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fures, les occafions de guerre dans lefquelles ils les ont reçues, & la néceffité » dans laquelle ils fe trouvent de fe reti» rer; ceux qui mourront à notre service après être parvenus au grade de Capi»taine, fans avoir rempli les conditions impofées, &c. Tout Officier né en légitime mariage, dont le père & l'ayeul » auront acquis l'exemption de la taille » &c. fera noble de droit, après toutefois qu'il aura été par nous créé Chevalier de » l'Ordre de St.-Louis, qu'il nous aura » fervi le tems prefcrit, &c. Pourront nof» dits Officiers dépofer pour minutes, chez »tels Notaires Royaux, les Lettres, Bre» vets & Commiffions de leurs grades, » certificats de nos Secrétaires d'Etat chargés du Département de la guerre, dont leur fera délivré des expéditions qui leur » ferviront ce que de raifon «.

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TOUT homme qui a de grandes vertus ou de grand talens, a droit de prétendre à nos hommages, quand même placé loin de nous par la nature, dit M. Thomas, il n'eût jamais influé fur notre bonheur. Le fondement de cette efpèce de culte, c'est la gloire que les grands hommes répandent fur l'humanité qu'ils honorent, & le be

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que nous avons de ces êtres fupérieurs pour fuppléer à notre foibleffe; mais fi, né parmi nous, ou fixé par choix dans notre patrie, il a fervi l'Etat par fes talens, s'il l'a éclairé par fes lumières, s'il l'a orné par fes vertus, alors la reconnoiffance nous fait un devoir facré de ce tribut de vénération & d'amour; l'intérêt même du genre humain exige & reclame cet éloge.

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Maurice, Comte de Saxe Duc de Courlande & de Sémigalle, Maréchal géneral des Camps & armées du Roi, Chevalier de l'Ordre de l'Aigle blanc, mourut 30 de Novembre au Château de Chambord, âgé de cinquante quatre ans. Il avoit été comblé de marques d'eftime & de bienfaits de la part de Louis XV qu'il avoit bien fervi, & de louanges par toute la nation qui s'étoit empreffée de rendre justice à fon mérite. Objet d'amour & de confiance pour les troupes qu'il commandoit & animoit par fon exemple, il s'étoit rendu redoutable à celles qu'il avoit à combattre. Auffi favant par théorie dans toutes les parties de l'art de la guerre, qu'habile à réduire en pratique tout ce qu'il peut enfeigner; auffi propre aux attentions de la guerre défenfive qu'à l'activité de l'offenfive; incapable d'être retardé dans la carrière de la gloire, ni par le dé

rangement de fa fanté, ni par les obftacles des faifons, ni par les difficultés imprévues; il joignoit au courage le plus intrépide, la fagelle & l'étendue des vues dans les projets; la vivacité, l'ordre & le coupd'œil dans l'exécution & la folidité des mefures pour affurer les fuites des fuccès.

La campagne de 1744, les batailles de Fontenoy, de Raucoux & de Lawffeld; Bruxelles & dix-huit bataillons emportés au milieu de l'hyver; l'incomparable marche qui conduifit l'armée Françoife devant Maeftricht, & mit les ennemis hors d'état de fecourir cette place; quantité d'autres actions éclatantes affurent à la mémoire de ce grand Général, une immortalité due à la fupériorité de fes talens.

Louis le Bien-Aimé, dont l'ame fenible fut pénétrée de la mort de ce généreux Guerrier, répondit à l'Ambaffadeur d'Efpagne qui lui faifoit part d'une perte confidérable de vaiffeaux que fon Maître avoit faite M. l'Ambaffadeur, je viens d'en » faire une plus grande. On peut refaire » des vaiffeaux; mais on ne refait pas des » hommes tels que le Maréchal de Saxe.

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Le nom & les glorieux exploits de ce Héros, lui affurent une place des plus dif tinguées parmi les hommes illuftres de la France. Louis XV lui a fait élever un fuperbe mausolée, dont le modèle a été

long-tems expofé à la curiofité & à l'admi ration du public, monument immortel de l'eftime du Monarque pour ce grand homme, de la vive reconnoiffance & de la tendre affection de la nation pour ce Héros! Ce magnifique Maufolée a été placé à Strasbourg dans le Temple des Proteftans. On rapporte à cette occafion un trait qui prouve combien ce Général étoit aimé des foldats, & l'impreffion que fon grand courage avoit faite fur leur efprit.

Deux foldats François qui avoient servi fous fes ordres, paffant par Strasbourg, ne peuvent fe refufer aux hommages que leur dicte leur amour pour ce Héros. Ils entrent dans le Temple, l'image du Maréchal les frappe & renouvelle leurs juftes regrets; faifis par le refpect & la douleur, les yeux baiffés, ils approchent du tombeau dans un morne filence, tirent leurs fabres, l'aiguifent fur le marbre.... Quelle Oraifon funèbre plus fublime & plus éloquente !

M. d'Arnaud, ce peintre estimable de la vertu & du fentiment, a décrit dans fon Poëme intitulé, la mort du Maréchal de Saxe, cette belle action de deux Grenadiers Royaux :

On voit de vieux Guerriers couverts de cicatrices, Courbés fous foixante ans d'exploits & de fervices,

Se traîner au tombeau, le baiser en pleurant ;
S'écrier; des Héros, c'eft ici le plus grand:
D'autres, de qui le bras moins affoibli par l'âge,
Peut aider les transports & fervir le courage,
Accourent aiguifer à ce marbre facré,

Un glaive étincelant de vengeance altéré ;
Invoquant à grands cris les mânes de Maurice,
Impatients d'offrir un fanglant facrifice,
Comme au Dieu de la guerre ils lui portent

vœux;

leurs

Dans leur fein intrépide, il verfe tous les feux.

M. Bleffig, Orateur de Strasbourg, en célébrant dans un Difcours l'humanité du Maréchal de Saxe, rapporte l'anecdote fuivante qui prouve cette vertu qui caractérifoit ce Héros, & qui montre en mêmetems la grandeur d'ame d'un de fes foldats.

A la bataille de Raucoux, un boulet de canon emporte la jambe à un Grenadier, il nage dans fon fang; c'étoit au fort de la mêlée. Dans ce moment décifif, le Maréchal paffe & s'arrête: » Qu'on fauve » ce brave homme, dit-il, qu'on lui ap» porte des fecours! Que vous importe » ma vie, lui répond le Grenadier? Allez » & gagnez la bataille «.

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