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nemens de la Voute à conftruire; on moule avec foin le modele bien terminé, en forte que les creux font le parement interieur de la doüelle; puis on maçonne le corps de la Voute ayec des briques & carreaux bien en coupe, ou avec des blocages à bain de mortier de chaux & de pouffolane, & le cintre eftant démonté & le noyau bien dépouillé, l'ouvrage fe trouve fait avec jufteffe & propreté & il y a fort peu à ragréer. Les Ornemens des Compartimens de ftuc, ont plus de grace eftant dorez à fond blanc, & détachent davantage, que s'ils eftoient entierement couverts d'or, comme on le peut remarquer dans les belles Eglifes d'Italie, entre lefquelles celle de S. Pierre de Rome eft d'une richeffe & d'une varieté merveilleufe pour ce qui regarde cette forte de travail.

Les Voutes de pierre fe conftruisent autrement que les precedentes, parce qu'on laiffe les boffages continus des Arcs doubleaux & des clefs pendantes, & les coftes des coupes & culs de four. Mais il faut obferver dans cet apareil, que les joints ne coupent point les moulures ni les ornemens fur leur longueur. Or comme les Compartimens de ces Voutes doivent répondre aux corps d'Architecture, d'où les Arcs doubleaux prennent naiffance, & fuivre le caractere de l'Ordre ; ainfi il feroit à propos que les plus fimples propres au Dorique, n'euffent que quelques tables barlongues; que ceux de l'Ionique fuffent avec ravalemens & ornemens mêlez alternativement, & ceux du Corinthien avec divers renfoncemens garnis de roses, ou avec des entrelas doubles ou des rinceaux de feüillages. Il n'eft pas neceflaire que les plate bandes en maniere de guillochis & d'entre las qui féparent les panneaux foient trop chargées d'ornemens, afin d'éviter la confufion qui arrive de la trop grande richeffe de leur travail, ce qu'on peut remarquer à la Voute de l'Eglife du Val-de-grace. Ces fortes de Voutes font proprement extradoffèes, particulierement celles des Dômes à caufe de leurs Entrecoupes.

Tous ces Compartimens font ou grands ou petits; les grands font formez de grands panneaux qui en renferment

d'autres

d'autres plus petits, differens & ornez de Grotefques, Chifres, Medailles, Devifes, &c. en forte que ceux-cy ne fervent que pour accompagner les plus grands qui contiennent les principaux fujets de Bas-relief ou de Peinture. Les petits Compartimens font quarrez, lofanges, ronds, ovales, hexagones, octogones, & d'autres figures parfaites, & remplis d'autant de fortes de rofes qu'on en peut imaginer qui conviennent à chacune de ces figures: & comme ils fe repetent, ils doivent dans les Coupes diminuer de grandeur & de relief, à mesure qu'ils approchent de la fermeture, & mefme par raifon d'Optique, il faut que le profil de l'enfoncement des caiffes foit un peu en glacis par en bas (mais non pas fi fenfiblement qu'au Pantheon) afin qu'une partie des ornemens n'en foit pas cachée. Les caiffes des Compartimens des Voutes rampantes des Efcaliers, font mieux cftant creufées d'équerre d'après la doiielle du Berceau, comme à l'Escalier en periftyle droit du Vatican à Rome, que d'eftre à plomb comme à celuy de l'Hoftel de Ville de Paris.

Si les Compartimens de Sculpture font avantageux pour accompagner l'Architecture, ceux de Peinture ne le font pas moins; puifqu'ils femblent par leur legereté augmenter la hauteur de la Voute. Cependant comme une Voute chargée de Sculpture paro:ft pefante, & que celle qui eft entierement peinte, femble n'avoir pas une veritable folidité; il eft conftant que du meflange de la Sculpture & de la Peinture, il fe peut faire un compofé bien parfait, fi la difpofition en eft heureufe; c'eft pourquoy il eft à propos d'enrichir de Sculpture les Arcs doubleaux qui prennent naiffance de fond. On peut auffi pofer des Figures de ftuc fur les corniches & attiques, d'où partent les premieres retombées, & peindre le nud de la Voute & de fes lunettes, comme il a efté pratiqué avec fuccès à plufieurs Eglifes & Palais, particulierement en Italie. A l'égard des Compartimens peints de grifaille ou de marbre, & rehauffez d'or fur une Voute ou fur un lambris de plaftre, tout ce qu'on y peut faire de mieux eft.

d'imiter le relief de la Sculpture, & d'y joindre la legereté de la Peinture.

La Peinture à frefque a cet avantage, qu'elle conferve longtemps fon coloris, eftant au dedans des lieux pourvû que l'enduit en foit bon & fait avec les matieres & les précautions neceffaires, comme on le pratique en Italie. La Coupe du Valde Grace, peinte par M. Mignard, eft un des plus beaux Ouvrages de cette efpece qui foit à Paris. Outre la Peinture à l'huile & à frefque,on fe fert encore de Molaïque faite de petits morceaux de verre de diverses couleurs, avec quoy l'on imite d'après un carton peint, les teintes & dégradations de la Peinture. Cette matiere cft fi durable, qu'après plufieurs fiecles elle reprend fon luftre, eftant lavée fimplement avec de l'eau. Lors qu'une Voute n'eft pas de grande étendue, pour la rendre extrêmement riche, on la peut incrufter de marbre avec des Compartimens de pierres de raport, comme il s'en voit à la Chapelle de la Sepulture des Grands Ducs à Florence.

