Imágenes de páginas
PDF
EPUB

de l'accufer de diffipat ion auprès de l'empereur : qui le fit venir à fa cour, & l'envoïa querir dès le matin, par un de fes chambellans. Le faint évêque recitoit fes prieres, & dit au chambellan, qu'il le fuivroit fi-tôt qu'il auroit achevé; & fe fit appeller jufques à trois fois. L'empereur lui en aiant fait des reproches: il répondit: C'est que j'ai crû devoir preferer Dieu aux hommes, & à vous-même: comme vous me l'avez recommandé en me chargeant de Pépifcopat. L'empereur repliqua: Je vous trouve tel que je vous croïois, & je n'écouterai Anon. c. 33 plus de plaintes contre vous. Saint Ludger demandoit une telle attention en la recitation de l'office divin, que le difant la nuit dans fa chambre, avec les clercs, parce qu'un d'eux fe baiffa pour accommoder le feu & empêcher la fumée, il le mit en penitence pour quelques jours.

Dans fa derniere maladie, il continuoit fes exercices de pieté, difant la meffe prefque tous les jours, & il prêcha en deux églises à la veille Martyr. R. de fa mort. Elle arriva l'an 809. le 26. de 26. Mart. Mars, jour auquel l'églife honore fa memoire. Il fut mis en dépôt dans fon églife jufqu'à la venue de fon frere Hildegrin évêque de Châlons, qui l'enterra à fon monaftere de Verdun le 25. d'Avril. Le fucceffeur de faint Ludger dans le fiege de Mimigerneford fut Gerfrid fon neveu, à qui fucceda Altfrid, qui écrivit la vie du Saint fur ce qu'il avoit appris de fon frere l'évêque Hildegrin, de fa foeur Heriburge religieufe, de fon neveu l'évêque Gerfrid, & de quelques autres.

Prolog.vita.

XXXII.

En Angleterre, Adelard de Cantorberi tint Conciles vers le même tems deux conciles de fa provinde Cliffe. ce à Cliffe alors nommé Cleveshou. On raptom.7.conc. porte le premier à l'an 808. Le roi Quenulfe y

P. 1153

étoit prefent, & après avoir examiné la foi , An. 806. & reconnu qu'elle étoit telle, qu'ils l'avoient reçûë de S. Gregoire: on y traita des ufurpations des biens d'églife, dont les titres mêmes tom.7.cones avoient été détournés; l'archevêque fit autori- P. 1153 fer par le concile un échange qu'il fit avec une

abbeffe.

Sup.n

Le fecond concile de Clife fut tenu l'an 803. p. 1189 le douzième d'Octobre. Adelard y fut accom=pagné de douze évêques qui y foufcrivirent & après chacun d'eux, les abbés & les prêtres de fa dépendance. Adelard s'y plaignit encore des ufurpations faites par le roi Offa, du tems de Jambert fon predeceffeur, & renouvella les anathêmes contre ceux qui feroient de femblables attentats, en vertu du pouvoir qu'il en avoit reçu du pape Leon. Il défendit aux moines de se choisir des laïques pour maîtres, leur recommandant l'observation de leur regle. On voit par les foufcriptions de ce concile les noms que portoient alors les évêchés dépendans de Cantorberi, dont la plupart ont tellement changé, qu'ils font difficiles à reconnoître.

Taraife.

4.P 407

A C. P. le patriarche Taraife mourut le 25. XXXIII. de Fevrier, indiction quatorzième, c'est-à-dire, Mort da l'an 806. après avoir tenu le fiege vingt-un ans Nicepho & deux mois. Quoi qu'accablé de vieilleffe & re patriarde maladie, il ne laiffoit pas d'offrir encore le che. faint facrifice, s'appuïant fur une table de bois Theoph.am que l'on mettoit devant l'autel: ce qui montre Vita Boll. qu'on n'eût ofé s'appuier fur l'autel même. Il .p.88 fut enterré près de Bofphore au monaftere qu'il Martyr. R. avoit fondé dans l'églife de tous les martyrs Theoph. p. & il eft honoré entre les faints. On celebroit 424. B fa fête à C. P. fous fon fucceffeur dès l'an Vitas. Ni813. ceph. n.21

25 Feb.

Après la mort l'empereur Nicephore conful- Boll, tom.7

Tome X.

[ocr errors]

298 ta Vit.Plat.c.s

[ocr errors]

