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les jours & les ombres, mais les plus riches font ceux dont le fond éft d'azur & les figures rehauffées d'or,les jaunes fe nomment Cirage & on en peine de plufieurs fortes felon le gouft de celuy qui les fait faire, ou l'union que demande le refte des Ornemens de la piece.

On peut auffi imiter la Bronze, qui fe fait de plufieurs manieres, fçavoir rougeâtre, jaunâtre & verdâtre. Pour faire la bronze on fe fert de cuivre battu & broyé, qui plus il eft au feu, plus il rougit. Cette couleur fe peut employer fur le plâtre, le bois, le fer & le plomb : Pour la rendre rougeâtre, on y mêle du rouge brun; pour la faire jaunâtre, on fait la couche d'ocre jaune pure; & enfin lorfqu'on la veut faire verdâtre, & reffembler à la bronze antique, il faut y paffer une couleur d'ocre jaune avec du noir d'os.

Non feulement la Peinture contrefait les Métaux, mais elle imite auffi les Marbres, au fujet dequoy il faut obferver de ne point feindre de marbre ce qui n'en peut pas eftre effectivement, comme les Venteaux des Portes, & les Guichets des Croifées. Il faut varier les marbres felon les parties de l'Architecture, enforte que l'Architrave & la Corniche cftant d'une couleur, la Frife foit d'une autre : Comme dans les Lambris, le bafti doit estre different des quadres, & les quadres, des paneaux ; & aux cheminées, le chambranle eft d'un marbre different de la Frife & de la Corniche.

On doit prendre garde en variant les marbres que les couleurs ne fe détruisent point par un trop grand contrafte ; & que les parties remplies de moulures foient peintes de couleurs tendres, pour en mieux diftinguer les profils.

Tous les Ouvrages de Peinture en Impreffion, fe mefurent à la toife fuperficielle, ou fe marchandent par travées de planchers, toiles de lambris, par placards & croifées. Quant à la dorure on la toife au pied & pouce fuperficiel.

Voila en general ce qui concerne la matiere des Baftimens, qui peut fuffire pour en avoir une idée. Il eft enfuite à propos de connoiftre l'employ de ces materiaux, & c'eft en quoy confifte la Conftruction.

DE LA CONSTRUCTION

DES EDIFICES.

Ar la Construction on comprend autant la Forme que re

Proit en particulier chaque partie feparée, que l'Art d'affembler toutes ces parties. Les regles generales de la Conftruction font que tous les Murs foient bien dressez de niveau & d'alignement, à plomb en dedans & avec les retraites, fruits ou talus neceffaires au dehors, & bien retournez d'équerre: que les moilons & les pierres foient bien en liaison avec mortier en quantité & qualité fuffifantes,bien fichées & jointoiées, les paremens des pierres bien unis : Que les voûtes & plattebandes foient bien en coupe, & le tout ragréé proprement.

DE LA MANIERE DE PLANTER

LES

BASTIMENS.

E premier foin qui regarde la Conftruction eft de bien planter le Bastiment lorfque la fituation en eft déterminée; or comme dans les Plans qu'on leve journellement, on remarque par les inégalitez qui s'y rencontrent, que cette partie a esté negligée ou mal entenduë, particulierement dans les anciens Edifices & fur tout dans les Gothiques : il eft bon d'avertir que l'Art de planter un Bâtiment confifte autant dans le Plan bien cotté, que dans l'exactitude de ceux qui ont la conduite d'en efpacer les juftes distances fur le terrain. Quant au Plan qui eft uniquement du fait de l'Architecte, il faut obferver que plus il y a de mefures fans confufion, plus il est intelligible; c'eft pourquoy outre les mefures generales des

longueurs des Façades & des autres grandes mefures du milieu des Portes & des Croifées ; il faut encore que la précifion des mesures en détail quadre avec les generales. Il eft auffi neceffaire de cotter les points & les ouvertures des figures circulaires, les épaiffeurs des folides en tous leurs retours, & les diftances des vuides : & ne point feindre de repeter les mêmes mefures, parce qu'on ne peut affez par preuve & contrepreuve du general & du détail s'affurer qu'il n'y ait point d'erreur, pour ne laiffer aucun doute aux Entrepreneurs.

