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on peut avoir connoiffance de la plufpart de ceux qu'on employe aujourd'hui. Ils fe vendent tous au pied cube, & leur prix dépend de la rareté du marbre, & de la groffeur du bloc: ils font prefque tous de même poids, mais de différente dureté. Le Marbre generalement n'a point de lit, & il est sujet à s'éclater à caufe des fils qui s'y rencontrent, outre que l'inégalité de fa dureté & les clous qui s'y trouvent le rendent difficile à tailler, particulierement celui d'une même couleur comme le blanc. Tous les Marbres reçoivent affez bien le poli; mais il est neceffaire que les paremens en foient bien dreffés au ciseau, quoique fciez, parce qu'eftant luifant, les paremens gauches & par ondes y font fort fenfibles.

DE LA LIAISON DES PIERRES.

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Ar le mot de liaison on entend deux chofes dans l'art de baftir, dont l'une eft la maniere d'arranger les pierres enfemble, de telle forte qu'eftant enclavées les unes avec les autres, elles ne faffent qu'un corps: Et l'autre fe prend pour le mortier ou matiere qu'on employe humide, autant pour remplir les joints & le vuide qui fe rencontre entr'elles, que pour les lier les unes avec les autres ; & c'eft de cette derniere liaison dont je prétens parler en cet endroit, parce que fes bonnes qualitez ne font pas moins neceffaires que le choix des pierres.

Le Mortier qui compose la meilleure liaison, eft ordinairement fait de chaux & de fable, & ces deux matieres s'uniffent ensemble de telle forte, qu'elles entretiennent auffi les Pierres & les Moilons : d'où il arrive affez fouvent que dans la démolition des anciens Edifices, ils se caffent plûtoft que de se féparer.

Le meilleur fable eft celuy de riviere qui eft graveleux : enfuite le fable rouge ou blanc, mais qui a le grain le plus gros; & enfin le fable noir de cave. Il faut fur tout obferver que le plus fec, & qui s'attache le moins à tout ce qu'il touche,

eft le plus propre pour baftir:& la meilleure chaux eft la mieux cuite, la plus blanche, la plus graffe & celle qui n'eft point éventée; il s'en fait en divers endroits où la pierre fe trouve propre pour cet effet, & d'où le bois à brûler n'eft pas loin, parce que la cuiffon rend cette matiere fort chere; c'eft auffi pourquoy l'Entrepreneur rabat au Marchand les bifcuits ou cailloux qui restent dans le baffin lorsqu'on éteint la chaux. Celle de Melun eft fort eftimée, parce qu'outre qu'elle est de bonne confiftance, elle foifonne plus qu'aucun autre. La chaux se mesure avec une efpece de muid composé de six fu

tailles.

Il faut que le bon Mortier foit compofé de deux tiers de fable & d'un tiers de chaux, ce qui dépend auffi de la bonté du fable: & il y a autant de défaut à mettre trop de chaux qu'à l'épargner, parce que moins le fable fe rencontre des qualitez cydeffus declarées, plus il faut de chaux ; c'eft pourquoy on met quelquefois deux cinquièmes de chaux, fur trois de fable, mais jamais la moitié: outre la quantité de ces deux matieres,il faut la qualité de l'eau pour la détremper: la meilleure eft celle de riviere, de puits ou de cîterne: celle des marais, ni de la mer n'eftant pas propre. Le Mortier pour eftre bon, doit eftre broyé & corroyé dans le baffin, afin que la chaux & le fable foient bien incorporés ensemble; ce qui fe connoît lorfque n'eftant pas trop abbreuvé, ceux qui le broyent ont de la peine à retirer le rabot du baffin.

11 fe fait auffi du Mortier de ciment pour les Ouvrages qu'on fonde dans l'eau, parce qu'il refitte plus à l'humidité que celui du fable; le ruilleau ayant déja efté cuit. Le ciment de tuilleaux concaffés eft meilleur que celui de brique, il fe broye avec de la chaux vive, dont un tiers fuffit fur deux tiers de ciment: outre qu'il fert à la liaifon des pierres. On fait auffi des aires ou couches de mortier de chaux & de ciment, qui ne failant qu'un corps fort dur, fervent à conferver le deffus des voûtes expofées à l'air. On peut encore paver les Aqueducs, Canaux & baffins de Fontaines de petit caillou de vigne bien

lavé & nettoyé qu'on employe avec le mortier de chaux vive & de ciment.

