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An. 795. fous prétexte d'une affaire preffee: mais ni l'abbé Theodore, ui aucun des moines, ne fo prefenta pour le recevoir; & pas un ne lui la, ni ne l'approcha. Outré de colere, il retourna au palais, & envoïa Bardane, domestique des écoles, c'est-à-dire, capitaine des compagnies, & Jean, comte de l'obfequium: pour maltraiter å coups de fouet l'abbé Theodore & ceux de fes moines, qu'il fçavoir être les plus fermes dans les mêmes fentimens. On les déchira de coups, & on fit couler de leur corps des ruiffeaux de fang, puis on les envoïa fur le champ en exil à Theffalonique, fuivant l'ordre de l'empereur. Ils étoient douze en tout, l'ab bé & onze moines: ils fouffroient ce traitement d'un efprit tranquille; & comme il y avoit un ordre de l'empereur portant défenfe à perfonne de les recevoir, les abbés mêmes n'ofoient leur faire l'hofpitalité.

Theoph. an

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Les mêmes capitaines amenerent Platon à 6. p. 397.C C. P. & l'empereur le fit venir devant lui; mais il lui refifta en face, & lui foûtint que fon mariage étoit illicite. L'empereur le fit enfermer dans une cellule, où on lui donnoit à manger par un trou; avec ordre de ne le laiffer voir à perfonne; & il étoit gardé dans le monaftere de S. Michel, joint au palais; dont étoit abbé le prêtre Jofeph, qui avoit marié l'empereur avec Theodote. L'empereur envoïa des évêques à Platon, pour lui perfuader de consentir feulement de parole, afin de fe délivrer de cette prifon. Il étoit attaqué par les railleries des moines & des laïques, de fes parens & des étrangers: mais il demeura toûjours ferme, & foûtint la perfecution un an entier. Elle ne fut pas fans effet; les moines & les évêques de la Cherfonefe, du Bofphore, des côtes & des isles voisines, touchés de l'exemple de Platon

Vita S

Theod. p.23

&

& de Theodore, declarerent l'empereur ex An. 795. communié; & ne fe laifferent flechir ni par les menaces, ni par les prefens. Il les fit donc bannir: mais ils n'en devinrent que plus hardis à parler contre ce mariage fcandaleux, & rame. nerent plufieurs de ceux qui s'étoient laiflés entrainer à imiter l'empereur. Irene fa mere voïant combien cette conduite lui nuifoit auprès des gens de bien, prenoit le parti de ceux qu'il perfecutoit, pour le rendre encore plus

odieux.

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Saint Theodore n'arriva à Theffalonique que Theod.sp.3 le famedi, jour de l'Annonciation 25. de Mars, par confequent l'an 797. De-là il écrivit à faint Platon, ce qui s'étoit paffe depuis leur fepara tion, & tout le détail de fon voïage. Il ecrivit auffi au pape tout ce qui étoit arrivé, & en reçut une reponfe pleine de louanges de fa vita Theod. prudence, & de fa fermeté.

drien.

Ce pape étoit Leon III. car Adrien étoit IV. mort dès la fin de l'an 795. En deux ordina- Mort du tions au mois de Mars il fit vingt-quatre prê- pape A. tres & fept diacres, & d'ailleurs cent quatre- Anaf. vingt-cinq évêques. Il fit aux églifes de Rome un trés-grand nombre d'offrandes en vafes & en ornemens de diverfes fortes, dont le poids montoit à treize cens quatre-vingt-quatre livres d'or, & dix-fept cens foixante & treize livres d'argent, où il faut toûjours entendre la livre Romaine de douze onces. Il fit quantité de reparations aux églifes, & en bâtit plufieurs nouvelles, il rebatit plufieurs diaconies, & ordonna des diftributions confiderables d'aumônes donnant plufieurs terres pour cet effet. Le monaftere de faint Etienne, qui portoit le nom de Barbe praticienne, près de l'églife de faint Pierre, étoit tellement negligé, qu'on n'y faifoit plus le fervice divin. Adrien le rétablit, Y p.1741.6

A 5

mit

An. 795. mit des moines & un abbé ; & ordonna qu'ils celebraffent l'office dans l'église de faint Pierre,

P 1745 E

745. D

comme les autres communautés qui venoient y p. 174.B chanter. Il rébâtit le monaftere de faint André, fondé par le pape Honorius , y mit un abbé avec des moines; & ordonna qu'ils chantaffent toutes les heures, dans la Bafilique du Sauveur, qui eft l'églife de Latran, avec les moines de faint Pancrace, à deux chœurs dont chaque monaftere faifoit le fien. Il unit deux monafteres voifins, l'un de faint Laurent dans les ruines de l'ancien palais, l'autre de faint Etienne, & ordonna aux moines de faire l'office dans l'églife de faint Marc. Il rétablit le monaftere de faint Adrien, & faint Laurent tombé en ruine, & habité par des feculiers, y 17. D donna de grands biens, & ordonna que les moines viendroient chanter jour & nuit dans l'égli fe de fainte Marie-Majeure. L'églife de faint Anastase aïant été brûlée avec la maifon de l'abbé & les autres bâtimens, enforte que l'on n'avoit fauvé que la châfle du Saint le pape Adrien alla lui-même éteindre le feu, & rebâtir ce monaftere en meilleur état que devant ; il repara plufieurs aqueducs & les murailles de Ro.

me.

