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il mourut le 12. de Septembre 1558. Cet évenement qui divifoit les forces 1557 de la Maifon d'Autriche engagea Hen

ri II. à déférer aux prieres du Pape à Ferron. qui les Efpagnols avoient déja enlevé in Henr. une partie des terres de l'Eglife. Il lui envoya une armée commandée par François Duc de Guife.

II.

Thuan. bift. lib.

18.

Elle confiftoit en douze mille hommes de pied, dont fept mille étoient François, & cinq mille Suiffes ou Grifons. La Cavalerie étoit compofée de quatre cens Gendarmes & huit cens chevaux - Legers, fous le Commandement de Claude de Lorraine Duc d'Aumale, frere & Lieutenant du Duc de Guife. On comptoit parmi les principaux Capitaines qui fervoient fous eux, Jacques de Savoye Duc de Nemours, qui commandoit l'Infanterie Françoife, René de Lorraine Duc d'Elbeuf, auffi frere du Duc de Guife: il étoit à la tête des Suiffes & des Grifons; François de Cleves François de Vendôme, Vidame de Chartres, Claude de la Châtre, encore fort jeune, & qui dans la fuite mérita la réputation de grand homme de guerre, Gafpard Comte de Nançay fon frere, Philibert de MarcillySipierre, Gafpard de Saulx Tavannes

& Boniface de la Mole, tous trois 1557: Maréchaux de Camp.

Le Duc de Guise ayant franchi les Alpes au milieu de l'hyver, traversa une partie de la Lombardie où il emporta d'affaut Valenza deffendue par les Espagnols: ayant paffé le Pô à Ĉafal il prit la route de Plaifance. On lui confeilloit, pour affùrer le fuccès de fa campagne, de s'affûrer de Cremone: de pofter enfuite un corps de troupes vers l'embouchure de l'Adda afin de fermer le paffage à celles qui pourroient venir d'Allemagne, & de conduire l'armée dans le Milanois pour joindre cette grande Province au Piémont, dont les François étoient maîtres.

Rien n'étoit alors fi facile que la conquête du Milanois & de fa Ville Capitale, où les ennemis fe trouvoient dépourvûs de tout: mais le Duc de Guise aima mieux fuivre les confeils du Cardinal de Lorraine fon frere, dont l'efprit rempli de vastes idées, fe formoit les plus magnifiques chimeres, & ceux du Cardinal Caraffe qui n'écoutant que l'ambition & l'elprit de vengeance qui le maîtrifoient vouloit qu'on portât la guerre dans

1557. le Royaume de Naples. Il marcha donc du côté de Tortone, & fuivant toujours la voye Emilienne alla dans le territoire de Reggio auprès_du Pont de Lenza, joindre le Duc de Ferrare fon beau-pere, qui l'y attendoit avec un corps d'armée de fix mille hommes d'infanterie & de huit cens chevaux.

On tint confeil fur la conduite de la guerre qu'on alloit commencer : le Duc de Ferrare étoit d'avis qu'on tirât vers Cremone, qui aux termes du Traité, devoit lui être remife : quelques Officiers Généraux croyoient qu'on devoit plûtôt s'emparer de Parme: d'autres propofoient, comme une expédition qui faciliteroit celle de Naples, de s'emparer de Sienne. Le Duc de Guife entêté de son sentiment foutint feul avec le Cardinal Caraffe que fans perdre de tems il falloit partir pour le Royaume de Naples. Le Duc de Ferrare, qui conformément au Traité devoit avoir le Commandement Général dans cette guerre, ne jugeant pas à propos de tenter une entreprise fi téméraire, resta à la tête de fes troupes dans fes Etats pour être à portée de les deffendre, & malgré

les inftances du Cardinal Caraffe, fe 1557. contenta de fournir, fuivant ses engagemens, du canon, de la poudre & d'autres munitions de guerre.

Le Duc de Guife prit congé de fon beau-pere, & fe rendit avec le Cardinal Caraffe à Boulogne, où ne trouvant point les troupes qu'on lui avoit promifes, il en fit des reproches très-vifs au Cardinal, qui le calma en l'affûrant que le Pape faifoit lever douze mille hommes dans la Marche d'Ancone, & que Tiraldo, à qui l'on en confioit le commandement les ameneroit inceffamment au lieu du rendez-vous. Des différentes routes par lesquelles on pouvoit entrer dans le Royaume de Naples, on préféra celle qui cotoyant la mer paffe par Fermo, Afcoli, Civitella & Giulia-Nova, parce qu'outre que ces quatre Places étoient le rendez-vous des troupes de Tiraldo, elle ouvroit le chemin de la Pouille, pays fertile & abondant. L'armée prenant en effet cette route, arriva à Rimini où Paul Jourdain, chef de la Maifon des Urfins, la joignit par ordre du Pape. Le Duc de Guife ayant ordonné à l'armée de prendre les devants jufqu'a

557. Gefi, il alla à Pefaro conférer avec le Duc d'Urbin, enfuite à Rome avec le Cardinal Caraffe pour faluer le Pape.

Le Duc d'Albe Viceroi de Naples, au bruit de l'arrivée du Duc de Guife, avoit cependant fait fortifier les Places voifines de la Capitale, jetté des garnifons dans celles de l'Abruzze, & envoyé à Civitella le Comte de Santa-Fiore, qui fe chargea de fa défense. Il affembla lui-même à Sulmone toutes les troupes, tant de cavalerie que d'infanterie qui étoient difperfées de côté & d'autre. Le Comte de Santa-Fiore arriva fort à propos à Civitella: l'armée Françoife avoit déja paffé Fermo & Afcoli, & s'étoit jointe à celle du Pape. Tiraldo, qui la commandoit, campa le 17. devant Campli, petite Ville à trois milles de Civitella, & l'emporta l'épée à la main. Teramo fe rendit auffi aux François & le Duc de Guife étant de retour le 25. il forma le Siége de Civitella.

Cette Ville fituée dans un endroit de l'Abruzze appellé Caraceni, &bâtie fur une colline fort efcarpée fut fi bien deffenduë par Santa-Fiore, fecondé des habitans des deux fexes

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