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quatre-vingt-deuxième année; ainfi il devoit An. 799. être né peu de tems après l'entrée des Arabes en Espagne.

tions con

Cependant le pape Leon retournoit à Rome, XIV. accompagné d'archevêques, d'évêques & de Informacomtes, & par toutes les villes où il paffoit, on tre Pascal le recevoit comme fi c'eût été faint Pierre lui- & Cam même. Il ariva à Rome la veille de faint An- pule. dré, vingt-neuviéme de Novembre, la même Anaft. année 799. & tout vint au-devant, le clergé, le fenat, la milice, le peuple, les femmes mêmes, & jufques aux diaconeffes & aux religieufes. Il y avoit auffi diverfes troupes d'étran gers, François, Frifons, Saxons & Lombards. Ils vinrent tous au deyant jufques à Ponte-Mole, portant des bannieres, & chantant des cantiques (pitituels, & le conduifirent à faint Pierre, où il celebra la meffe, & ils communieren tous. Le lendemain il entra à Rome, & logca au palais de Latran.

Quelques jours après les évêques & les feigneurs qui l'avoient accompagné, s'affemblerent dans la falle de ce palais qu'il avoit fait bâtir : : pour informer des accufations intentées contre lui par Pafcal, Campule & leurs compli ces. Ces commiffaires envoïés par le roi Charles étoient dix, fçavoir fept évêques & trois comtes; les évêques étoient Hildebalde archevêque de Cologne, Arnon de Salsbourg, Bernard évêque de VVormes, Hatton de Palfau Jeffé d'Amiens, Conibert & Flaccus dont on ne fçait pas les fieges Aprés qu'ils eurent examiné l'affaire pendant une semaine & plus, ils ne trouverent aucune preuve contre le pape Leon; c'eft pourquoi ils firent arrêter les accufateurs & les envoïerent en France.

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Arnon avoit fuccedé dans le fiege de Juvave,

ou

Arnon ar

de Sals bourg. Sup. liv.

cheveque ou Salsbourg à Bertric, qui ne le tint qu'un an après la mort de faint Virgile. Le roi Pepin, fils de Charles, aïant fubjugué les Huns en 796. & étendu l'empire François jufques au . Coint. Drave, chargea l'évêque Arnon d'inftruire dans 781.4.125. la religion chrétienne ces nouveaux fujets mê799. n. lés de Huns & de Sclaves; jufques à ce que le

xlix. n. 3.

122

7. 48. Vita S.

Rup. ap.

roi Charles fon pere vint fur les lieux. En 798. Valderic, archevêque de Paffau, étant mort, Cointe.798. le roi Charles fit rendre au fiege da Salsbourg la dignité de metropolitain de Baviere, qu'il avoit auparavant, & chargea le nouvel archevêCanif. to 6. que Arnon d'aller chez les Sclaves, & y affer. mir la religion. En effet il confacra des églifes, ordonna des prêtres, inftruifit le peuple; & à fon retour rapporta au roi qu'il y avoit un grand fruit à faire, fi on y établiffoit un évêque. Le roi lui aïant demandé s'il avoit un fujet propre, il lui nomma Theodoric, & par fon ordre le facra evêque, puis avec le comte Gerold, il le conduifit en Sclavonie, le mit entre les mains des feigneurs, & lui recommanda le païs des Carinthiens, & leurs confins au couchant du Drave, jufques à l'endroit où il fe décharge dans le Danube. L'archevêque Arnon donna tout pouvoir à l'évêque Theodoric fur ce pais: de prêcher, de bâtir, & dédier des églifes, d'ordonner des prêtres, & d'établir toute la difcipline ecclefiaftique: à là charge feulement de reconnoître la fuperiorité du siege de Juvave. Arnon de fon côté continuoit à travailler avec un grand zele à la converfion de ces nations. Sa prudence le rendoit aimable aux feigneurs & aux peuples, qui lui étoient tellement foumis, qu'il fe faifoit obéir, en leur envoïant non-feulement une lettre, mais du papier blanc. Il faifoit manger à la table tous les efclaves chrétiens, & leur donnoit à boire

dans

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dans des coupes dorées: tandis que leurs mai- An. 808′
tres païens étoient affis dehors comme des
chiens, & on leur mettoit devant eux du pain,
de la chair & du vin, pour fe fervir eux-mê-
mes. Quand ils demandoient pourquoi on les
traitoit ainfi ; on leur répondoit: N'aïant pas
été lavés au bain falutaire, vous n'êtes. pas di-
gnes de communiquer avec ceux qui ont pris
une nouvelle naiflance. Cette conduite les exck
toit à fe faire inftruire, & ils s'empreffoient à
recevoir le baptême.

