ces infortunés en état de donner l'essor à leur zèle par un Te Deum chanté avec pompe. L'Abbé de la Chataigneraye Comte de Lyon & Aumônier du Roi, y officia, & le motet fut exécuté par les Muficiens de S. M. qui fe firent honneur de fervir d'organes aux pauvres dans cette cérémonie remarquable. La Reine, le Dauphin & Mefdames de France, en afsistant à une cérémonie fi touchante, contribuèrent par leurs bienfaits à la rendre encore plus intéreffante.

MM. les Echevins de Marfeille fe diftinguèrent dans les fêtes qu'ils donnèrent. Empreffés à feconder les pieufes intentions du Roi, ils relevèrent leurs réjouiffances par la célébration du mariage de 70 filles qu'ils avoient dotées, & par un festin donné dans l'Hôtel de Ville, auquel fe trouvèrent les nouveaux époux & tous leurs parens.

Le Marquis de Benincafa, Conful de France à Ancone, fit diftribuer le jour de la fête du pain & de l'argent à environ 2000 pauvres.

TANDIS que Louis XV, à l'exemple de fon Augufte bifayeul, s'occupoit du foin de rendre plus commode & plus gracieuse

la retraite destinée aux Officiers que leur âge & leurs bleffures mettoient hors d'état de fervir; ce Prince méditoit un projet très-important & vraiment digne de fa fageffe & de fa magnificence; c'étoit l'établiffement d'une Ecole Militaire dans laquelle cinq cens jeunes Gentilshommes feroient nourris, inftruits & formés à tous les exercices convenables aux perfonnes, qui par leur état & leur naiffance, femblent fpécialement destinées à la défense & à la fûreté de l'Etat,

Au mois de Janvier le Roi donna un Edit dans lequel en rappellant ce qui avoit déja été fait pour maintenir & même pour augmenter la fplendeur de l'Hôtel Royal des Invalides, S. M. donna de nouvelles preuves de fon affection à ceux de la Nobleffe, qui ayant confumé leurs biens à la défenfe de l'Etat, fe trouvoient malheureufement réduits à négliger l'éducation des enfans, qui par-là fe trouvoient incapables de rendre aucun fervice & à la Patrie & à leur famille.

Pour remédier à cet inconvénient, le Monarque déclara qu'il fondoit une Ecole pour l'entretien & l'éducation de cinq cens jeunes Gentilhommes, dans le choix defquels feroient préférés, ceux qui en perdant leur père à la guerre, font cenfés être devenus les enfans de l'Etat.

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Nous avons confidéré, dit ce Monar»que, que le feu Roi a fait conftruire » l'Hôtel des Invalides pour être le terme » honorable où viendroient finir paisible»ment leurs jours, ceux qui auroient vieilli » dans la profeffion des armes, Nous ne pouvions mieux feconder fes vues qu'en » fondant une Ecole où la jeune Nobleffe qui doit entrer dans cette carrière, pût apprendre les principes de l'art de la » guerre, les exercices & les opérations» pratiques qui en dépendent & les fcien» ces fur lefquelles ils font fondés; c'est "par des motifs aufli preffans, que nous "nous fommes déterminés à faire bâtir » inceffamment auprès de notre bonne » ville de Paris, & fous le titre d'Ecole » Royale Militaire, un Hôtel affez grand » & affez fpacieux pour recevoir, non-feu»lement les cinq cens jeunes Gentilshom» mes nés fans biens pour lefquels nous le » destinons, mais encore pour loger les » Officiers de nos troupes, auxquels nous » en confions le commandement, & les 39 Maîtres en tout genre, &c. «

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Quoique cet établiffement fût fondé en général pour la Nobleffe indigente, Louis XV cependant jugea à propos d'ordonner dans la reception des fujets, des préférences d'autant plus juftes, qu'elles font fondées fur le mérite plus ou moins important des fervices militaires.

Cette Ecole Royale, quant au fpirituel, eft abfolument fous les ordres de l'Archevêque de Paris. Ce Prélat donna en conféquence au mois de Février 1761, un Règlement très-étendu, concernant les fonctions & les exercices fpirituels qui doivent être pratiqués par les Elèves de cet Hôtel.

A l'égard des fonds néceffaires la pour conftruction des logemens, pour leur entretien & pour la fubfiftance des Elèves & de ceux qui veillent à leur éducation, S. M. eut la bonté d'y pourvoir par différens moyens. Après avoir accordé à cet Hôtel les mêmes franchifes & exemptions qu'à l'Hôtel Royal des Invalides, le Roi aliéna en fa faveur le droit fur les cartes à jouer par forme de première dotation, & l'augmenta même à fon profit par une Déclaration donnée à Verfailles le 13 de Janvier de cette année, laquelle fut enregistrée le 12 du même mois.

Six ans après ce Prince accorda en faveur de cet Hôtel, une Loterie compofée dans les mêmes principes que celles qui font établies à Rome, à Gênes, à Venise, à Milan, à Naples & à Vienne en Autriche. L'Arrêt du Confeil qui porte cet établissement, eft du 15 Octobre 1757.

En 1762, fut confommée l'affaire de la réunion de la Manfe Abbatiale de St. Jean-de-Laon, Ordre de St. Benoît, à la

Chapelle de l'Hôtel. La Bulle de Clément XIII, concernant cette union, fut donnée à Rome le 31 Juillet 1760, & fulminée à Laon au mois d'Octobre fuivant. Le Roi donna des Lettres-Patentes en conféquence de la Sentence de fulmination au mois de Novembre 1762, lefquelles furent enregiftrées au Parlement au mois de Juillet 1762.

Pendant le cours des formalités qu'exigeoit cette réunion, les revenus de l'Ecole Militaire reçurent un nouvel accroiffement par le don que lui fit le Maréchal Duc de Belleifle, des fix Charges d'Affineurs & Départeurs d'or & d'argent des Monnoies de Paris & de Lyon, dont ce Seigneur avoit fait l'acquifition, & dont par fon teftament il fit préfent au Roi, à condition que le produit en appartiendroit à l'Ecole Militaire après la mort du Donataire. S. M. confirma ce don par des Lettres-Patentes du mois de Février 1760.

Dans la même année, le 25 d'Août, le Roi accorda à l'Ecole Militaire deux deniers pour livre fur le montant des dépenfes des marchés, concernant la fubfiftance, l'entretien & le fervice, tant des troupes, que des places appartenant à S. M.

Le Roi fe rendit le 5 de Juillet 1769, à fon Ecole Militaire pour pofer la première pierre de la Chapelle. Les Elèves