nombre n'eft pas encore fi bien établi, que quelques perfonnes ne puiffent fe donner la liberté d'y faire des changemens, & d'en retirer ceux qui ne leur plaifent pas, pour y en fubftituer d'autres felon leur fantaisie. Ces perfonnes veulent abfolument que Mr. Huet foit du nombre des fept, parce qu'il n'y a point de rang d'honneur qu'il ne mérite pour fa Poëtie comme pour le reste de fes Ecrits. Mais ce Prélat a bien un autre Olympe à orner que celui de Theffalie, ni qu'un Ciel expofé aux infultes des Geans: il a bien d'autres Terres à éclairer que le Parnaffe d'Apollon.

Les difcoureurs du tems qui favent que dans la Pléïade celefte il y a une des fept étoiles plus obfcure & moins honorée que les autres pour avoir épousé un homme mortel, & qui fe fouviennent de la Pléïade Grecque de Ptolomée Philadelphe (3), où Lycophron a tenu parmi les fix autres Poëtes le rang de l'étoile difgraciée, font affés perfuadés qu'il doit auffi fe trouver un Poëte dans notre Pléïade Parifienne qui eft moins brillant & moins divin que les fix autres; mais comme je ne

fuis

mage, étoit, quoique de la Pléïade de Ronfard, Poëte Latin de profeffion.

3. Ainfi appellée, quoiqu'elle n'ait point paru tow te entiére fous ce Prince,

P. Petit. fuis point chargé d'en faire le difcernement, je me contenterai de dire que ce n'eft pas Mr. Petit, & que le Public en a été très-perfuadé dès qu'il a vû paroître le Recueil de fes Poëfies Latines à Paris in-8. l'an 1683.

Ce Recueil comprend deux livres de Piéces choifies, qui font mêlées de diverfes espéces dans le premier, mais le fecond ne comprend que des Piéces Héroïques..

Meffieurs de Leipfick témoignent (1) que dans toutes fes Poëfies on ne trouvera rien de bas, rien de trivial, rien d'affecté, rien d'inutile, rien de forcé, rien de tiré de trop loin, ni rien enfin qui ne foit très-naturel enfin ils jugent que l'Auteur a toutes les parties que demande Horace pour un Poëte accompli. Mais ce n'eft pas de ce feul témoignage qu'il faut prendre le commencement de la réputation Poëtique de Mr. Petit, puis qu'elle étoit déja bien établie long-tems auparavant, & que dès l'an 1653. nous voyons que fa Poëfie étoit eftimée de Mr. Patin le Pere (2), c'est-à-dire d'un homme trèsavare d'éloges, qui avoit l'odorat délicat pour fentir les bonnes & les mauvaises

pro

7. Acta eruditor. Lipfienf. anni 1684. mense Julio pag. 328. 329. &c.

2. Gui Patin, Lettre 43. dattée du xx1. O&obre de 1653. pag. 145.

3.9. Le nom Grec de cette femme Philofophe étant irraxia devoit être rendu en François par Hip¿parquie, & en Latin par Hipparchia, Pierre Petit Pa

changé

productions; mais qui avoit une inclina- p. Petit.
tion particuliére pour taire les premiéres
& publier les fecondes.

On remarque dans la plupart des Piéces qui font dans le Recueil de Mr. Petit un certain goût des Anciens qui en rehausse le prix, on lui trouve auffi beaucoup de cette fureur Poëtique dont il a donné une favante Differtation au Public, & c'eft elle qui produit dans fes vers tous ces nobles tranfports que l'on y voit, accompagnés de beaucoup de force & d'élévation.

