circulaire qui eft à Saint-Kilda autrement dit Boreray, doit avoir été un temple payen. Il est évident en effet qu'on n'a pu avoir deffein d'en faire un lieu propre à rendre la justice, ni pour le couronnement d'un Roi, ni d'un monument pour les morts ni pour transmettre à la poftérité la mémoire d'une bataille; & d'un autre côté, il eft difficile de concevoir à quel autre ufage il peut avoir été employé, fi ce n'eft à celui de la Religion.

La maifon de Staller qui eft à peu de diftance de cet édifice doit avoir été long-temps à bâtir, a exigé une grande dépenfe & beaucoup de tranquillité. Je foupçonne fort qu'un Druide en a été auffi le fondateur, & que les Prêtres de cette fecte (hommes. paffionnés pour la retraite ) peuvent. y avoir habité. Je conçois qu'une objection plus fpécieule que fans réplique

réplique peut être avancée contre cette idée; mais fi quelqu'un trouve mon opinion fur cet objet, fans fondement, qu'il me permette de lui faire part d'un autre conjecture.

Il eft certain que quelques Moines chrétiens ont vifité les Illes d'Hirta, & qu'ils y ont réfidé. Il est également vrai que parmi ces Religieux, un grand nombre a donné beaucoup de preuves d'industrie, & d'une ferme perfévérance dans un travail très-laborieux. Quelques hommes de la même profeffion & d'une femblable capacité, auront tiré les marbres des carrières, les auront taillés & en auront bâti des cellules pour eux & pour leurs fucceffeurs. Un Religieux d'un genre auffi actif, qui se trouvant à Saint-Kilda, étant oifif une partie de la journée qu'il pouvoit donner à fa récréation, peut, après en avoir confacré plufieurs heures aux devoirs les plus effentiels de la piété,

D.

avoir formé le deffein de conftruire cette maison romanefque, & commę il aura bientôt trouvé que ce travail donnoit du relâche à fon efprit, & que s'il parvenoit à le finir il lui procureroit une habitation commode, ainfi qu'à d'autres; il eft poffible qu'il n'ait pas épargné la dépense pour. la rendre propre à fes vues ; & s'il a eu befoin du fecours d'un ou de plufieurs compagnons pour cette entreprise, un frère hermite, ou les esclaves foumis d'Hirta, qui penfoient probablement faire un œuvre méritoire de rendre service à un auffi faint perfonnage, lui auront prêté leur aide avec autant d'empreffement que de plaifir

CHAPITRE IV.

DES Eglifes ou des anciens Edifices religieux & de quelques monuments du Paganisme qu'on trouve à SaintKilda.

Νου

ous avons lieu de croire que le Chriftianisme avoit fait quelques progrès dans notre contrée avant le règne de Conftantin le Grand. Pendant la chaleur de la perfécution géné rale fous Dioclétien, quelques-uns qui avoient embraffé la Religion chrétienne, craignant la cruauté fans relâche de ce tyran altéré du fang humain, doivent avoir abandonné le Midi de la Grande Bretagne qui pour lors étoit une Province des Romains, pour aller fe réfugier dans le terri

toire des Calidoniens; nos Hiftoriens nous l'affurent, & rien en effet n'est plus probable.

La vie extrêmement auftère de quelques-uns d'entr'eux, la fainteté de leurs mœurs, & l'efprit de leur doctrine les rendirent fi vénérables que les pauvres cellules dans lefquelles ils habitoient, ou plutôt. se cachoient, furent regardées, dans ces temps reculés, comme des lieux fanctifiés. On bâtit des Eglifes où étoient ces espèces de cabanes & f'on penfa qu'elles feroient fort honorées de porter le nom des cellules qu'elles repréfentoient, de même que des faints perfonnages qui s'étoient retirés pour quelques temps dans ces humbles hermitages. Tel eft l'origine des noms qu'on a donnés il y a plufieurs fiècles & que porte encore aujourd'hui ce nombre infini d'Eglifes paroiffiales & de Chapelles tant dans l'Ecoffe que