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Le roi Charles aïant paffé l'hiver à Aix-laChapelle, en partit à la mi-Mars de l'an Soo. An. Egine pour visiter les côtes de l'Ocean, deslors attaquées par les pirates Normans. Il celebra la fête de Pâques, qui étoit le dix neuvième d'Avril, au monaftere de Centule ou de faint Riquier dont Angilbert étoit abbé;puis il pafla à Rouen, & de-là à Tours, pour prier au tombeau de laint Martin, & voir Alcuin, à qui il en avoit donné l'abbaïe; mais il fut obligé d'y fejourner, à caufe de la maladie de la reine Luitgarde fon époufe, qui y mourut le quatriéme de Juin. De-là le roi revint par Orleans à Paris, à Aixla-Chapelle, & au commencement d'Août à 05 Maïence, où il tint l'affemblée des feigneurs, nommée depuis parlement, & y refolut fon yoiage d'Italie.

e

XVI.

Alcuin

contre E

Cependant il renvoïa en Efpagne les deux archevêques, Leidrade de Lyon, & Nefride de Traite d' Narbonne, avec Benoît, abbé d'Aniane, trèscelebre en ces quartiers, pour achever d'étein- lipand. dre l'heretie de Felix d'Urgel. Alors Alcuin Alcuin in compofa un traité pour répondre à la lettre d'E- Elip. lib. lipand, divifé en quatre livres dont les deux premiers font, la refutation de fa lettre, les deux autres établiffent la verité catholique. Alcuin les envo a aux évêques pour les lire pendant le cheTome X.

B

min,

Alc,ep.13

An. 800. min, & les examiner, avant qu'il les donnât P.939. au public. Il marque ainfi dans le premier livre la fuite de cette affaire,adreflant la parole à Elipand: Avant que je vinfle en France, par ordre du roi Charles, vôtre erreur fut examinée à Ratisbone, le roi préfidant à l'affemblée, & Felix prefent, & elle fut condamnée par l'autorité des Evêques. Le pape Adrien l'avoit auffi condamnée; mais Felix retourné en vos quarfiers, voulut à vôtre fufcitation le reveiller. Quand je vins en ce pais, je lui écrivis une exhortation charitable, de fe réunir à l'église catholique: à quoi il s'efforça de répondre paz un gros livre, où il découvroit toute vôtre erreur. Je l'ai refuté par fept livres, qui ont été Jûs & approuvés en prefence du roi & des évêques. Enfin la trente-deuxième année du regne de Charles, Felix a été appellé, & eft venu volontairement à Aix; où aiant été ouï en prefence du roi, des feigneurs & des évêques & convaincu par la verité: il a rendu gloire à Dieu, & aiant confeffè la vraïe foi, eft rentré dans l'unité catholique, avec fes difciples qui étoient prefens. Je vous confeille, mon venerable pere, de fuivre l'exemple de fon humilité avec vos difciples.

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Le roi Charles avoit invite Alcuin à faire Vertus avec lui le voïage d'Italie: mais il s'en excufa, d'Alcuin fans être touche du reproche que le roi lui faiEpift. 13 foit, de preferer les toits enfumés de Tours, aux palais dorés de Rome. Nous jouïflons ici, dit-il, de la paix, que vous nous avez procu rée, & Rome fondée par la difcorde des freres, entretient encore ce mal, & vous oblige, pour Pappaifer, à quitter vôtre aimable fejour de Germanie. Il prioit souvent ainsi le roi de le laiffer jouir de la folitude, qu'il avoit toûjours aimée; & enfin s'excufant fur fon grand âge

&

& fes infirmités, il ne fortit plus de Tours. An. 8co. Pour le retenir en France, le roi lui donna Epist.17.19 deux abbaïes, peu de tems après qu'il y fut 23°c. Sup. liv. venu pour la feconde fois; Ferrieres au dioce- xliv 54 fe de Sens, & faint Loup de Troyes: il lui vita : 6 donna enfuite faint Joffe fur iner, & enfin la Mab elog. fameufe abbaie de faint Martin de Tours l'an 7.2.. 796. après la mort d'Ithier. Alcuin remit l'ob. fervance dans cette maison, dont les religieux vivoient partie en moines, partie en chanoines; il acheva la fondation du monaftere de Cormery, commencée par fon predeceffeur & y envoïa vint moines. Cette abbaïe dépend encore de faint Martin de Tours, & a dans fa dépendance le prieuré de Ponts fur Seine, au diocefe de Troyes, qui vient d'un hôpital fondé par Alcuin.

Vita nu. 6

Il avoit la difpofition du revenu de fes abbaies, & comme leurs terres étoient peuplées de ferfs, Elipand de Tolede lui reprochoit d'en Praf. ad avoir jusques à vingt mille. Ces richeffes lui Elip. étoient à charge; il s'en plaignoit à fes amis, Ep. 37 & il obtint enfin la permiffion de fe démettre de l'abbaïe de faint Martin en faveur de Fridugife: & de celle de Ferrieres, en faveur de Sigulfe, tous deux fes difciples. Il étoit tout occupé de l'étude & de la priere: il li foit, il composoit, il enfeignoit. Il celebroit tous les jours la mefle ; & des meffes differentes chaque jour de la femaine : c'est-à-dire, qu'il y affiftoit, ou y fervoit comme diacre; car il n'eut jamais de rang plus élevé dans l'églife. On lui attribuë le don de prophetie & des miracles; & nous voïons dans fes lettres beaucoup de zele pour la religion, de tendrefle pour fes amis, & une grande modeftie, pour foumettre fes écrits à la cenfure d'autrui.

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