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bles réduites à l'indigence, & l'on a découvert qu'il y avoit dans fa Paroiffe quelques familles de diftinction à chacune defquelles il donnoit jufqu'à 30,000 liv." par an; généreux par caractère, il donnoit grandement & favoit prévenir les befoins.

Dans le tems de la cherté du pain, en 1725, il vendit pour foulager les pauvres fes meubles, fes tableaux, d'autres effets rares & curieux. Il n'eut depuis ce tems-là que trois couvers d'argent, point de tapifferie & un fimple lit de ferge que Madame de Cavois ne fit que lui prêter, ayant vendu auparavant pour les pauvres tous ceux qu'elle lui avoit donnés en différens

tems.

Bien loin d'enrichir fa famille, il diftribua jufqu'à fon patrimoine. Sa charité ne fe bornoit point à fa Paroiffe; dans le tems de la pefte à Marseille, il envoya envoya des fommes confidérables en Provence pour foulager ceux qui étoient affligés de ce fleau.

Il ne ceffa de s'intéreffer avec zèle à l'avancement & aux progrès des Arts, au foulagement du peuple & à la gloire de la

Nation.

Il établit dans fa Paroiffe une Manufacture de mouffeline auffi fine que celles qui nous viennent des Indes. Cet établisfement intéreffe d'autant plus, que l'inten

tion du Fondateur étoit de retirer par ce moyen un grand nombre de fainéans de la misère & du libertinage, & ne peut qu'être d'une très grande utilité pour le

royaume.

Il refufa conftamment plufieurs Evêchés qui lui furent offerts par Louis XIV & par Louis XV, fous le Ministère du Cardinal de Fleury.

Sa piété & fon application continuelle aux œuvres de charité, ne l'empêchoient point d'être gai, agréable dans la converfation où il montroit beaucoup d'efprit & de fineffe.

Les Marguilliers & le fieur Dulau fon Succeffeur, lui ont érigé un fuperbe Maufolée pour tranfmettre à la poftérité les qualités & les vertus de ce Pafteur refpectable.

On ne fauroit refufer de juftes louanges à l'Auteur de ce riche tombeau, Michel-Ange Slodtz, Sculpteur habile & re

nommé.

JEAN-Baptifte Boyer, Médecin célèbre, rendit de grands fervices à fa Patrie par fon zèle & fon expérience confommée dans le traitement des épidémies & des contagions. Il fut chargé pendant 30 ans

du détail de ces maladies dans la Généralité de Paris; on le vit voler plufieurs fois au fecours des Villes & des Provinces infectées,

La ville de Beauvais en particulier fe reffouviendra toujours des fervices qu'il a rendus à fes Habitans dans un tems d'épidémie. Pour lui donner un gage de fa reconnoiffance, elle arrêta par délibération du 21 Décembre de cette année, de lui envoyer tous les ans un mouton. Ce préfent que le Roi ne dédaigne pas d'accepter, fut une diftinction très-flatteufe pour cet homme illuftre.

Louis-Jacques de Chapt de Raftignac, né en Périgord, fut élevé par fon mérite à l'Evêché de Tulles, enfuite transféré à l'Archevêché de Tours. Généreux & bienfaifant, ce digne Prélat ne fe fervoit de fon crédit que pour faire du bien. Dans le tems des inondations de la Loire, on le vit fournir la nourriture & des logemens à tous les pauvres Habitans des Čampagnes voisines de Tours, avec leurs troupeaux, & à tout le menu peuple de la Ville. Il fe plaifoit à cultiver à fes frais les talens des jeunes Eccléfiaftiques, & à infpirer à fon clergé le goût des fciences. Ef

prit jufte & conciliant, il fe fervoit de fes lumières pour terminer les différends & prévenir les diffenfions. Des mœurs douces, un commerce sûr, un cœur né pour l'amitié, lui avoient attaché les, amis les plus illuftres.

CLAUDE Deshaies Gendron, d'une illuftre famille de Beauce, après avoir été reçu Docteur dans la Falculté de Montpellier, fut fucceffivement Médecin de Monfieur, frère unique de Louis XIV, & du Duc d'Orléans fon fils. Il pratiqua la Médecine à Paris avec le plus grand fuccès, & fe fit des amis de la plus haute confidération. Il eut des liaifons habituelles avec les plus grands efprits de fon tems, & entre autres avec le célèbre Boileau Defpréaux, qu'il venoit fouvent voir à Auteuil. Après la mort de ce grand Poète, il acheta fa maifon & y vécut dans la plus grande retraite, ne s'occupant que de l'affaire importante de fon falut, & ne fe communiquant au dehors que pour le fervice des pauvres, auxquels il donnoit abondamment des fecours de toute espèce ; y mourut âgé de 87 ans.

il

On raconte que M. de Voltaire étant

un

un jour allé rendre visite à M. Gendron, il fit cet impromptu sur sa maison :

C'est ici le vrai Parnasse

Des vrais enfans d'Apollon.

Sous le nom de Boileau, ces lieux virent Horace ;
Efculape y paroît fous celui de Gendron.

>

UN Citoyen de Toul conftitué en dignité, fe ruina entièrement par les dépenses exceffives qu'il fit pour fe foutenir dans fon pofte; fon époufe, par honneur & par tendreffe, s'étoit engagée folidairement à fatisfaire aux dettes de fon mari. A la vente de tous leurs effets, la femme fe dépouilla de tous fes bijoux, elle exigea même que fa montre qui étoit d'un très-grand prix, fût également vendue. Un Juif, qui affiftoit à la vente, informé du malheur de cette famille défolée, achette la montre & la remet généreufement fans aucun intérêt à l'époufe infortunée. Ce trait fublime de grandeur d'âme de la part du Juif, le généreux facrifice de cette femme vertueufe & équitable, excitèrent l'admiration générale de toute la ville.

Tom. II.

C

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