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rendent la construction difficile, comme lorfqu'on a peu de montée pour fermer un Arc qui doit foûtenir le grand Palier de communication qui reçoit la butée de la rampe, & qu'il y faut encore conferver dans le deffous des Lunettes pour quelque jour ou paffage, on eft obligé de fermer en Platte-bande bombée les Arcs dans le tiers au moins de leur étendue. Pour les Escaliers ronds ou ovales, qu'on nomme à vis, les plus beaux font à jour & fufpendus en l'air, enforte que c'est un vaide à la place du noyau; ce qui non feulement les rend plus aifez, mais auffi furprenans & agreables en voyant du haut en bas. La Vis de S. Gilles, qui eft un des plus difficiles traits, fe fait ronde ou quarrée.

Voilà le dénombrement des Voûtes les plus ufitées dans les Bastimens, & fur les principes qui fervent à les conftruire, on en peut établir une infinité d'autres qui tiennent de la nature de celles-cy, & qui n'en different que par la fujettion de quelque racordement. Quant à la construction de leurs traits, il faut voir les quatre principaux Auteurs qui en ont traité; Philbert de Lorme eft le premier qui ait ouvert le chemin à cette science inconnue aux Anciens,& qui l'ait reduite par regles, mais il ne s'explique pas affez clairement. Mathurin Jouffe s'eft rendu plus intelligible aux Ouvriers, & il paroift par fon traité, qu'il eftoit confommé dans la pratique. Quant à Girard Defargues dont Abraham Boffe a mis les écrits au jour, il femble qu'il ait voulu estant bon Geometre, cacher la connoiffance de ce qu'il enfeigne par fa maniere univerfelle,& par l'affectation des termes dont il fe fert, qui ne font point en ufage parmi les Ouvriers. Le meilleur de tous, au gouft de ceux qui joignent la pratique à la Theorie, est le Pere François Derand Jesuite, qui en a fait un ample volume avec tous les éclairciffemens neceffaires par difcours & par figures, auffi eft-ce celuy que les Ouvriers recherchent le plus, & on le donne aux Apprentifs comme le plus feur guide pour parvenir à la connoiffance de cette partie, qui n'eft Pas la moins difficile de l'Architecture; mais quoique ces livres

foient d'un grand fecours; les Appareilleurs ont depuis peu trouvé des manieres plus abregées, comme il paroift dans les nouveaux Bâtimens du Roy.

Il reste à parler des Machines & des Echafaudages, qui font comme les bras de la Conftruction,& dont l'Entrepreneur doit eftre au moins informé, s'il n'eft pas Machinifte; parce que le service d'un Attelier public ou particulier, n'avance qu'autant qu'il eft bien équipé. Les plus fimples Machines font le Levier, dont l'abatage a beaucoup de force; l'Echarpe,qui avec un cable fert à enlever les mediocres fardeaux,& la Chevre les plus pefants; le Singe, qui agit par le moyen d'un treüil à bras; les Verrins, pour travailler par fous- œuvre ; & le Vindas, pour tirer les gros fardeaux qu'on ne peut charier. Les autres Machines, qui fervent auffi par le guindage à enlever les fardeaux & qu'on peut appeller compofées, font celles qui tournent verticalement avec une crapaudine fur un pivot ou tourillon enté fur un arbre, comme la Grue à tambour, dont le col peut eftre augmenté d'une écoperche : celle qu'on nomme Engin, qui ne differe de la fimple Grue à tourniquet, que par fon fauconneau ; & enfin la Sonnette, avec laquelle on enfonce jufqu'au refus du Mouton, les pieux fouvent cercelez d'un cercle de fer en leur couronne. Foutes ces Machines fe montent & démontent pour les ferrer avec les équipages dans les Magafins & Baraques, après que l'Attelier eft fermé, & pour s'en fervir dans le befoin.

Les plus difficiles Machines font les Hydrauliques, qui fervent pour la conftruction des Piles & des Culées de Pont, pour les Quais, Rampars, Châteaux d'eau, Chauffées, Digues, Jettées, Jouillieres d'Eclufe,Murs de douve,& autres ouvrages fondez dans l'eau fur des pilotis, patins, plateformes, & racinaux, par le moyen de Bâtardeaux remplis d'un corroy de terre glaise. Les Eclufes fe font de diverfes forres, comme quarrées, à vannes, à tambour, à éperon, à chambre entre deux portes, &c. & les Pertuis, qui font de moindres paffages que les Eclufes, s'ouvrent & fe ferment avec des aiguilles pofées fur un feüil,&

retenues par une brife. Les Pompes font de diverfes efpeces & d'une grande utilité pour la décoration des Jardins,puifqu'elles fervent à tirer les eaux des Puifars & des Sources, & à les renvoyer dans des Refervoirs, Regards, ou Receptacles: elles fe peuvent toutes reduire à quatre, fçavoir à la Pompe Afpirante, à la Soulevante, à la Refoulante, & à la Mixte.

