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l'autre. Ainfi en fuppofant tout ce qu'il plaît à ces Probabilistes d'imaginer, le ferment feroit encore vain, témeraire, & extorqué tyranniquement.

4. Le dernier retranchement de ces Probabiliftes, eft l'unique reffource de tousceux qui fignent fans croire l'infaillibilité; car pour ceux qui veulent qu'on croye certainement fans motif certain, c'est-à-dire incapable de tromper, ils ne s'entendent pas eux-mêmes, & ne peuvent pas être écoutez férieufement.Or ces Probabiliftes, qui font réduits à dire que les cinq Conftitutions, font probablement Pélagiennes, & certainement tyranniques, n'o feroient foutenir ouvertement leur fyftême elair & developpé, en déclarant leurs noms. Ils parleront, ils fubtiliferont fans fin, ils mépriferont toutes les preuves demonftratives qu'on

n'oferoit figner un Ecrit qui développe nettement leur fyftême dans toute fon étenduë. Tant il eft vrai que toute l'Eglife catholique auroit horreur de cet excez de témerité, qui élude un ferment dans une profeffion de foi. On ne doit jamais réfuter férieusement un fyftême que perfonne n'oferoit foutenir par écrit en déclarant fon nom. Qu'on nous dife tant qu'on voudra, que. ceux qui parlent ainfi, ne font pas Janfeniftes. S'ils ne le font pas, pourquoi ofent-ils chercher contre le Formulaire de l'Eglife des fubtilitez scandaleuses, dont le parti même montre une juste horreur dans fes Ecrits ?

Seiziéme Objection.

Un particulier doit croire l'héreticité du texte de Janfenius, comme un homme croit fur la

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parole de fa Mere qu'un tel ́eft fon Pere,comme un Ecolier croit la diftinction réelle de Scot fur l'autorité de fon Profeffeur comme un Soldat croit fur l'autorité de fon Prince que la guerre où il fert eft jufte, enfin comme chaque particulier doit adorer JESUS-CHRIST dans une hoftie expofée au culte 'public quoiqu'il puiffe douter raisonnament fi celui qui paroît l'avoir confacrée, eft un impofteur déguifé en Prêtre.

Réponse.

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1. Les Probabiliftes n'entaffent fans fin tant de comparaifons qu'à caufe qu'il n'y en a aucune qui puiffe les contenter, & qu'ils fentent combien elles font toutes imparfaites. Ne voyent-ils pas qu'un homme qui auroit des raifons très-fortes de croire que celui qui paffe pour fon Pere, ne l'eft pas, ne pourroit point jurer

qu'il le croit contre fon actuelle conviction, ni même contre fon doute invincible? Ne voyentils pas qu'une opinion d'École telle que la diftinction réelle de Scot, eft foutenue par les uns & combattuë par les autres, que l'un des deux côtez fe trompe néceffairement, & que l'Ecolier ne croyant cette opinion que par provifion, fur la parole incertaine de fon Maître, il demeure libre de changer d'opinion dans un âge plus mûr, quand il approfondira la question par luimême Suivant cette abfurde comparaison, la cause du texte de Janfenius n'eft pas plus finie que celle de la diftinction réelle de Scot, qui eft combattuë par les Ecoles oppofées aux Scotiftes. Peut-on traiter plus indignement les cinq Conftitutions avec le ferment du Formulaire, qu'en réduisant une fi folemnelle déci

fion de toute l'Eglife à être auffi problematique & auffi peu grave que la diftinction de Scot? Pour les Soldats, ne voit-on pas que quand deux Princes fe font la guerre, il faut que l'un des deux la fasse injustement à l'autre? Les Soldats doivent néanmoins de part & d'autre fervir leurs Princes. Mais il ne font nullement obligez de croire que la guerre qu'ils font eft jufte, en forte qu'ils foient prêts à jurer qu'ils en font perfuadez. Si le Prince attendoit d'eux cette perfuafion pour s'en fervir, faguerre iroit fort mal. On ne doit point éxiger qu'on croye des deux côtez ce qui eft néceffairement faux dans l'un des deux. La régle fùre est, que Soldats obéiffent fans éxaminer. Alors la guerre fera juste de la part des Soldats qui la font, quoiqu'elle ne le foit peut-être pas de

les

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