A l'égard de l'ouverture des terres, il fuffit de planter les piquets ou jalons & tendre les lignes de la largeur des empatemens marquez fur le Plan : & lorfque la fondation eft à'hauteur pour recevoir la pierre dure, on doit apporter toute l'exactitude poffible à pofer la premiere affife; c'eft pourquoy il faut fceller des fapines quarrées plûtoft que des perches rondes & bien étalonner les mesures par des hoches fur lef quelles paffent les lignes bien jaugées paralelles, & retourner d'équerre ce qui le doit eftre & fur tout obferver l'ouverture des Angles gras ou maigres, felon qu'ils font marquez par le Plan, & enfin s'etendre autant qu'on le peut, parce que plus l'operation eft grande, plus elle eft feure; ainfi les pofeurs doivent commencer par les Encognures des extrémitez,par les Avantcorps & par les Piédroits des Portes. Lorfqu'il y a beau coup de fujettion dans les Plans par leurs retours & leur figures extraordinaires, il eft neceffaire pour plus grande feureté de faire un enduit fur le maffif de la fondation où l'efpure eftant tracée, les Appareilleurs puiffent en lever des panneaux & après avec des cartons tracer leurs pierress: auffi lorfqu'on a quelque figure elliptique à décrire, il ne faut pas attendre à la tracer fur l'enduit ; mais en avoir fait auparavant l'operation fur le carton le plus en grand qu'il fe peut, & cotter les centres & les points de diftance, afin qu'elle fe puiffe tracer au premier coup, pour éviter la confufion des traits qui trompent fouvent les Appareilleurs.

Or

Or comme il arrive quelquefois que le terrain fur lequel on trace n'est pas de niveau, mais avec de la pente ou des reffauts, & que le Plan ne fe doit racorder qu'au plein pied d'un rez-de chauffée: Il faut conduire la ligne du talut en telle forte que fe jugeant par les encognures, le mur du talut foit dégauchi bien parallele dans toute fon étendue nonobftant la ligne de pente des terres; car le défaut en ce cas eft fort fenfible. Pour ce qui ett du nivellement, il faut qu'il foit bien retourné,parce qu'on ne peut eftre feur d'un trait de niveau que par cette operation qui fe fait pofant deux doffes ou jalons contrelefquels on verifie par les repaires les mêmes hauteurs que l'on a prifes avec le niveau de part & d'autre.

Voilà en partie ce qui regarde l'Art de planter les Basti

mens.

A

DES

FONDEMENS

DES

EDIFICES.

, que

I'E

Près toutes ces précautions, le plus effentiel eft, difice foit bien fondé, au fujet dequoy il y a beaucoup de chofes à remarquer felon les differens terrains qui fe rencontrent; car autre chofe eft de fonder dans un lieu fec, autre chofe dans un lieu humide: & cependant il faut trouver autant de folidité dans l'un que dans l'autre, c'eft pourquoy on fe fert de pilotis & même de grilles dans l'eau, dans les terrains marécageux, & où il fe rencontre de la glaife qu'il eft bon de ne pas trop éventer avec les Pilotis qu'on ne doit pas employer fi frequens que dans un terrain où il n'y a point 'de glaife.

Les terres font ou naturelles ou rapportées, & le bon & vif fonds n'eft reputé que fur un terrain maffif & folide qni n'a jamais efté découvert. Il fe trouve divers terrains dont le Tuf eft le meilleur ; il y a pourtant des terrains fablonneux

Gg

gran

les

fur lefquels on peut fonder folidement, lorfque le fable fait corps. L'ouverture des terres ne fe doit faire que de la deur neceffaire pour les épaiffeurs des murs; de forte que tranchées & rigoles ne doivent avoir que la largeur de celle des Murs, & en cas que les terres foient fujettes à s'ébouler, il les faut entretenir avec des étrefillons & des doffes.

Quelquefois il arrive dans les Edifices qui ont une grande étendue, que le terrain n'eft pas de niveau; mais avec diverfes pentes felon les accidens de sa situation; ce qui fait que le bon fonds fe trouve plus ou moins en contrebas dans des endroits que dans d'autres ; ce qui oblige alors de faire les fondations par redens ou reffauts, autant pour ménager la Maçonnerie; que pour ne pas éventer le bon fonds. Mais il eft plus avantageux d'affeoir la fondation fur un fonds bien dreffé de niveau dans toute l'étendue du Baftiment, parce qu'il taffe également par tout.

Quant à la conftruction des fondations, les principales Encognures, & celles des Avant-corps dans les Baftimens confiderables doivent eftre de libage; & les murs de moilon qui garniffent entre ces libages, ne doivent pas eftre bloquez contre les terres, mais levez d'alignement bien paralleles & les moilons pofez en même temps fur leur plat, à bain de mortier ; Ces fortes de Baftimens eftant beaucoup plus folides que ceux qui font faits à diverfes reprises & par épaulées ; ce que les Anciens ont évité, dautant qu'on remarque que le maflif de leur fondation forme une platée de toute l'étendue du Baftiment.

Les Empatemens des Murs doivent eftre observez tant au dedans qu'au dehors & proportionnez à leur épaiffeur, qui revient ordinairement au rez-de-chauffée du quart plus à la fondation qu'à la largeur de la premiere affife de pierre dure, de forte que fi le mur a deux pieds d'épaiffeur, la fondation aura 2. pieds & demi 3. pouces d'empatement de chaque cofté: & lorfque les murs paffent 3. à 4, pieds d'épaiffeur, cette regle n'a plus de lieu, parce que cet empatement dé

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