Les Coupes ou Culs de four doivent non feulement eftre furmontez de la hauteur d'un Socle fuffifant pour les dégager de la Saillie de la Corniche qui couronne l'Architecture;mais encore avoir leur contour formé par deux lignes paraboliques, afin qu'ils paroiffent parfaitement fpheriques de leur point de veuë. Il faut donner peu de faillie à ces Corniches; & il s'en voit à quelques Eglifes d'Italie, dont la projecture, qui n'a pas la moitié de la hauteur de la Corniche, eft augmentée par des ombres peintes, qui donnent une apparence de relief aux moulures qui ne font pas affez faillantes. Cette pratique réuffit particulierement lors que l'Architecture eft peinte de couleur de marbre,

Il refte à parler des Plafonds, qui fervent aux pieces des Apartemens. Ils fe font en France fur un latis, contre lequel on foüette du plaftre pour faire un lambris bien uni. La difpofition la plus agreable qui fe puiffe faire des Compartimens de ceux qui font cintrez en maniere d'anfe de panier fort furbaiffée eft de laiffer la partie du milieu

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occupée par un grand fujet d'Hiftoire ou d'Architecture feinte en perspective, qui par l'apparence d'un renfoncement, femble augmenter la capacité du lieu ; ce qui eft avantageux pour les pieces qui n'ont pas un grand exhauffement. Dans la partie cintrée on met des Compartimens ou des fujets en longueur avec quadres de diveries figures, & on en arondit les coins pour ofter la difformité de l'angle rentrant, & y placer des ornemens en bas-relief ou en camayeu, ou bien des Figures de ftuc : mais il faut fur tout éviter de donner trop de faillie aux profils des quadres.

Les Plafonds droits, appellez auffi Sofites & Lambris, peuvent paffer pour les plus fuperbes. Cependant comme ils ne font gueres en ufage, je n'en ay point donné de figure. Ceux dont les Compartimens font en faillie par quadres fur un fonds uni, paroiffent les plus pefants; mais les plus beaux, qu'on nomme à l'Antique, femblent faits d'un affemblage de poutres en Compartimens reguliers, qui laiffent des renfoncemens bordez de corniches architravées avec des rofons dans les plus petits efpaces, & dans les plus grands, des Genies, Guirlandes, Grotefques, Devifes & autres ornemens peints à fonds d'or, ou d'or à fonds d'azur. La Plate-bande en maniere d'architrave du deffous de ces efpeces de poutres, eft enrichie de Guillochis, Entrelas, &c. continus entre deux liftels avec des rofes en forme de culs de lampe aux endroits où elles fe croifent. La conftruction de ces Sofites fe fait avec des corniches volantes de bois de fapin, retenuës par des liens & harpons de fer à des poutrelles ou folives paffantes; en forte que l'ouvrage eftant fort leger, le plancher n'eft point fujet à s'arener, outre que le deffus n'eft pas ordinairement habité. Il fe voit beaucoup de ces Sofites ou Plafonds en Italie, où ils fervent à des Bafiliques & à des Salons de Palais : & on en peut remarquer la conftruction au profil du Capitole rapporté cy-devant Pl. 82. pag. 285. Il y en a auffi au Louvre & à Fontainebleau, qui font d'une grande étenduë.

DES COMPARTIMENS

LA

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E mot de Pavé fe doit entendre icy, autant de toutes les Aires pavées fur lesquelles on marche, que des matieres qui les affermiffent. Je divife ces Aires pavées en deux efpeces; la premiere comprend toutes celles qui peuvent fupporter les charois, & la feconde celles de Pavez polis qui fervent tant au dedans qu'au dehors des Bastimens.

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La neceffité qu'on a du Pavé, & l'utilité qui en provient ont fouvent obligé à ne rien épargner pour la conftruction & fon entretien. On peut mefme connoiftre par quelques Chemins Antiques, efcarpez, fendus & percez qu'on voit encore, & par d'autres qu'on découvre tous les jours, & qui avoient efté comblez par la fucceffion des temps, combien les Anciens, & particulierement les Romains, eftimoient utiles les dépenfes extraordinaires qu'ils faifoient pour rendre leurs Chemins plus pratiquables, & en faire de nouveaux. Les Aleuves, les étangs & les marais n'eftoient pas mefme des obftacles affez puiffans pour les empefcher d'y conftruire des Chemins, comme il paroift par plufieurs Aqueducs en terre ou élevez, fimples ou doubles, fur lefquels on marche encore; & par les Ponts Antiques, qui fubfiftent avec étonnement & dont les arches font la plupart en plein cintre & extradoffées, & les avantbecs des piles plûtoft arondis qu'en triangle. Ils appelloient ces fortes de Chemins, Aquatiques : & c'eft ainfi que nous pouvons auffi appeller nos Ponts, Chauf fées, Turcies, Levées, Moles, Digues, Abreuvoirs, Greves, Ports de Mer & de Riviere, & tous les autres Chemins fondez dans l'eau.

Le Sol de ces grands Chemins Antiques, de quelque mauvaife confiftence qu'il fuft, comme de glaise de vase, ou de

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