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DU CUIVRE.

de

E Plomb a fes défauts comme fon utilité; car outre qu'il eft d'un grand poids,il eft fujet à fe caffer,& par confequent d'un grand entretient ; c'eft pourquoi on fe peut fervir comme en Suede de cuivre reduit en tables minces d'environ 2. pieds de large, dont on couvre fort à propos les combles,quelques pentes ou inclinaifons qu'ils ayent. Il entre fort peu foudure pour joindre ces tables, parce qu'elles s'affemblent par des replis qui forment des areftes en leurs joints montans environ d'un pouce de haut , ce qui facilite l'écoulement des caues pluviales; on peut remarquer combien cette pratique réüffit, par la dépenfe que le Roy a faite depuis peu pour couvrir l'aile droite de fon Château de Versailles.

DE L'ARDOISE.

&

Iura, de deux "L y a de deux fortes d'Ardoise, la dure & la tendre. La dure, qu'on nomme pierre d'Ardoife, fert pour faire du pavé & des tables, & la rendre eft celle qui fe debite de telle épaiffeur qu'on veut, & fert pour la couverture des combles. Il s'en trouve en France dans l'Anjou & à Mezieres, mais celle d'Anjou eft la meilleure, parce que celle de Mezieres est verdâtre, fe füillette, & s'en va en pourriture. La beauté de l'Ardoife confifte à eftre bien noire, bien équarie & d'égale épaiffeur. Il y a de l'Ardoise de plufieurs grandeurs : la quarrée forte a 11. à 12. pouces de long, fur 7. à 8. pouces & demi de large, & s'employe à 4. pouces de pureau ou d'échantillon. L'Ardoife fine eft de même grandeur,mais moins épaiffe de la moitié. Il y a enfuite la rouge noire, qui eft de même grandeur, & le rebut de la forte, dont on fe fert le long de la riviere de Loire. L'Ardoife appellée groffe ou rou

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ge noire eft de quatre fortes, la plus grande a 15. pouces de long, à laquelle on donne le tiers de pureau. La feconde a un pied avec 4. pouces d'échantillon. La troifiéme to. pouces fur 3. pouces & demi de pureau, & enfin la petite 8. pouces de long fur 3. pouces de pureau. On fait la Cartelette de la plus belle Ardoife, elle a 8. pouces de longueur fur 4. à 4. pouces & demi de large avec 3. pouces & demi de pureau. On taille ces Ardoifes en écailles, pour les Dômes, Clochers, Combles courbes, & à l'Imperiale. On employe l'Ardoife fur des lattes de fente, avec contrelattes de fciage. Les lattes de fente ont 4. pouces de largeur fur 4. pieds de longueur, attachées avec deux clous fur chaque chevron. Les Contrelattes de fciage font de même longueur & largeur, & de 4. à s lignes d'épaiffeur.

DE LA TUILE.

Près l'Ardoife, la Tuile plate eft la plus propre matiere dont on couvre les Maifons, parce qu'en plufieurs la endroits il fe trouve de la terre propre pour la faire, mais elle est beaucoup meilleure en certains lieux qu'en d'autres. La meilleure Tuile vient de Paffy près de Paris, & de Bourgogne, pour celle du Fauxbourg S. Antoine, elle eft fujerte à fe feuilleter & à venir en pourriture. Il y a de deux fortes de grandeurs de Tuile, celle du grand & celle du petit moule, car pour le moule baftard on ne s'en fert plus. La Tuile du grand moule porte un pied de long fur 8. pouces & demi de large avec 4. pouces de pureau, & celle du petit moule a 9. à 10. pouces de long fur 5. pouces & demi de large, à laquelle on donne 3 pouces un quart de pureau. La Tuile pour eftre bonne doit eftre bien cuite, bien droite, & doit fonner claire lorfqu'on la frape. Il y a auffi des Tuiles creufes ou flamandes, mais elles ne font ici gueres en ufage. La latte à Tuile a 2. pouces de large fur 4. pieds de long, & la contrelatte la Tuile autant, s'il y a 4. chevrons à la latte: mais s'il

pour

n'y en a que 3. il faut de la contrelatte de fciage. Toute latte & contrelatte tant de fente que de fciage, doit eftre fans aubier, les Couvertures fe mefurent à la toife fuperficielle. Or comme ces fortes d'Ouvrages font fujets à de grandes reparations, il eft plus avantageux aux Bourgeois de donner au Couvreur une fomme par maifon pour l'entretien, afin de n'eftre pas obligé de la reparer fi fouvent.

