Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1553.

LXXXIII.

Lmblée du

gleterre. Burnet, tom.

2. liv. 2. Sleidan, in

pereur des grandes oppofitions qu'on formoit contre le mariage, & de lui écrire que s'il n'affistoit la reine de fommes confidérables d'argent pour gagner les principaux de la nobleffe, & les chefs de parti de chaque province, elle feroit obligée d'y renoncer. Actes de l'af- Pendant que le parlement étoit affemblé, le clerlergé d'An- gé tenoit aufli fes féances felon fa coutume. Bonner qui en étoit préfident, nomma Harpsfield fon chapelain pour prêcher devant les prélats. Il prit son comment.lib. texte du vingtiéme chapitre des actes des Apôtres, 25. p. 934. Paissez le troupeau, & s'étendit fur les louanges de la reine & des évêques favorables à la religion Catholique. L'orateur propofa la condamnation du catéchifme imprimé fous le regne d'Edouard, & de la nouvelle liturgie; & dans le même tems l'on mit en délibération deux articles qui concernoient la préfence réelle & la tranfubftantiation, qui furent foufcrits, & en faveur desquels tous se déclarerent, à l'exception de fix docteurs qui furent l'archidiacre de Winchester, le doyen de Rochester, celui d'Excefter, les deux archidiacres de Hereford & de Stou, & le chantre de faint David, qui demanderent une difpute réglée fur ce fujet, & on la leur accorda, non pour mettre en doute la vérité de la doctrine que prefque tous les eccléfiaftiques avoient signée, mais pour éclaircir & fatisfaire le petit nombre de gens qui refufoient de concourir avec tout le corps dans un même fentiment. Trois des fix docteurs n'y voulurent pas paroître ; mais les trois autres tinrent ferme, & la difpute fe fit. L'archidiacre de Hereford parla le premier, & ne propofa que des objections uriviales contre la transubstantiation, qui avoient été

cent fois très-folidement réfutées ; l'archidiacre de AN. 1553. Winchester fit un long difcours contre le facrifice de la messe, où il prétendoit que Jesus-Christ n'étoit pas préfent: on lui répondit, & telle fut la fin de la conférence qui ne fit rien changer aux deux articles de la préfence réelle & de la transubstantiation qu'on avoit reçus & fignés. Les actes en furent publiés en Anglois par les Proteftans, & Volerandus Polanus les fit imprimer en latin.

y

En France on ne témoignoit pas moins de zéle pour maintenir la vraye religion, que Marie en faifoit paroître pour la rétablir dans fes états. L'on punit beaucoup de perfonnes pour la religion. A Lyon Martial Alba, Pierre Ecrivain, Bernard Seguin, Charles Faure, Pierre Naviheres & beaucoup d'autres qui avoient tous étudié à Lauzanne aux dépens de ceux de Berne, & qui avoient été fecrétement envoyés en France pour y établir la prétendue reforme. Quoique Henri II. fût entré dans la ligue des Proteftans d'Allemagne contre Charles V. qu'on rcgardoit comme l'ennemi irréconciliable de la France, il s'étoit cru obligé d'aller au parlement avant fon départ, pour recommander principalement aux magiftrats le foin de conferver la foi, & d'exterminer les erreurs par la punition exemplaire de ceux qui les foutenoient. On commença donc dans cette année par brûler ces malheureux corrupteurs venus de Berne, entre lefquels le juge ayant commandé qu'on épargnât l'ignominie & la corde à Louis de Marzac officier, qui avoit porté les armes pour roi, il en fit une fade raillerie, tout-à-fait hors de faifon à la mort, en demandant au magiftrat pour

le

Hérétiques

LXXXIV. punis en FranThou, hift. hunc annum.

ce.

De

lib. 1 2. ad

Sleidan.lib. 25. p. 933.

AN. 1553. quoi il ne lui donnoit pas le même collier, il vouloit parler de la corde au col qu'on mettoit aux autres, & pourquoi on ne le créoit pas chevalier d'un ordre fi illuftre, faifant allusion à la coutume des princes, qui en recevant quelqu'un dans leur ordre, donnoient leur collier comme une marque d'hon

LXXXV. L'héréfie fait

grès à Paris.

Theu, ibid.

ut fup. Sleidan.ibid. P. 933.

neur.

L'hérésie faifoit des progrès considérables à Pade grards pro- ris, quoique tous les jours on y brûlât beaucoup de perfonnes à caufe de la religion, ce que la plupart faifoient tomber fur le cardinal de Tournon: car quoiqu'il aimât la paix & la tranquillité dans le royaume, & qu'il crût qu'on ne pouvoit rien remuer fur cet article fans exciter beaucoup de défordres, il haïffoit néanmoins tous les fectaires, comme ennemis du repos public. D'autres en rejettoient la faute fur la ducheffe de Valentinois, qui pour retirer de prifon le duc d'Aumale & de la Markc, avoit obtenu du roi, qui étoit facile, & dont elle gouvernoit l'esprit, la confiscation des biens de ceux qui étoient condamnés pour crime d'héréfie, & faifoit enforte par fes créatures, qu'on informoit quelquefois fans obferver les loix de la juftice.

