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dont les conféquences ne font pas moins importantes, eft que le Gouverneur aura toujours le pouvoir de faire le monopole fur tout le commerce de cette Ifle, fi l'on peut s'ex. primer ainfi; ou sous une autre forme, de s'emparer de tout ce que le pays. produit, à l'exception de ce qui eft néceffaire à la vie des habitans; ou de les rendre propres au labour plutôt pour fon bénéfice que pour les véritables propriétaires ; & cet abus n'eft pas aifé à réformer: en effet, leur fituation eft fi malheureufe, qu'il y a tout lieu de craindre qu'ils ne foient par la fuite entièrement dans la dépendance d'un ambitieux qui envahira aifément toutes les petites productions de l'Ifle, & gouvernera la République avec une verge de fer, à moins qu'il ne foit retenu par l'honneur & la confcience, ou un degré d'humanité très-rare.

D'après l'expofé que je viens de faire de leur véritable pofition, il eft aifé de juger que les Kildiens ajouteroient fort peu à leur bonheur en femant une beaucoup plus grande quantité de bled que leurs terres n'en produifent maintenant ou qui excéderoit celui qui leur eft néceffaire pour se

nourrir.

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CHAPITRE III.

DES maifons de Saint-Kilda, des étables & du temple de Druides dans l'Ifle de Boreray.

AU côté oriental de l'Isle, à la

diftance d'un quart de mille de la baie, eft un village dont j'ai déjà parlé plus d'une fois ; c'eft dans ce lieu que tout le corps de ce petit peuple vit rassemblé comme les habi

tants

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tants d'une ville ou d'une cité, toutes leurs maifons font bâties en deux rangées très-régulières, & vis-à-vis les unes des autres, avec une espèce de chauffée au milien qu'ils appellent la rue.

Ces habitations font conftruites & tournées d'un manière très-extraordinaire; le toît de chaque maison est plat, ou à peu près comme celui des maifons de quelques Nations orientales; je ne crois pourtant pas que per fenne puiffe même foupçonner que les Kildiens aient emprunté d'elles la forme de leurs bâtiments; elle leur a été enfeignée par leur propre raison, que l'expérience a confirmée.

Le lieu que le hafard leur a affigné en partage, eft particulièrement fujet à de violentes bouffées de vent & même à de furieux ouragant; ils font perfuadés que fi leurs maisons étoient plus élevées qu'elles ne font, le premier hiver orageux les renverse

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roit, & qu'ils en feroient écrasés. C'eft pourquoi la méthode qu'ils ont de faire leurs toîts beaucoup plus plats qu'on n'a coutume de les conftruire > n'eft pas une précaution tout-à-fait inutile,

Les murs de ces bâtiments font faits d'une espèce de pierres très-inégales, & très-raboteuses, affemblées à la hâte, fans chaud ni mortier hauteur de huit à neuf pieds,

à la

C'eft dans l'épaiffeur des murs qu'on place les lits, ils font couverts de pavillon & affez larges pour coucher trois perfonnes; dans le côté de chaque lit eft une ouverture en forme de porte, laquelle eft trop baffe & beaucoup trop étroite pour l'objet auquel elle eft deftinée.

Toutes les maifons des habitants font divifées en deux appartements par des murs de féparation dans le plus grand des deux qui eft près de

la porte, ils renferment leurs beftiaux pendant tout l'hiver; l'autre eft destiné pour la cuifine, la falle & la cham→ bre à coucher.

On jugera aifément qu'une race d'hommes & de femmes élevée à SaintKilda doit former une génération trèsmal propre & très-groffière en tout point; & j'avoue qu'il eft impoffible de les défendre de cette imputation. L'ufage qu'ils ont de préparer une forte de fumier qui leur eft, en effet d'une très-grande utilité, prouve qu'ils ne font pas fort délicats.

Après avoir brulé une quantité confidérable de gazon fec, ils en répandent les cendres, avec l'exactitude la plus fcrupuleuse, fur le plancher de l'appartement où ils mangent & où ils couchent; lorfque ces cendres ont été bien étendues ils la couvrent avec une forte de terre friable & fer

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tile fur ce lit de terre; ils en ajoutent

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