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L'Ufage du Verre plat a efté inconnu aux Anciens;puifqu'ils fe fervoient d'Albaftre ou de Corne fort mince pour fermer leurs Croisées & fe défendre des injures de l'air. Ces matieres quoique précieuses, eftoient bien moins propres que le verre, puifqu'elles font plus obfcures. Il y en a en France de deux fortes, le commun & le blanc. Les plus beaux Verres viennent de Cherbourg, qu'on nomme Verres de France, & les moindres de Lorraine. La beauté du Verre confifte à estre droit, clair, fans boüillons ni boudins: on l'employe en paneaux ou en carreaux. Les paneaux font ou à petits carreaux ou à paneaux de bornes. On donne à ceux-cy diverfes figures de compartimens, & les plombs dans lefquels ils font affemblez doivent avoir au moins 3. lignes & 5. au plus. Pour les carreaux on les met en plomb aux chaffis des appartemens un peu confiderables,& en papier à ceux des moindres,& aux contrechaffis d hiver. Le principal appartement d'un Palais peut eftre vitré fort à propos de verre blanc,& quelquefois de glaces. Le Verre de France se vend au panier qui eft de 24. plats de 2. pieds & demi de diametre, dont on peut tirer quatre pieds de verre. Le Verre de Lorraine qui eft jetté en sable, se vend au balot qui eft de 25. liens, & chaque lien de 6. tables dont chacune fait 2. pieds & demi de Verre. Les Ouvrages de Vitrerie font payez au pied fuperficiel, tant les carreaux que les paneaux. Les carreaux qui paffent un pied augmentent beaucoup de prix & se payent à la piece; les Vitriers font obligez à la pofe, aux liens, pointes & ver de fer fuffifantes.

DE LA PEINTURE ou IMPRESSION

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DANS LES BASTIMEN S.

Par le terme de Peinture dont on fe fert ici, on ne prétend pas parler des diverfes parties de l'Art de peindre, mais feulement des couleurs qu'on employe fur le bois, le fer, le plomb & toute matiere qu'il convient peindre ou imprimer d'une ou de plufieurs couches, autant pour la conferver, que pour la rendre plus d'union par une feule couleur.

La plus belle couleur eft le Blanc, parce qu'il augmente la lumiere & réjouit la veuë. Il y en a de plufieurs fortes. Le blanc de Cerufe, & le blanc de plomb s'employent à l'huile: pour les détremper après qu'ils font broyez, on y ajoûte un poiffon d'huile de noix par livre, ou demi poiffon avec autant d'huile de Therebentine. Le blanc de Rouen s'employe à détrempe avec la colle de gans, & pour le rendre plus beau on fait la feconde couche de blanc de plomb ou de cerufe.

Le blanc qu'on nomme des Carmes fe fait fur des murs bien fecs avec de la chaux de Senlis éteinte, où l'on met de l'alun: on prend le defus qui eft le plus pur, dont on met 5. ou 6. couches, & quand il eft fec on y paffe la main avec un gant blanc pour le rendre plus luifant.

Le Gris fe fait de blanc, avec du noir d'os, de charbon,ou de fumée. Il eft neceffaire de paffer un lait de chaux fur les vieux murs avant que de les peindre en détrempe.

Le Jaune le fait d'ocre qui s'employe à l'huile & en détrempe,il faut plus d'un poiffon d'huile par livre de couleur, & on en met deux couches, la premiere cft plus forte d'huile que la feconde. La couleur d'olive fe fait avec de l'ocre jaune,du blanc & du noir de charbon. Le Brun rouge ou rouge brun eft un ocre brûlé, & s'employe comme l'ocre jaune. Le Bleu dont on peint des Grotefques & des ornemens fur le blanc, fe fait de

bleu d'Inde, ou d'émail, ou avec de la cendre bleuë.

Le Verd dont on fe fert pour peindre les Treillages, les Portes, Grilles & Bancs des Jardins, fe fait de verd de montagne qui s'employe avec du blanc de cerufe qui eft la feconde couche (la premiere eftant de blanc pur, ) & après on met le verd pur de montagne, qui devient plus beau avec le tems. Le verd de gris eft moindre & noircit davantage que celuy de montagne. Le tout s'employe avec l'huile de noix, qui eft meilleure que celle de lin: on fe fert d'huile graffe, de mine de plomb & de couperofe, pour faire fecher ces couleurs qui peuvent eftre couchées fur la pierre, le plaftre, le bois, le fer & le plomb. Tout ce qui eft expofé à l'air fe fait à l'huile, comme les blancs qui font fouvent en détrempe au de

dans.

Lorsque la Menuiferie eft propre, & que le bois en eft d'une belle couleur, on y donne feulement quelques couches de vernis, qui fe fait avec de la gomme adraganthe & l'efprit de vin après y avoir paffé une colle de gans, ainfi que pour le vernis de Venife. On fait auffi un vernis d'huile graffe & de litarge boüillis ensemble, lorfque les lieux font humides,& pour les dehors.

Pour peu que les Appartemens foient propres, on y peut dorer quelques filets & baguettes, laiffant les panneaux & le refte blanc; ainfi pour dorer en feuilles fur les couches de blanc, on pofe une couche d'ocre blanc ou de rouge brun, & on paffe un or couleur, furquoi on applique l'or en feuilles. Il fuffit qu'il y ait deux Impreffions fur le bois, & trois fur le plomb, mais fur le fer pour le garantir de la roüille, il en faut cinq ou fix, dont la premiere eft de blanc fort legere, & les autres d'ocre ou de rouge brun, furquoi on brun, furquoi on pofe l'or couleur enfuite l'or en feuilles. Quant à l'or bruni fur le bois, on met cinq ou fix couches legeres de blanc, puis l'affiette compofée de bol d'Armenie; les ornemens de couleurs peuvent eftre à fonds d'or mat ou bruni,

Les Camayeux fe font d'une même couleur, en y obfervant

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