INTRODUCTION. L'ISLE 'ISLE de Saint-Kilda peut être mife au rang des plus grandes curiofirés de l'Empire Britannique. La fituation de fon fol, le génie de fes habitants, leurs mœurs & leurs coutumes, la conftitution de leur petite République, cette adresse merveilleuse avec laquelle ils conduifent les branches les plus importantes de leur administration, ce courage, fans exemple, qui leur fait braver des dangers infurmontables à toute autre Nation & cette ignorance (peut-être heureufe) qui les rend abfolument étrangers à ces defis infenfés & à cette ardeur infatiable qui entretient dans prefque tous les hommes une agitation continuelle; ces objets joints à quel ques autres traits finguliers, paroiffent mériter à juste titre l'attention des Savants. Je préfume qu'il eft néceffaire d'informer le Public que la société établie pour la propagation de la Religion Chrétienne à Saint-Kilda, prend un foin particulier du Peuple de cette Ifle. Animée par un zèle qui lui eft propre & une affection défintéressée fondée fur la charité la plus vive elle a employé fans relâche, depuis plus de cinquante ans, des Indiens de nos Ifles fuffifamment pourvus de connoiffances, qu'on y a fait venir pour cette bonne œuvre. Elle leur a prefcrit avec les ordres les plus févères fortifiés par des récompenfes convenables de les inftruire avec foin des grandes vérités de notre fainte Religion, & de donner aux jeunes géns quelques notions de la langue angloife. Curieux de favoir fi ceux fes qui avoient été commis à cet emploi s'en étoient acquittés avec vigilance & utilité la Noblesse plus digne de refpect par fes vertus que par titres, qui compofe ce corps refpectable, jugea néceffaire d'envoyer un membre du Clergé de nos montagnes en miffion dans cette Isle; comme j'étois alors établi dans une Paroiffe qui eft la feule de l'Ecoffe qui entretienne quelque correspondance avec Saint-Kilda, elle jetta les yeux fur moi pour me charger d'éclairer co Peuple avec l'exactitude la plus fcrupuleufe, fur les vérités de la foi, autant que mes forces me le permettroient, & d'examiner dans quel état étoit l'école de charité. Telle fut ma. principale inftruction; la feconde avoit pour objet de recueillir toutes les obfervations que je ferois à portée de faire, & qui mériteroient d'être com muniquées au Public. ! 1 J'ai déjà rendu compte à la Société de tout ce que j'ai exécuté relative ment à la pieuse commiffion dont elle m'avoit chargé ; voulant d'ailleurs remplir fes vues en tout point autant que j'en étois capable, j'ai rassemblé tous les faits qué j'ai pu recueillir, & en ai formé l'ouvrage fuivant. Tout ce que j'ofe avancer en faveur de ce dernier, c'eft qu'on peut compter fur la fidélité & l'exactitude d'une relation dont tout le contenu eft appuyé par mon témoignage. HISTOIRE |