la pierre de S. Leu, & de prendre quelque habile Ouvrier pour fe conduire, parce qu'il foulage & inftruit en même temps. La feverité des regles de la Geometrie est inferieure à la pratique, comme la methode des cherches ralongées vaut mieux que les figures Geometriques, dautant qu'en cet Art la Pratique eft preferable à la Theorie. La Pierre fur le Chantier eftant brute ou veluë, fa premiere preparation eft de l'équarir, & d'en tailler les lits & les paremens, qu'elle foit bien retournée, & qu'elle ne foit point gauche, afin que l'Appareilleur y trace ce qu'il convient felon la grandeur de la pierre qu'il doit ménager, parce que le déchet des groffes recoupes, eft une pure perte pour l'Entrepreneur: Les Ouvrages de moindre appareil font les carreaux & les boutifles, dont on érige les Murs continus, les piédroits & les encognures. Toutes les bayes fe ferment ou par cintres, dont les pierres fe nomment vouffoirs, ou par Plattebandes avec des claveaux. Les Cintres font ou en demi cercle parfait, ou en plein cintre, ou furbaiffez, ou furmontez en tiers point ou lignes paraboliques, ou biais ou rampans, ou l'un & l'autre. Les Platte bandes font ou droites ou bombées, & quelquefois avec arriere-vouffure par derriere. Les Voûtes peuvent eftre nommées regulieres ou irregulieres dans leurs formes, à caufe des fujettions de leur ufage & de leur racordement. On entend par voûtes regulieres, celles qui n'ont ni biais, ni rampant,ni talut, & par les irregulieres, le contraire. Chaque Vouffoir a fix faces, deux paneaux de doüelle, dont l'un eft interieur ou d'intrados, & l'autre exterieur ou d'extrados; deux paneaux de tefte, dont l'un de front fait le parement de l'Arc par devant,& l'autre paroift derriere fi la pierre fait parpin,& deux pancaux de lits qui font cachez dans le corps de la Maçonnerie, tous ces paneaux font oppofez. Les Joints font ou de lit ou de tefte, qu'on nomme aussi joints de coupe, qui font les joints en rayons tirez du centre des arcs de plein cintre. Il y a auffi des joints montans & des joints de lit ou de niveau dans les cours d'affifes, & ce dernier joint doit fuivre le lit de la carriere, car autrement la pierre feroit mife en délit ; ce qui s'obferve auffi aux Arcs & Voûtes où les joints de lit font ceux de la carriere, fans quoy la ruine des voûtes & Platte bandes arrive fouvent par cette mal fa çon. On fe fert de divers inftrumens pour tracer les Voûtes & leurs. Vouffoirs, & outre la regle, la fauffe & la vraye équerre, le niveau, le plomb & les autres outils communs dans l'art de bastir, on met en ufage la Sauterelle,qui eft une équerre mobile pour prendre l'ouverture des angles, le Beuveau, dont un bras fert à tracer la curvité du paneau de doüelle, & l'autre le joint de lit; quelquefois les deux bras en font creufez ou bombez,& toûjours mobiles. Les Echaffes font des lattes ou regles minces, fur lefquelles on marque avec des hoches d'un cofté les Vouffoirs & de l'autre les retombées. Le Couff net d'un arc ou voûte eft la derniere pierre ou impofte qui couronne le piédroit, & reçoit les premieres retombées. On trace les pierres par paneaux ou par équarriffement ou dérobement, la maniere par paneaux eft plus ingenieufe, & plus entenduë que celle par équarriffement, avec laquelle on ne peut pas toûjours faire ce qui fe fait par paneaux. L'Efpure ou le deffein de la piece du trait, eftant tracée auffi grande que l'ouvrage, on en leve les paneaux avec du carton, du fer blanc, ou quelque autre matiere mince, puis on les applique fur les pierres pour les tracer. Il faut aufli avoir recours à l'Efpure pour tracer par équarriffement, parce qu'en pofant le beuveau fur la figure, on le rapporte fur la tefte du parement pour y tracer la curviré de l'Arc, & le bras qui eft droit marque le joint de lit ou de coupe. Dans les traits difficiles on n'arrive pas tout d'un coup à tracer jufte, & comme il faut recouper de la pierre, on laiffe plûroft. les joints gras que maigres.. Les Voûtes prennent leurs noms des differentes figures qu'elles reçoivent de leur plan foit quarré ou barlong, rond, ou ovale, droit ou biais: & de leur profil comme en plein cintre ou furbaiffez & en anfe de panier, ou rampant. Les Voûtes different des Plafonds,en ce qu'elles font toûjours concaves, & leur profil cintré, & les Plafonds font droits ou en Platte-bande quelquefois bombée. La plus fimple voûte & qui pouffe le moins eft le berceau en plein cintre, & pour le décharger & en empêcher l'écartement, auffi-bien que pour y donner un jour, fi l'on en a befoin, on y fait des Lunettes de diverfes grandeurs. Lors qu'un berceau eft rampant par fon profil & qu'il n'eft pas parallele à la furface de la terre, il eft appellé defcente, qui eft biaise quand les jambages de l'entrée & de la fortie ne font pas d'équerre avec les murs lateraux du berceau: & en talut quand le devant de l'entrée eft incliné: & rampant, fi le cintre en eft corrompu & tracé avec une cherche: ces defcentes rachettent ordinairement un berceau en plein cintre, comme celuy d'une cave, d'une voûte fpherique, ou fur le noyau, ou de quelque autre figure. Il fe trouve dans les Auteurs des differentes manieres pour tracer une même piece par paneaux, ou par équarriffement. Il y a quelquefois des fujettions qui obligent à prendre des paffages ou des jours de cofté, pour cela on fe fert d'un trait nommé biais paffé, dont le plan des piédroits paralleles eft biais & l'Arc qui ferme la baye eft auffi biais & parallele,& la corne de bœuf en eft differente, en ce qu'elle prend fa naiffance d'un point & s'augmente de la largeur du piédroit oppofé qui cft biais par fon plan, ainfi c'eft une moitié d'un biais paffé. Pour foulager les Larmiers & les Platte-bandes,& retrancher du maffif depuis la feüillure d'une porte ou croifée, jufques dans fon embrafure, on les bombe par le dehors, ou bien on fe fert de l'Arriere-vouffure de Marfeille pour faciliter l'ouverture des ventaux d'une Porte mobile cintrée par le haut. Car pour l'Arriere-vouffure de S. Antoine, non feulement elle décharge la plate-bande, mais fa figure qui eft le plus fouvent en plein cintre & bombée par fon profil plûtoft que reglée, eft plus agreable; & lorfque les murs font épais, & que la ferme " ture dans l'embrafure des Croifées eft cintrée, la lumiere fe répand plus abondamment vers le cintre ou le plafonds de la Chambre. Ces arriere-vouffures rachettent quelquefois un berceau droit ou rampant. Il faut remarquer que fouvent les plus beaux traits de la Coupe des pierres n'ont pas toute la grace du deffein, & que le merveilleux qui s'y rencontre, femble repugner à la folidité, comme il paroift aux portes fur le coin, dont une Trompe porte l'encognure en l'air & aux portes dans l'angle, qui font encore quelquefois biaifes, de forte qu'elles paroiffent difformes à cause de leur fujettion, & moins naturelles, que celles qui font en tour ronde, ou en tour creuse. Pour les Trompes, il faut qu'il n'y ait que la neceffité qui les faffe mettre en œuvre, comme celle dans l'angle,qui fert de cabinet ou de dégagement pour ne point repafler par les principales pieces d'un appartement. Quant à la Trompe fur le coin, on s'en fert ordinairement lorsque la Porte eft dans l'encognure pour faciliter le tournant aux charrois, elle porte en l'air l'encognure d'une Maison, & eft fort hardie;mais elle tire au vuide. Il y a des Trompes de plufieurs figures, comme de rondes, d'ondées ou à pans par le devant, & bombées ou reglées par leur profil, & même des rampantes, & plus elles ont de montée, plus elles font folides: & à bien confiderer ces fortes de traits hardis, ils fervent moins à décorer le Bâtiment, qu'à faire paroiftre l'induftrie de l'Ouvrier. Les Voûtes d'Areftes font, ou quarrées,ou barlongues,comme celles en Arc de cloître, qu'on nomme maiftreffes voûtes, & leur difference confifte en ce que les voûtes d'arêtes font formées de deux berceaux qui fe croifent, & comme des lunettes forment des areftes qui fe coupent en un point, & les Voûtes en arc de cloître à la place des areftes faillantes, ont des angles rentrans en diagonales: les vouffoirs s'en font par enfourchemens & elles font fermées par des clefs en croix; il y en a de droites,de biaifes,de rampantes,& d'autres figures. Lorfqu'on ne veut pas furbaiffer ces voûtes, & qu'elles n'ont pas affez de montée |