IXXXVI. Calvin fait ar

Les Proteftans ne fe conduifirent pas eux-mêmes Leter Michel avec moins de rigueur envers Michel Servet, héServet à Ge- rétique comme eux, quoiqu'avec quelque différence De Thou, lib. dans les fentimens. Etant venu à Vienne en DauphiSpend,lice ann. né en 1553. après plufieurs courfes, dont on a parlé

neve.

12. n. 11.

n. 14.

ailleurs, Calvin eut affez de crédit pour le faire arrêter, & cette détention eut des fuites fâcheufes pour Servet. Il y avoit déja quelque tems que Calvin cherchoit l'occafion de le perdre, & Servet la lui

nit.

227.

des héréfies,

liv.

fournit lui-même en faifant imprimer fon troifiéme AN.1553. Ouvrage fur la Trinité, qu'il intitula, Chriftianifmi Sandius,birestitutio, le rétablissement du Christianifme. Quoique blioth. Anılıricet ouvrage s'imprimât fort fecrétement, & fous Sander, hæref. le nom emprunté de Villeneuve: Calvin le fçut, & Varillas,hift. trouva même le moyen d'en avoir les feuilles à me- to. 4. 10. 20. fure qu'elles s'imprimoient. Là-deffus il fit écrire au pag. 343. mois de Mars 1553. par un nommé Guillaume Trye, une lettre à Lyon, dans laquelle Servet étoit repréfenté comme un homme très-pernicieux, & cette lettre fut accompagnée du titre, de l'indice & des premieres feuilles du livre. De Lyon on donna des ordres fi précis, que Servet fut arrêté à Vienne au commencement du mois de Juin fuivant; mais celui qui le conduisit en prison ordonna au geolier de le bien traiter, & permit au prifonnier d'avoir un valet & de voir fes amis. Servet comparut deux fois devant fes juges, qui ne furent point embarrassés à le trouver coupable; mais ayant eu l'adreffe de fe fauver de fa prifon, il fut feulement jugé par contumace le dix-septiéme du même mois de Juin, & condamné à être brûlé vif à petit feu, en cas qu'on pût le trouver, & cependant à être brûlé en effigie avec fes livres. Ce dernier fut exécuté le même jour. On drefla fon effigie fur une charrette que l'on conduifit au lieu destiné aux fupplices des criminels, & après l'avoir attaché à un gibet on le brûla avec cinq bales de fes livres. Pendant ce tems-là Servet cherchoit une retraite cù il fe dérobât à ceux qui le pourfuivoient. Croyant Genéve propre à fon dessein, il se hâta de s'y retirer: mais il y trouva peu de tems après, la mort qu'il fuyoit. Calvin qui n'ignoroit pas

Zzz iij

AN. 1553.

fon procès qui

qu'il fût dans cette ville, alla trouver le fyndic, & fur fa dénonciation, Servet fut arrêté le treiziéme d'Août. Dès le lendemain on commença à procéder contre lui: Calvin qui ne voulut pas fe rendre fa partie, parce que felon les loix de la ville, un accusateur est obligé de se soumettre à l'emprisonnement avec l'accufé, commit ce foin à un nommé Nicolas de la Fontaine, dont quelques auteurs ont fait mal à propos fon valet ou fon cuifinier, mais qui étoit plus LXXXVII. vraisemblablement un des étudians qui écrivoient On inftruit fous lui, & il fe contenta de le diriger dans fes pourcontient 40. fuites. Le magiftrat reçut les chefs d'accufation, les examina, les jugea fuffifans pour condamner l'accufé, & l'on ne penfa plus qu'à prendre des mesureș convenables pour y procéder d'une maniere qui n'attirât aucun reproche de la part des Cantons. Pour cela on fit deux chofes, l'une que Servet entreroit en conférence avec Calvin fur les erreurs dont il étoit accufé; l'autre qu'on confulteroit les louables Cantons fur la forme de la fentence qui devoit être prononcée. Calvin entra donc en difpute avec SerLubienieski vet; celui-ci ouvrit la fcéne, & d'abord fit oftentahist, reform. tion de fa doctrine, que l'on peut réduire à ces trois -80. 1685. points: celui-ci eft Jefus-Chrift, celui-ci eft fils de

chefs d'accufation.

ecclef Polon.

Dieu, celui-ci eft Dieu; fur lefquels il débita toutes fes erreurs, & en particulier, que s'il n'y a qu'un seul Dieu par nature, éternel, invisible, incompréhensible, qui a créé tout, qui gouverne tout, de qui font toutes chofes, on doit conclure que Jefus - Chrift n'eft pas le grand Dieu, que c'eft une pure créature que le grand Dieu a prévenu de beaucoup de puiffance & de fainteté, à qui ce Dieu a affujetti toutes cho

« AnteriorContinuar »