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An. 799. Va cinquante-fept évêques avec le pape qui y Elip.conf. prefidoit; & ils s'affemblerent dans l'église de fid. tom.7 faint Pierre l'an 799. trente-deuxième du re\conc.p.1858 gne de Charles. Il refte trois fragmens de trois actions de ce concile, dans la feconde defquel

1150

les le pape Leon dit en parlant de Felix: Au tom. . p. concile de Ratisbonne tenu par ordre du roi Charles, il a confefsé qu'il avoit mal dit, que JESUS CHRIST étoit fils adoptif de Dieu fefon la chair; & il a anathemaitse par écrit cette propofition. Depuis aïant ête envoïé par le roi à nôtre predeceffeur Adrien: il fit étant prifonnier cette confeffion de foi catholique, qu'il mit fur les divins myfteres, dans nôtre palais patriarchal, & enfuite fur le corps de S. Pierres affirmant par ferment qu'il croïoit ain fi. Mais enfuite s'en étant fui chez les païens il a faufsé fon ferment. C'est-à-dire, qu'il étoit retourné en Espagne chez les Mufulmans. Le pape continue Il n'a pas même craint le concile qui a été tenu en prefence du roi Charles; c'eft le concile de Francfort, & où il a été condamné. Dans la troifième action le pape prononce excommunication contre Felix, s'il ne renonce à fon herefie.

X.

papeLeon

1019

Peu de tems après ce concile, le jour de faint Violences Georges vingt-troifiéme d'Avril 799. dans l'écontre le glife de ce faint on denonça la grande litanie, Anaft.tom, c'est-à-dire, la proceffion folemnelle, qui fe de7. conc. p. voit faire deux jours après le jour de S. Marc vingt-cinquième d'Avril, & fe terminer à l'éAnn Egin glife de S. Laurent de Lucine, où fe devoit ceLoifel. ann. lebrer la meffe. Le pape Leon étant fortià cheval du palais patriarchal, pour cette ceremonie: V. Coint an. rencontra Palcal primicier, qui n'avoit point sa 799. m. 21. chafuble, quoiqu'il la dût porter en pareille ocTheoph.an. cafion: Il dit qu'il fe portoit mal: le pape reçut 7. Conft. p. l'excufe, & Pafcal continua de le fuivre, auffi

799

799

&7.

399

bien

bien que Campule facellaire, tous deux l'entre- An. 799% tenant amiablement. Ils étoient parens du pape Adrien, & avoient formé une conjuration contre Leon. Quand ils vinrent devant le monaftere de S. Etienne & de S. Silveftre, que le pape Paul avoit fondé: on vit tout d'un coup paroître des gens armés, qui fortirent de leur embufcade, & fe jetterent fur le pape. Le peuple qui l'accompagnoit pour la proceffion fut épouvante, & s'enfuit. Les affaffins prirent le pape & le mirent par terre, Pafcal étant à fa tête, Campule à fes pieds. Ils le dépouillerent en dechirant fes habits, firent leuts efforts pour lui arracher les yeux, & lui couper la langue, & le laifferent au milieu de la rue, croiant l'avoir rendu aveugle & muet

Mais Pafcal & Campule revinrent à la char-ge, & trainerent le pape dans l'église du monaftere devant l'autel, où ils s'efforcerent encore de lui arracher les yeux & la langue: lui donnerent des coups de bâton, le déchirerent & le laifferent étendu dans fon fang: puis ils l'enfermerent fous bonne garde dans le même monaftere. Toutefois craignant qu'il n'en fût tiré pas des gens de bien, ils firent venir de nuit fecrettement l'abbé de faint Erafme, & l'envoïe rent au monaftere de faint Silveftre avec une troupe de gens de leur parti: qui la même nuit en tirerent le pape, le menerent au monaftere de faint Erafme, & l'y enfermerent dans une étroite prifon. Mais nonobftant tout le mal qu'on lui avoit fait, il fe trouva qu'il n'avoit perdu l'ufage ni des yeux ni de la langue, ce' qui fut tegardé comme un miracle.

XI.

Cependant Albin camerier du pape & d'autres perfonnes fidéles l'enleverent du monaftere; & Leon va le faifant defcendre par la muraille de la ville, trouver le

roi Char

ils l'emmenerent à S. Pierre, où étoit Virunde les. ab

An. 799 abbé de Stavelo, envoïé du roi Charles. Les ennemis de Leon defefperés qu'il leur fût échappé, pillerent fa maifon & celle d'Albin. Mais Vinigife duc de Spolete, fçachant que le pape étoit à faint Pierre, y vint auffi-tôt avec fon armée, & le mena à Spolete. Là plufieurs amis des Romains vinrent à lui de diverfes villes, & le pape prit la refolution d'aller trouver le roi Charles: il fut accompagné d'évêques, d'une partie du clergé de Rome & des principaux des villes; & le roi aiant appris fa venuë, envoïa au-devant de lui Hildebald archevêque de Cologne, & archichapelain, avec le comte Anfchaire; enfuite il envoïa Pepin fon fecond fils roi d'Italie, avec d'autres comtes pour accompagner le pape jufques au lieu où le roi Charles vint lui-même au-devant. C'étoit en Saxe & le roi fejournoit alors à Paderborn. Il reçue le pape avec des hymnes & des cantiques fpirituels, & ils repandirent beucoup de larmes en s'embraffant. Le pape commença Gloria in excelfis: tout le clergé répondit, puis le pape dit une oraifon fur le peuple. Le roi le retint quelque tems auprès de lui avec grand honneur. Ses ennemis l'aïant appris à Rome, brûlerent de dépit les terres de l'églife Romaine, & envoïerent au roi des deputés chargés d'accufations contre le pape.

xfi. Eglife de Paderborn. Transl. S. Liberii ap.

