Des Portes en general VIGNOLE a donné des deffeins de Portes fans les expliquer : c'est ce qui m'a obligé d'en traiter en general & de faire la defcription de chacune de ces Portes en particulier. Vrique, tabique, ro l'Arrique on its mais lon Itruve établit de trois fortes de Portes, fçavoir la Do texte eft fi obfcur, qu'il femble avoir efté corrompu, à cause du peu de rapport qu'ont les proportions & les Ornemens qu'il leur donne, avec ce qui nous en refte de l'Antiquité. Ce qu'il dit de plus à propos fur ce fujet, eft qu'il faut faire des Portes propres à chaque Ordre, qui par une compofition particuliere puiffent faire reconnoiftre qu'elles appartiennent au Dorique ou au Corinthien, & ainfi des autres, quand mefme elles ne feroient pas renfermées dans une Ordonnance de Colonnes ou de Pilaftres. Scamozzi eft celuy qui a traité le plus amplement des Portes. Pour ce qui eft du retreciffement des Portes par le haut, dont parle Vitruve, & dont nous n'avons d'autre exemple antique que celuy du Temple de la Sybille à Tivoli; il eft difficile de fçavoir pour quelle raifon les Anciens ont pratiqué cette difformité; le plus vray-femblable paroift avoir efté pour faciliter les Ventaux de la Porte mobile à fe fermer d'eux-mefmes. Julien Sangallo en a fait deux de cette forte fous le Portique Dorique du Palais Farnefe, & l'on tient que celles qui fe voyent dans le Palais de la Chancellerie font de Vignole: enfin fi cette maniere de Porte eftoit fupportable, ce feroit plûtoft dans le mur en talus d'une Citadelle, qu'à la façade d'un bâtiment d'Architecture civile, parce que les Piédroits font difpofez à arbouter contre la Platte-bande. Les Anciens, comme nous, avoient des Portes de differentes grandeurs pour des lieux fervans à divers ufages: celles des Temples & des Bafiliques eftoient quarrées ou à Plat : te-bande; pour les Portes publiques, comme les Arcs de Triomphe, celles des Theatres, Amphitheatres & Portiques qui ne fermoient pas, elles eftoient formées en plein cintre. Ainfi fans s'arrefter aux preceptes des Anciens fur les Portes, puifque la diftribution de nos Plans & la décoration des Façades de nos Edifices eft bien differente de leur Atchitecture, il eft neceffaire de fçavoir qu'il y a de trois fortes de Portes qui font les Grandes, les Moyennes, & les Petites : entre les Grandes on compte les Arcs de Triomphe, comme à Rome, ceux de Titus, de Septime Severe, & de Conftantin ; & à Paris ceux du Fauxbourg faint Antoine, & de la ruë faint Denis, outre plufieurs autres Arcs qu'on voit tant en Italie qu'en France. Aprés font les Portes de Villes qui fe ferment comme celles de faint Bernard, de faint Martin & autres enfuite les Portes des Eglifes, celles des Palais, Hôtels & Maisons confiderables, & aprés celles qu'on nomme Cocheres Enfuite il y a des Portes de Cloftures, comme celles des Monafteres, Cours & Parcs qui peuvent eftre décorées fort à propos d'un Ordre Ruftique ou de Boffages. Il est neceffaire qu'elles foient couronnées d'un Fronton pour y placer les Armes du Maiftre, & que ce Fronton foit orné de fa Corniche en dedans comme en dehors. La Platte-bande de ces fortes de Portes doit eftre plûtoft courbée par deffous que droite, elles doivent au plus avoir de hauteur une fois & trois quarts de leur largeur. Il eft neceffaire que ces Portes foient foûtenues de Piliers-boutans derriere leur ouverture qui ayent autant de faillie depuis la feüillure jufques à leur face, que la largeur d'un des Ventaux, pour les ranger dans l'embrafure qui doit eftre hors d'équerre au moins de l'épaiffeur des Battans. Les côtez du dehors des Pilliers-boutans doivent eftre d'alignement avec le corps qui porte le Fronton, pour éviter un retour dans la Corniche de cofté. Toutes les Portes où paffent des Charrois, doivent avoir neuf pieds de largeur au moins. Entre les Portes moyennes il y a les Bourgeoifes ou Bâtardes qui ne doivent avoir plus de fix pieds de largeur, ni eftre moindres de quatre, pour eftre d'une belle proportion; car je ne parle pas ici de ces petites Portes de deux pieds & demi, ou trois pieds, quoiqu'elles fervent d'Entrée principale aux Maifons des Particuliers. Pour parler des grandes Portes, tant quarrées que cintrées, il eft conftant que leur plus belle proportion cft d'avoir en hauteur le double de leur largeur dans l'Ordre Ionique; ainsi un peu moins pour les Ordres maffifs, & un peu plus pour les Ordres délicats: & quand mefme il n'y auroit point d'Ordre à la Façade d'un Bâtiment, la Porte doit retenir la proportion de la fimplicité ou de la richeffe de tout l'Edifice. Outre les Portes rondes & quarrées, il y en a d'autres qui approchent de ces figures, comme celles dont le cintre eft en anfe de panier, & furbaiffé; & enfin d'autres qui font bombées ou un peu cintrées dans leur Platte-bande, & dont le trait le plus parfait eft la portion de Cercle qui fe fait fur la Base d'un Triangle équilateral, dont le fommet eft le centre. Pour les Portes à Pans, & celles dont le Linteau a trois parties, comme celle de l'Hostel de Condé, elles font reputéz imparfaites. Or comme la principale Porte d'un Edifice eft la partie la plus remarquable dans la Façade ; on peut, lors que le lieu le permet, en faisant faillir quelque Architecture au dehors, ftinguer la Porte d'une Maifon confiderable d'avec celle d'un Particulier. Si la rue eft large, elle peut eftre ornée de Colonnes, comme celle de l'Hoftel de Puffort, ou fi la ruë eft étroite, prendre la Porte dans un renfoncement au mur de face, comme feu Monfieur Manfard l'a pratiqué à l'Hoftel d'Aumont ruë de Joüy: & lors que le ménage de la Place ne permet pas de faire ce renfoncement, il fe faut contenter de quelques Pilaftres ou Avant corps de peu de faillie, ce qui eft beaucoup mieux que de la décorer par des Colonnes ovales ifolées, & qui font nichées dans le maffif du mur, comme celles de l'Eglife de fainte Catherine du Val des Ecoliers, rë de la Coûture. Avant-corps di Quant aux grandes Portes qui font couronnées d'un Balcon, il doit y avoir un Avant-corps au delà du Chambranle, |