Les plus legers Echafauts,qu'on nomme volans, font faits de daffes portées fur des efcoperches,balibeaux & boulins fcellez dans les trous, ou érrefillonnez dans les bayes des murs, ou fufpendus avec des cordes, & ils fervent pour ériger les murs des moindres édifices. Ces fortes d'Echafauts fuffisent pour porter en feureté les Pofeurs, Contrepofeurs, Ficheurs, &c.qui reçoivent des Louveurs & Bardeurs, les pierres du pied du tas, pour les mettre en place:ils fervent auf aux Tailleurs de pierre, pour ragréer les balévres des Façades de pierre de taille:& aux Maçons qui font les ravalemens, avec les Maneuvres qui les fervent. Les grands Echafauts d'affemblage,qui portent de fonds, font conftruits de pointals pofez fur des couches ou chantiers, & contreventez avec des arcboutans pour foûtenir les travons fur lefquels pofent des Planchers continus à une hauteur de plinthe ou d'entablement, comme il a este fait avec une dépense toute roiale dans la conftruction de la Façade du Louvre, dont l'Echafaut avoit la longueur, c'eft à dire plus de 90. toifes. Les Etayes, Etançons, & Chevalemens garnis de leurs chapeaux & couches, font encore des efpeces d'Echafauts qui fervent à étrefillonner, & à étayer dans les reprises & refections des Edifices déperis en leurs fondations & empate

mens.

Voilà une partie des Machines, dont la connoissance eft abfolument neceffaire auxArchitectes, Ingenieurs,Entrepreneurs, Charpentiers, Infpecteurs, & même aux Piqueurs, Terraffiers, & autres perfonnes qui font profeffion de l'Art de bâtir,

REMARQUES

SUR QUELQUES BASTIMENS

DE VIGNOLE.

Après avoir fait connoiftre l'excellence de l Architecture de Vignole par l'explication de fes Ordres, & de quelques parties tirées de fes Ouvrages, comme cet étude n'eft utile par comparaifon à l'Architecture

, que de

même que le deffein des parties du corps humain l'est à la Peinture, & qu'il eft neceffaire pour parvenir à la perfection de cet Art, de juger de la compofition entiere des Edifices, je n'ay point fait de difficulté, nonobftant la petiteffe de ce volume,de donner la reprefentation de quelques Baftimens entiers de Vignole, afin de faire connoître qu'il avoit l'idée auffi grande pour l'ordonnance generale de fes Edifices, qu'il eftoit correct dans le détail des parties qui les compofent ; & quoi que dans fa vie il foit fait mention de plufieurs autres Ouvrages, ils ne fe trouvent point dans les autres Editions de fon Livre, ou parce qu'ils ne font pas affez confiderables, ou qu'ils font reftés imparfaits.

DE L'EGLISE DE S. ANDRE

се C

A PONTE-MOL E.

E petit Temple, l'un des premiers Ouvrages de Vignole, eft fitué au Fauxbourg du Peuple auprès de Ponte-Mole à Rome.

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'An 1462. on envoya de Modon Ville de la Morée, la tefte de S. André au Pape Pie II, qui fut au devant avec le Clergé près de cette Eglife pour la recevoir jufqu'à cet endroit, où a efté depuis élevé un Autel & une Statuë de marbre en l'honneur de cet Apoftre, à la même place où repola fa Relique. Enfuite fous le Pontificat du Pape Jules III. la Confrairie de la Trinité des Pelerins, de qui dépend cette Eglife, la fit rebaftir en l'eftat qu'elle eft. Vignole, qui bâtiffoit alors la Vigne du Pape Jules, fut l'Architecte de ce petit Temple qui eft ifolé & bafti de Tevertin & de brique fort proprement executé; fon plan eft quarré-long & porte fur quatre pendentifs, une coupe ovale; l'Autel eft pris dans un renfoncement. La proportion de cette Eglife par le dehors, eft telle que la Façade qui en fait toute la largeur, eft égale à la hauteur de l'Ordre & du Maffif au deffus qui porte la tour ronde du Dôme, fans y comprendre le Peron. Ce maffif a les deux cinquièmes de l'Ordre, & la Tour ronde eft prefqu'auffi haute que le maffif qui luy fert de base. Le Dôme fort furbaiffé, eft porté fur 3. degrez, comme il s'en voit au Pantheon. Les Pilaftres font d'Ordre Corinthien, dont l'Entablement a le cinquiéme de la hauteur. Le profil de la Corniche eft fort fimple fans modillons ni denticules, & le Fronton eft d'une belle proportion, de forte que le tout eft affez bien ensemble. Les feneftres font de beaucoup trop étroites fur leur hauteur, & fermées au lieu d'une plate-bande en coquille de niche.

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