On eftime particuliérement le Poëme appellé Codrus ou de l'Idée d'un bon Roi, tout y eft magnifique, les pensées & les expreffions y font véritablement grandes & heureuses: la verfification y eft naturelle, éxacte & correcte, comme dans tout le refte. Celui de la Cynogamie ou du Mariage du Philofophe Crates avec Hipparche (3), eft rempli de beaucoup de beaux endroits qu'on ne peut fe laffer de lire (4). On peut mettre encore celui de la Bousfole intitulé Gilbert, au nombre de fes meilleures Piéces. 11 y traite de la Phyfique en vers avec une facilité merveilleuse, en quoi il a imité la plupart des Philofophes de l'Antiquité, qui jufqu'au tems de

Py

changé fans néceffité en Hipparché, puis qu' Hippar chia, dont les trois derniéres fyllabes font en Latin un dactyle, auroit pu trouver place en fes vers. J'ajoute à cela qu'on ne peut non plus faire d'Hipparchia Hipparché, que de Monarchia Monarché, Sitarchia Sitarché, Phylarchia Phylarché, & ainfi du refte. 4. Extrait d'une Lettre écrite à M... le 18. d'A vril 1683.

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r. Petit, Pythagore ou de fon Maître, ont presque tous mis en vers ce qu'ils ont compofé touchant la Nature ou la Morale.

On dit que cet Auteur fe difpofe à donner encore un autre Recueil de Pocfies qui font répandues dans fon cabinet, & dont quelques-unes ont déja vû le jour. Celle qu'il fit fur le Thé l'an 1685. fous le titre de Thia Senenfis en fera fans doute le principal ornement. C'est un Ouvrage qui a été reçu avec approbation, non feulement en France, mais encore en Hollande, en Allemagne, & en Italie. En effet Mr. Grævius célébre Profeffeur d'Utrecht mande d'Hollande, qu'on ne trouve rien de plus noble ni de plus limé en ce genre que l'eft ce Poëme (1). Mr. Carpzovius écrit d'Allemagne, que l'Ouvrage eft eftimé parmi les Savans du Pays, & que Mr. Fellerus Profeffeur- célébre de Leipfick n'a point fait difficulté de l'enfeigner publiquement à fes Ecoliers (2). Honneur qui n'eft dû qu'aux Auteurs du premier ordre, & qui nous fait juger, fi l'on continue, que Mr. Petit pourra bien. être un jour du nombre des Auteurs Clasfiques. Enfin pour marquer auffi les fentimens qu'on en a eus en Italie, nous avons fujet de croire que c'est le Poëme du Thé qui a porté principalement Mesfieurs les Ricovrati de Padoue à incorporer

1. Johan. Georg. Grævius, Epift. ad Pet. Pet. Parifienf.

2. Carpzovius junior B. F. Epift. ad eumd.
3. Nous avons vu un remerciment de l'Auteur en

porer Mr. Petit dans leur Académie (3). P. Petit.

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(Charles) Gentilhomme Provençal, natif d'Aix, Poëte Latin, aujourd'hui vivant (4).

1540. Nous n'avons peut-être pas de Du Perier.

outre

Mr. de Benferade, qui faffe plus d'honneur à fa nobleffe que Mr. du Perier, dûffions-nous en chercher même parmi les Cavaliers Italiens. On prétend qu'il n'étoit point né pour la Poefie, mais que la belle Ode que Malherbe fit à fon Oncle fur la mort de fa fille (5) eut tant de charmes pour lui, & qu'elle fit tant d'impres fion fur fon efprit, qu'elle le tourna à la Poëfie avec d'autant moins de repugnance qu'il étoit encore fort jeune alors.

Mais on peut dire que Mr. du Perier pour ne point faire diverfion de fes forces, s'eft voulu renfermer dans les bornes de la Poëfie Latine, quoique plufieurs estiment qu'il entend auffi fort bien la Françoife, & qu'il en ait même reçu des témoignages authentiques par quelques prix de l'Académie qu'il a remportés. Nous pourrions ajouter de plus, qu'il n'a pas voulu même embraffer tous les genres de

vers à ces Meffieurs qui en fait foi.

4. T. Mort à Paris le 28. Mars 1692.

la

5. C'eft cette belle Piéce fur la mort qui eft an 6. livre des Poëfies de Malherbe fous le titre de Confolation,

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