XXIX.nu.8

An. 806. ta fur le choix du fucceffeur les plus confiderables entre les évêques, les moines & le fénat, entre autres S. Platon & S. Theodore Studite S. Platon donna fon fuftrage par écrit, & rompit même fa retraite & fon état de reclus pour aller trouver de nuit un moine parent de l'emep. 16 pereur, mais fon avis ne fut pas fuivi. Nous avons la réponse de S. Theodore, où il s'excufe de nommer aucun fujet particulier; mais il exSup. liv. horte l'empereur à choifir non-feulement entre les évêqaes & les abbés, mais encore entre les ftylites & les reclus. Ce qui montre que l'obfervance des ftylites continuoit trois cens cinquante ans après S. Simeon leur auteur. L'empereur fe determina fur Nicephore, qui avoit été fecre. taire de fes predeceffeurs ; & il fut élû d'un commun confentement du clergé & du peuple: mais Theoph. p. Platon & Theodore Studite s'y oppoferent fortement,foûtenant qu'il ne falloit pas élever tout Sup. live d'un coup un laïque à l'épifcopat. Ils craignoxliv.8.24 ient fans doute, que cet exemple enfuite de celui de Taraife ne fût d'une dangereufe confequence. L'empereur en fut tellement irrité, qu'il fit enlever Platon, & le tint vingt-quatre jours dans une étroite prifon, après quoi il lui permit de retourner à fon monaftere. Il fit emprifonner quelques uns des moines, il en fit mettre à la question; & il vouloit les chaffer de C. P. mais on l'en détourna, en lui reprefentant,que l'entrée de Nicephore dans le fiege patriarchal feroit odieufe, fi à son occafion on détruifoit une communauté de fept cens moines qui vivoient fous la conduite de Theodore. Nicephore fut donc ordonné patriarche le jour de Paques douzième d'Avril 806.

407

[ocr errors]

Il étoit né à C.P.vers l'an 758.fon pere Theodore étant fecretaire de l'empereur Conftantin Copronyme, fut accufé d'honorer les images :

[ocr errors]

e

ce qu'il avoua franchement, & après le mena- An. 806.
ces & les coups, il fut privé de fa charge &
envoïé en exil. Il en fut rappellé & encore
éprouvé par des tourmens: mais comme il
demeuroit attaché à la tradition de l'églife,
l'empereur le relegua à Nicée, où il mourut.
Sa femme Eudocie, qui l'avoit toûjours fuivi,
éleva avec grand foin le jeune Nicephore fon
fils, & embrafla enfin la vie monaftique. Ni- ..p.99
cephore exerça la même charge de fecretaire B
que fon pere, fous le regne de Conftantin

& d'Irene, & il en fit la fonction dans le fe-
priéme concile.

Il avoit joint à la connoiffance de la religion, a
celle des fciences profanes; & fçavoit la gram-
maire, la rhetorique & toutes les parties des
mathematiques & de la philofophie. Voulant
éviter le tumulte des affaires, il fonda un mo-
naftere dans un lieu fterile & defagréable, où
ii fe retira, fans toutefois embraffer la vie mo-
naftique: s'occupant à la priere & à l'étude;
& s'exerçant à l'humilité & à toutes les vertus .
Mais il fut obligé de quitter cette retraite, par
ordre de l'empereur & de l'imperatrice, pour
prendre la conduite du grand hôpital de C. P.
Il étoit retourné à fa folitude, quand l'empe-
reur Nicephore le fit venir pour accepter la
dignité de patriarche, ce qu'il fit avec beau-
coup de repugnance : & avant fon ordina-
tion, il voulut recevoir l'habit monaftique.
Staurace, fils de l'empereur, couronné au mois
de Decembre 803. coupa de fa main les che-
veux au patriarche, qui reçut tous les ordres
par degrés, & enfin le facerdoce. Pendant fa
confecration il tenoit à la main un écrit qu'
il avoit compofé pour la défenfe de la foi,
& après la ceremonie il le mit en dépôt der-
riere l'autel.

de France.

Capit. to.

P. 419

v. Coint.

an 806. n.

29.35 ars. IS

An. 806. En Occident la même année 806. l'empereur XXXIV. Charles, déja vieux, fit à Thionville dans l'asAffaire s femblée des feigneurs, le partage de fes états pour être observé après la mort entre fes trois fils, Charles, Pepin, & Louis. Il n'y eft parlé ni de l'empire, ni de la duché de Rome qui y étoit attachée, parce que l'empereur s'en refervoit la difpofition: mais il recommande fur toutes chofes aux trois freres de prendre tous ensemble la défense de l'églife de faint Pierre, comme fon aïeul Charles & Pepin fon pere: de conferver les droits de toutes les autres églifes de leur obéïflance, & laiffer aux pafteurs & aux autres titulaires la liberté d'en jouir. S'il arrive entre les freres quelque differend pour les limites, qui ne puifle être reglé fur les dépofitions des témoins: il fera terminé par le jugement de la croix, fans en venir au combat. Ce An, Egin. jugement de la croix paffoit pour ecclefiaftique, & je l'ai déja expliqué. Le teftament de Pempereur Charles fut confirmé par ferment des feigneurs François, & envoïé à Rome par Eginart, afin que le pape Leon y foufcrivit comme il fit.

806

૪૦

Vers le même tems l'empereur Charles écrivit au pape en faveur de Fortunat archevêque de Grade, chaffé par la perfecution des Venitiens & des Grecs. Car Venife étoit divifée; & l'empereur Nicephore avoit envoïé une flotAn Egi te dans la mer Adriatique commandée par le pav. Cointe, trice Oicetas, pour foutenir le parti de Jean, 4.806, n.6 duc de Venise & de fon fils Maurice. Fortunat fur cette nouvelle abandonna Grade, dont un diacre nommé Jean fe mit en poffeffion, avec le titre de patriarche.L'empereur Charles prioit donc le pape de donner à Fortunat l'église de Pole en Iftrie, vacante depuis peu, par la mort de l'évêque Emilien.Car l'Iftrie étoit fous la do.

« AnteriorContinuar »