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quarrées, & doivent par conféquent avoir été tirées d'un carrière, n'y ayant aucune matière de la même couleur ni de la même fubftance dans toute l'Ifle; il est donc évident que ceux qui les ont affemblées, connoiffoient mieux les règles de la construction que les Kildiens d'à-préfent, & étoient probablement d'une plus grande opulence.

Les Antiquaires avec lesquels Martin a eu occafion de converfer dans quelques-unes des Ifles occidentales avoient des idées bifarres, ou étoient affez profondément ignorants pour prétendre que ce Fort avoit été bâti par les Volfques; ont-ils voulu parler des Volfques d'Italie, ou des Volfques des Gaules? Si c'eft des premiers ils fuppofoient donc que Camille à la tête de ces Volfques Italiens fut employée à bâtir cet édifice des Kildiens; que Turnus fidele allié de cette hé

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roïne avoit engagé dans les dernières années de fa vie quelques-uns de ces Ru tiliens au même travail dans l'efpérance d'un heureux fuccès. Si ce font les Volfques des Gaules qui habitoient près des Pyrénées, ces Antiquaires préfumoient fans doute que s'étant joints avec quel ques Ruffes des bords du Volga, ils leur avoient prêté une affistance favorable; là reffemblance de ces noms, qui en effet font les mêmes dans les deux fuppofitions, rend ces deux idées également ridicules.

Quelques Hiftoriens Irlandois nous ont tranfmis le récit circonftancié des actions de deux illuftres perfonnages nommés Partholanus & Nemedius, tous deux originaires de la Scythie près du Tanaïs, & des Palus Meotides ; ils prétendent que ces deux héros fondèrent ou conquirent leur Ifle dans les temps les plus reculés. Ces mêmes Hiftoriens d'après une Chronologie inconteftable.

nous ont donné l'histoire de Fir-Bholg qui établit auffi une Colonie Irlandoise, extrêment ancienne, quoique poftérieure cependant à celle de Partholanus & de Nemedius. Les ancêtres de Fir-Bholg partirent (on ne fait.pas, à ce qu'il paroît, de quel endroit ) pour aller en Grèce, fous la conduite & les aufpices de Limon Breac; mais leur poftérité cruellement opprimée dans ce lieu, s'empara d'une flotte qui appartenoit à leurs perfécuteurs, & vogua en Irlande où elle fit des prodiges de valeur.

On ne peut pas nier que les Ecoffois qui habitent les plaines, & quelques-uns parmi les Montagnards, n'aient, pendant plufieurs fiècles, pré-rendu fans aucun fondement, qu'ils defcendoient des anciens Hibernois; ce qui, à mon avis, donne la vraie raison pour laquelle le Fort de Saint-Kilda porte l'illuftre nom de Dun-Fir-

Bholg (1), d'après l'idée populaire..

On a donné auffi l'autre raifon fuivante. On conserve parmi le peuple de cette Ifle une tradition,. qui lui perfuade qu'un nommé Mafquin, Corsaire Irlandois, fut le premier qui s'établit dans leur pays avec une colonie compofée de ses compatriotes; mais quelle qu'en puiffe être la caufe, il y a fujet de s'étonner que des hommes raisonnables aient imaginé d'élever un monument auffi coûteux, dans un lieu fi éloigné, que la nature a rendu prefque imprenable dans toutes fes parties, à moins que nous ne fuppofions qu'ils craignoient d'y être. poursuivis & maltraités.

Si je ne craignois pas qu'on taxât mes conjectures de chimères, je ne ferois point de difficulté d'avancer que je foupçonne les anciens Hibernois

(1) Fort de Fir-Bholg.

de tirer leur de nom Fir-Bholg des mots celtiques, Fir hommes, & Bholg ou Bulg, qui conformément à Feftus Pompeius, fignifie parmi les Gaulois, une poche de cuir,, ou un fac fait de peau; les Irlandois eux-mêmes & les Montagnards d'Ecoffe, ont retenu ce mot dans leurs langues jufqu'à ce jour. Un ancien Romain (1) parle d'un homme dont la gourmandise étoit exceffive, qui mettoit toutes fes efpérances & fa félicité dans un fac de cette espèce; & l'on peut affurer peut-être, fans bleffer la vérité, que; les Hibernois des fiècles les plus reculés, avoient à peine parmi leurs, petits uftenfiles ou leurs effets, aucune, chofe qui fût d'un prix plus, eftimable

(1) Cum bulga cœnat, dormit,

Lavit, omnis in una

Spes hominis bulga.

LUCII, SATYRA, 6...

Il mange, dort & prend le bain avec fon fac ; toutes

fes efpérances sont renfermées dans son fae,

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