Sur. 2;

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Pendant le fejour que le pape Leon fit à Pa derborn, il confacra dans l'églife, que l'on y avoit nouvellement bâtie, un autel où il mit des reliques de S. Etienne qu'il avoit apportées de Rome. Cette église avoit été d'abord dépenjul p. 344. dante de celle de Virsbourg, mais depuis quel ques années elle en avoit été feparée à caufe de la distance des lieux; & on lui avoit donné pour évêque Harmar ou Harumar. Il étoit né Saxon; & aiant été dans fon enfance donné en ôtage

au

1

au roi Charles pendant la guerre: le roi le re- An. 799. tint, il fut tonfuré, inftruit dans les lettres, & mis dans le clergé de Virsbourg: où il fediftin gua tellement par fon merite, qu'il en fut tiré par l'ordre du roi, pour être le premier évêque de Paderborn: ce fiege demeura fujet à la me tropole de Mayence comme celui de Virsbourg.

Les Saxons s'étant entierement revoltés l'an Ann. Egin, 792. Charles marcha contre eux, & ils se sou- Fuld. Memirent fans combat l'an 794. mais ils fe foule. tonf. &c. verent encore en 795. & plus ouvertement en 798. & c'est ce qui obligea le roi à y faire ce dernier voïage. Ces revoltes des Saxons étoient toûjours accompagnées d'apoftafie contre la religion chrétienne.

XIII.

tion de Fe

lix d'Urg.

Dans ce même tems que Charles étoit à Paderborn en 199. il envoïa à Urgel Leidrade Retracta archevêque de Lyon, Nefride archevêque de Narbonne. Benoît abbé d'Anian & plufieurs Feticonfell autres, tant évêques qu'abbés, pour perfuader fid. Alcuin. Felix de quitter fon erreur, & fe foumettre au adv. Eli p jugement de l'églife. Ces prelats étant arrivès à lib. 1. init Urgel, reprefenterent à Felix ce qui s'étoit paffé

au concile tenu à Rome la même annéé; & comme on y avoit condamné fa lettre à Alcuin. Ils l'inviterent à venir devant le roi ; & lui donnerent parole, qu'il y auroit toute liberté de produire les paffages des peres, qu'il prétendoit favorables à fon opinion. On peut mettre au nombre des conciles cette affemblée d'Urgel. Elle y fut tenue apparemment pour reparer fur les lieux le fcandale que Felix y avoit caufé, & l'archevêque de Narbonne, qui y affiftoit, étoit le metropolitain de la Province.

Felix fe laiffa perfuader & vint à Aix-la-Chapelle, où le roi Charles paffa l'hiver de cette année 799. qui commençoit la trente-deuxième de fon regne. On y tint l'affemblée des feigneurs

.&

30.7. cone,

P. 1858. ap. Alcun P.998.

An. 799. & des évêques en presence du roi. Felix y produifit en toute liberté fes autorités : les prelats le combattirent & le convainquirent par raifon, fans aucune violence. Il fe rendit & renonça à fon erreur; mais à caufe de fes frequentes rechûtes il fut depofé de l'épifcopat & relegué à Lyon, où il pafla le refte de fes jours. Ildonna fon abjuration par écrit en forme de lettre adreflée à fon clergé & fon peuple d'Urgel, où il fe qualifie jadis évêque, & raconte ce qui s'étoit paffé dans ce concile d'Aix-la Chapelle ; & comme il y avoit été convaincu par les autorités des peres, entre autres de faint Cyrille, de faint Gregoire, de faint Leon, qu'il ne connoiffoit pas auparavant; & par l'autorité du concile tenu depuis peu à Rome, par l'ordre du roi Charles contre fa lettre à Alcuin. Il déclare enfuite, qu'il eft revenu de tout fon cœur à l'églife univerfelle, & qu'il fe repent de fon erreur: promettant de ne plus croire ni enfeigner que JESUS-CHRIST, felon la chair, foit fils de Dieu adoptif ou nuncupatif: mais qu'en l'une & l'autre nature, il eft le vrai fils unique de Dieu: Il exhorte fon églife à croire cette doctrine avec l'églife univerfelle, à prier pour lui, & faire cefler le fcandale qu'il avoit caufé. Il ajoûte à la fin un grand paffage de Neftorius, & plufieurs autorités des peres pour futer.

Ap. Alcun
P.995.

le re

On rapporte en même tems une lettre d'Elipand à Felix, par laquelle toutefois ille fuppofe encore dans fon erreur. Elle est pleine d'injures contre Beat & contre Alcuin, & n'eft remarquable que par deux chofes ; par la barbarie du ftile, dont le latin est fi corrompu, que l'on y voit le commencement de l'Espagnol vulgaire, & par l'âge d'Elipand, qui dit que le vingt-cinquième de Juillet il est entré dans fa

qua

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