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ELEVATION DU CHASTEAU

DE CAPRAROL E.

Our fe faire une idée de la décoration de ce Chafteau, on doit fuppofer que la hauteur du Talut fuffit pour un Ordre Tofcan, & que le Dorique de la Porte pourroit regner à l'entour des Baftions & du foubaffement de l'Ionique qui porte le Corinthien. L'étage des offices est éclairé par des Abajours qui ont leur glacis en dehors. Les Boffages qui font entre les Baltions font bien partagez, comme on le peut voir à la grande Porte dorique qui eft ci-devant raportée page 127. Les autres ordres en font fort reguliers, & au deffus des terraffes des Baftions, de petits corps ornés de boffages aux Angles du Baftiment, flanquent mieux les façades que des pilaftres angulaires, dont le plan feroit en angle obtus. L'entablement avec confoles & metopes eft prefque femblable à celui de couronnement de la page 113. & convient fort à propos pour couronner toute la maffe de l'Edifice, ainfi que la baluftrade pour le terminer: A chaque angle de cette baluftrade font les Armes du Cardinal Farnéfe. Pour le dedans il feroit difficile de mieux faire. Des pierres de refend ornent le foubaffement qui porte un ordre de colonnes Ioniques engagées du quart de leur diametre, & la difpofition du Plan circulaire de l'un & de l'autre étage eft fort riche. On ne peut voir les combles du dedans de la Cour. Ils font difpofés d'une maniere que toutes les eaux fe viennent rendre dans un canal qui les conduit dans des tuyaux de defcente, de forte que les Façades du dedans & du dehors ne peuvent eftre endommagées de l'eau par égouts ny par goutieres, & le Corridor de l'étage des galetas eft ingenieufement éclairé.

Quoi que ce baftiment ne soit pas d'une grande étenduë les parties en font fi bien groupées, qu'il renferme beaucoup

de pieces, particulierement dans le haut, pour la commodité d'un grand nombre d'Officiers, & le Plan B qui eft celuy du bel étage, contient autant de grandes pieces que le Plan A du rez-de-chauffée de la Cour avec plufieurs entrefolles à l'un & à l'autre. Dans le Plan C. il y a 60. Chambres, 37. du costé D, avec 40. entrefolles ou chambres en galetas marquées E, & du cofté F. il y a 23. chambres; la hauteur du Palais depuis le cordon du talut jufques fur la corniche du couronnement, eft de 14. toifes, fans y comprendre le Belvedere G. & depuis le pavé de la cour jufques fur la corniche Ionique, il y a 9. toifes 2. pieds.

Outre la beauté de l'Architecture qui rend cette Maison incomparable, la richeffe des Peintures y eft répanduë dans toutes les pieces avec beaucoup d'efprit & de jugement. Dans les grandes Salles font reprefentées les belles actions des hommes illuftres, & les alliances de la Maison Farnése, la plupart des chambres ont leurs noms, les unes font dediées au fommeil, au filence, à la folitude, & les autres aux vertus, & aux faifons accompagnées de leurs attribus avec des hiftoires convenables aux fujets qui furent ordonnez par Annibal Caro Poëte fameux & l'un des beaux efprits de ce temps-là, ce qui eft amplement décrit par George Vazari, dans la vie de Thadée Zuccaro qui les à peintes la plupart avec fon frere Frederic, & dont il refte dans ce Palais d'auffi grandes preuves de leur capacité dans l'art de peindre, que les Anceftres du Duc de Parme, à qui elle appartient, y ont laiffé un monument glorieux de leur magnificence.

PREFACE

SUR LA VIE ET SUR LES OUVRAGES DE MICHEL-ANGE

LE rapport qu'il y a entre les Ouvrages d'Architecture de Michel-Ange & ceux de Vignole, fait que dans plufieurs Editions on voit des deffeins de ces deux Architectes joints ensemble; c'est dans cet efprit que j'ay crú eftre obligé de donner au Public quelques Baftimens de Michel-Ange avec des explications, ce qui n'avoit point efté fait jufques à prefent, & comme par la vie de Vignole, j'ay fait connoiftre fon merite, je me fuis auffi efforcé en donnant une idée de celle de Michel-Ande la propofer comme un modelle accompli de vertu, à ceux qui fe meflent du deffein.

ge,

le

nir habile dans les Arts, toutefois lorsque la Nature s'eft declarée en faveur de ceux qui les embraffent, ils ont un double avantage qui leur facilite le chemin pour y ex

celler.

Michel-Ange, qui fut de ce nombre, nâquit l'an 1474. dans le Païs d'Arezzo de noble famille, iffue des Comtes de Canoffe. Son Pere Loüis Simoni Bonaroti le voulut faire inftruire dans les Lettres & dans les exercices convenables à fa qualité, mais la forte inclination qu'il apporta en naiffant pour le deffein, fit bien voir par des effais prodigieux pour fon âge, qu'il en vouloit faire fa profeffion. Il fut mis chez un Maiftre dont il furpaffa en peu de temps la capacité,

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