Le Plaftre eft une matiere fort neceffaire, & qui contribuë le plus à la propreté & à la durée de nos baftimens: fes bonnes qualitez font d'eftre bien cuit, blanc, gras & point éventé. Le meilleur fe fait à Montmartre près de Paris. Il y a auffi plufieurs autres Carrieres où le moilon fe trouve propre pour cet effet ; cependant ce moilon, quoy que bien gifant, n'eft pas bon pour les fondations, parce qu'il fe mouline & fe pourrit à l'humidité. Le plaftre fert pour la liaison, pour les crefpis, enduits & ravalemens: on l'employe au gros, ou au panier, ou au fas, felon les divers Ouvrages, le hale le fait mieux feicher. Quand le Plaftre pur eft fec, il est d'une dureté extraordinaire, comme on peut remarquer aux tuyaux & languettes de cheminées, qui fubfiftent quoy que fort minces. Le Plaftre eft fujet à fe gercer & à fe fendre forfqu'il eft employé dans la gelée, & qu'il ne feche pas à loifir, ou bien lorfqu'il n'eft pas travaillé de fuite, & avec l'art que la pratique enfeigne. On mefure à Paris le Plastre au muid, qui fait 36. facs ou 3. voyes.

Au défaut du Plaftre on fe fert de Stuc, particulierement en Italie, autant pour les faillies d'Architecture, que pour les figures & les ornemens de Sculpture: mais il n'eft propre que pour les dedans, auffi ne s'employe-t'il icy qu'à la Sculpture. Pour faire une Figure, on commence par l'ame ou noyau, avec un mortier compofé d'un tiers de chaux & de deux tiers de fable de riviere, ou de poudre de brique en pareille quantité, ce qui fait un ciment affez dur : & on acheve enfuite la figure fur cette ame avec un mortier d'un tiers de chaux vieille éteinte, & de deux tiers de poudre de marbre blanc ; ce qui eft proprement le vray Stuc qui fe travaille avec l'ef paftule, la broffe, & quelques linges rudes pour finir. Cette matiere fe conferve longtemps, comme il paroift en plufieurs Edifices antiques, où font restés des ornemens de ftuc depuis plufieurs fiecles.

Il y a encore des Mortiers de moindre qualité & consistance que ceux dont il eft parlé cy-deffus, mais dont on ne se fert que par épargne, ou parce que les matieres ne se rencontrent pas pour les faire auffi bons que les autres ; le moindre eft celui de terre franche détrempée avec de l'eau, ou de terre jaune avec un peu de paille hachée, & quelque peu de chaux; on nomme ce mortier, de la bauge. Il fe fait aufli du mortier de chaux & de fable blanc, au lieu de plaftre, pour les enduits & ravalemens, comme à Fontainebleau. Il n'y a que la neceffité qui doive contraindre de fe fervir de ces fortes de matieres.

DE L'USAGE DU FER

Ο

DANS

LES BASTIMEN S.

N connoift par les reftes des Edifices antiques que l'ufage du Fer n'eftoit pas fi commun qu'il eft à présent, parce qu'on fe fervoit alors plûtoft de la bronze qui eft plus durable que le Fer outre que les Anciens ne l'employoient pas en fi grande quantité que nous, ne faifant que quelques crampons de bronze pour entretenir & lier enfemble les pierres.

Tout le Fer qui s'employe dans les Baftimens fert à la folidité, ou à la feureté: ou à l'un & à l'autre. Celui qui fert à la folidité eft reputé gros fer, comme les Tirans, Ancres, Linteaux, Plate-bandes, Boulons, Manteaux de cheminées, Barres de Tremies, &c. Et celui qui fert à la feureté pour la fermeture des lieux, eft appellé Fer de menus Ouvrages,comme Serrures, Pantures, Fiches, Targettes, Loquets, &c. Ce n'eft pas qu'il n'entre du gros Fer dans ce qui regarde la feureté, comme les Barreaux des Croifées, & les Barres & Fleaux pour fermer les portes.

Le Fer dans les Edifices a cet avantage que par fon moyen un mur de moindre épaiffeur, fubfifte mieux qu'un plus gros

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