Ce pape tint le faint fiege vingt-trois ans dix mois & dix-fept jours, & fut enterré à faint Pierre le vingt-fixiéme de Decembre 795. indiction quatriéme. Il vêcut du tems du roi Charles au rapport d'Anaftafe: qui depuis ne marque plus le tems des papes par les empereurs de C. P. comme il faifoit auparavant Charles aïant appris fa mort, le pleura, comme s'il eût perdu un frere ou un fils; & quoiqu'il ne Egin. vita doutât point que fon ame ne fût dans le repos éternel, il ne laiffa pas de faire prier pour lui, & il donna pour cet effet de grandes aumônes.

Car.

tom.7.Conc.

Il en envoïa de fon tréfor à toutes les villes A. 795. metropolitaines, & des dalmatiques & des cha- epift.ad0ff. pes à toutes les églifes epifcopales d'Angleterre, p comme il témoigne dans une lettre à Offa , Matth. roides Merciens: enfin Charles, pour monu. Vesim. ment éternel de fon amitié envers Adrien, compola fon épitaphe en vers latins élegiaques. Le roi Offa étoit le douzième roi des Merciens defcendu de Penda, premier chrétien. Il commença à regner l'an 756, mais aïant tué Ethelbert, dernier roi d'Eftangle, & ufurpé fon roïaumé en 794. il fit le pelerinage de Rome fur la fin du pontificat d'Adrien; & obtint un privilege en faveur du monaftere qu'il vouloit fonder en l'honneur de faint Alban, dont il avoit trouvé les reliques.

,

V.

Le même jour de la fepulture du pape Adrien, on élut fon fucceffeur Leon III. Il Leon II. étoit né à Rome, & dés fon bas âge il avoit pape Anaft. été élevé dans le palais patriarchal de Latran, où il apprit le pfautier, l'écriture fainte, & toute la difcipline ecclefiaftique. Il fut ordonné fousdiacre, & enfuite prêtre du titre de fainte Sufanne: les mœurs étoient pures, fes difcours éloquens, fon courage ferme. Quand il trou voit quelque moine diftingué, ou quelqu'autre ferviteur de Dieu, il étoit continuellement avec lui à s'entretenir des chofes divines & à prier. Il faifoit l'aumône avec gaieté, & y excitoit les autres; vifitoit les malades, & les exhortoit par l'écriture fainte. Menant une telle vie il étoit aimé de tout le monde, particulierement du veftiaire ou maître de la garderobe du pape, fous la conduite duquel il étoit Auffi fut-il élu pape tout d'une voix le jour de faint Etienne vingt-fixiéme de Decembre 795. par tous les évêques, les grands, le clergé & le peuple de Rome, & il fut ordonné évê

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An. 796. que le lendemain jour de faint Jean l'évans gelifte, qui cette année étoit un dimanche. Il tint le faint fiege vingt-cinq ans cinq mois & dix-fept jours. Quoiqu'il fût très-doux, il ne laifloit pas d'être ferme pour la défen fe des droits de l'églife: il rendoit justice à tout le monde, & faifoit de grandes liberalités. Il augmenta les diftributions du clergé, Egin. an & fit aux églifes de Rome tant & de fi grannal.an 796⋅ des & de fi riches offrandes, que le dénom 20. 2. Duch brement en feroit trop ennuïeux. * 1.248

som.7.conc. R. 1128

Si-tôt qu'il fut pape, il envoïa au roi Charles des legats chargés des clefs de la confeffion de faint Pierre & de l'étendart de la ville de Rome, avec d'autres prefens; & le pria d'envoïer quelqu'un des feigneurs de la cour, qui reçût le ferment de fidelité des Romains pour les affurer dans fon obéïffance. Le roi envoïa Angilbert abbé de faint Riquier, avec une grande partie du trefor que Henri duc de Frioul avoit apporté de Pannonie la même année, après avoir pillé la Ringe ou capitale des Huns. Angilbert étoit auffi chargé d'une lettre, en réponse de celle du pape, Altuin.cp commence ainfi Aïant lû vôtre lettre & le qui 84 decret de vôtre élection; nous avons eu une grande joïe, de ce qu'elle a été faite unanimement comme auffi de ce que l'on nous rend l'obéïflance & la fidelité qui nous est dûë Et enfuite Nous vous envoïons un de nos plus familiers ferviteurs, que nous Angilbert avions refolu d'envoïer à vôtre predeceffeur : mais comme tous les prefens étoient prêts, la nouvelle de la mort de nôtre bien-heureux pere a retardé fon départ. Nous l'avons chargé de conferer avec vous de tout ce qui regarde la gloire de l'églife, & l'affermiffement de vôtre dignité, & de nôtre patriciat. En

?

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