Sommes de Théologie qui glif fent le venin, des Profeffeurs qui dictent l'erreur fous prétexte de la combattre, des Directeurs qui l'infinuënt jufqu'au fond des confciences, des Superieurs de Séminaires qui en infectent les Diocefes. Ecoutez ces Théologiens, ils feront les premiers à condamner Janfenius, quoiqu'ils en foutiennent tout le fyfteme. Ils détesteront les cinq Propofitions, quoiqu'ils en fuivent le le fens propre & naturel. Mais approfondiffez patiemment avec eux, vous trouverez qu'ils font perfuadez, que dans l'état préfent de la nature corrompuë la volonté de l'homme ne peut plus rien vouloir, qu'au gré d'une délectation prévenante & indéliberée, qui la follicite tour à tour au mal & au bien, & qu'il eft nécessaire qu'elle fuive en tout acte déliberé, parce que cette

délectation la prévient inévita blement & la détermine invinci blement à chaque acte précis pour lequel elle eft dominante. Îl est plus clair que le jour que nulle cause distinguée de la volonté ne peut jamais être plus néceffitante, que celle qui va jufqu'à lui impofer une néceffité inevitable & invincible. Non feulement Janfenius, mais encore Calvin n'a jamais enfeigné une néceffité plus forte que celle de cette délectation. Dès que vous admettez cette délectation, vous admettez le fens propre & naturel des cinq Propofitions. Ainfi tous ceux qui admettent cette délectation foutiennent tout le fyftême de . Janfenius, & toute la fubftance de 1708. des cinq Propofitions, lors mêpas 127 me qu'ils affectent de condamner les cinq Propofitions & de rejetter le Livre de Janfenius, pour fe mettre à l'abri de l'orage. C'est

Voyez no

tre Inftruc.

& fxiv.

le parti qui infinue cette délectation néceffitante fous le nom radouci & captieux de grace efficace par elle-même. Ainfi un grand nombre de Théologiens tiennent par ces liens fecrets & indirects au parti, fans s'en appercevoir. Ils foutiennent même tout le fyftême du parti, en fuppofant toujours qu'ils le combattent. Dites-leur que la condamnation du texte de Janfenius est une espece de canon qui condamne le texte de cet Auteur, pour condamner le fyftême qui y eft contenu, fçavoir celui de la délectation inévitable & invincible, vous appercevrez d'abord que vous les piquez jufqu'au vif, & qu'ils ne peuvent fouffrir que l'on attaque ce fyftême, qu'ils prennent pour la célefte doctrine de S. Auguftin. Ainfi ces Théologiens qu'on nous vante comme étant tout ensemble oppofez aur

Janfenilme & à l'infaillibilité dont il s'agit, font véritablement préoccupez en faveur du vrai fyftême de Janfenius. J'en ai vû un qui me difoit : Il est capital de n'admettre jamais cette infaillibilité, car fi elle étoit une fois établie, on n'auroit plus befoin que de prouver que le texte de Janfenius fe borne à nier la grace versatile de Molina: là on nous réduiroit tous en un quart d'heure à être Moliniftes. Celui qui parloit ainfi proteftoit qu'il étoit l'adverfaire le plus zélé du Jansenisme.

par

Neuviéme Objection.

M. de Cambray peut bien. proposer son sentiment fur cette infaillibilité comme l'opinion qui lui paroît la plus probable : mais il ne lui eft pas permis de le donner dans un Mandement comme la doctrine de toute l'E glife.

Réponse.

le

1. Ne fuis-je pas en droit de mettre dans un Mandement, ce que le Ve Concile a mis dans la préface de fes canons, ce que Clergé de France a mis en termes formels dans fa Lettre écrite au Pape l'an 1656, & dans fa Relation confirmée par l'Affemblée de l'an 1675? Ne puis-je pas dire après le faint Siege, & après plus de 400. Evêques, qui ont eu le confentement tacite de tous les autres, que la caufe eft jugée par une autorité infaillible & irrevocable, puifqu'on ne peut nier que dans le langage de faint Auguflin, emprunté ici par l'Eglife Juftif. du & dont le fens eft notoire à tous les Théologiens, dire que la caufe eft finie, & dire qu'elle eft jugée par une autorité infaillible && irrévocable, c'eft précisément la même chofe Les actes folemnels du

filen. pag.

P. 875.