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Treizième Objection.

M. de Cambray pouvoit fe fervir contre le parti de l'argument que l'Ecole nomme ad bominem, & raisonner ainsi : Vous dites que l'Eglife ne peut point éxiger le ferment pour la croyance abfoluë du fait fans fuppofer qu'elle eft infaillible en ce point. Or eft-il que l'Eglife éxige le ferment pour la croyance abfoluë du fait. Donc felon vous elle fuppofe qu'elle eft infaillible en ce point. Mais M. de Cambray ne devoit pas dire que chaque particulier n'eft obligé à jurer & à croire le fait, qu'autant qu'il fuppofe que l'Eglife en a décidé infailliblement. Il pouvoit employer l'argument tiré du principe du parti. Mais il ne devoit pas rejetter l'autre preuve qui est tirée de la docilité qu'on doit à l'Eglife, même dans les points

I

où elle n'est pas infaillible. C'est rendre la foumiffion douteuse, en la rendant dépendante d'un argument incertain. C'eft infpirer aux particuliers l'indocilité & l'indépendance dans tous les points, où l'infaillibilité manque à l'Eglife.

Réponse.

1. Il n'y a jamais ni inconvenient ni danger à abandonner une preuve vifiblement fauffe & abfurde. Rien ne décredite tant une bonne cause que d'employer une mauvaise raison pour la foutenir. Comment veut-on qu'un particulier croye certainement une chofe furune décifion qu'on lui dit être capable de le tromper, & par conféquent incertaine ? Ceux qui s'attachent à cette preuve, n'entendent pas même les paroles qu'ils prononcent. C'est ce que le parti a démontré in

vinciblement dans fes Ecrits. C'est cet argument démonstratif du parti que nous renverfons fur VoyeZnolui d'une façon qui l'accable fans tre 4. Inftruc. pag. reffource. Ainfi nous gagnons 167. tout, & nous ne perdons rien suiv. en abandonnant une preuve évidemment infoutenable, & en nous attachant à celle qui confond le parti par fon propre principe fondamental.

2. Quand nous voudrions foûtenir avec obftination que chacun doit croire avec certitu de une décision qui eft en foi incertaine, parce qu'elle vient de PEglife, le parti nous confondroit fans peine par les premiers élemens de la Logique. Les Ecoliers mêmes n'ignorent pas qu'une croyance ne peut jamais être plus certaine que l'unique motif fur lequel elle eft fondée. Peut-on croire une chofe fans aucune crainte de s'y tromper

Voyez no.

quand on ne la croit que fur la parole d'une perfonne qu'on croit elle-même capable de se tromper tre 4. Inf- en ce point? De plus ne voit-on truc. Paf pas que felon le principe de faint 10. p. 196 Auguftin & de faint Thomas il eft permis à chaque particulier de reprefenter avec modeftie & refpect la surprise faite à l'Eglife quand il peut prouver la fubre

226.246.

1.2.

c. 3.

De Bapt. ption Saint Auguftin veut qu'un particulier puiffe modeftement redreffer les Lettres des Evêques dans les points où ils font faillibles: faint Thomas veut que l'Eglife rétracte fon jugement, dès que la fubreption lui eft prouvée: quando ad notitiam Ecclefie venit. Il n'est donc permis à aucun Théologien de foutenir férieufement qu'on doit une croyance certaine aux jugemens. fautifs & incertains de l'Eglife. Selon faint Thomas même il y a toujours quelque déreglement,

c'eft-à-dire, quelque témerité à affirmer une chofe fur un figne faillible. En vain on allegue que T'Eglife a une autorité au-defus de toute autorité humaine, & qu'il faut croire fans exception tout ce qu'elle dit. Saint Thomas répond, que quand elle décide hors de l'étendue des promeffes elle agit comme une fimple affembléc d'hommes, & qu'alors il peut fegliffer dans les jugemens par erreur bumaine quelque chofe contre Pautorité Divine. Ce feroit une dévotion. fuperftitieuse que de donner à l'Eglife la même croïance, quand elle peut nous tromYper, en fe trompant, que quand le faint Efprit la rend incapable de fe tromper. En ce cas il faut refpecter la décifion, préfumer qu'elle pénetre plus avant & juge mieux que nous, déferer à fon jugement, fe défier du fien propre: mais l'entendement humain

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